Alors que les safranières de Taliouine et Tazenaght étaient menacées il y a quelques années par la sécheresse, leur réhabilitation n'a été possible qu'une fois la pénurie d'eau prise en considération. À cet égard, l'état d'avancement du projet de développement de la filière du safran, qui a pour objectif la reconversion de 1.350 ha en goutte à goutte, a atteint les 85%. Grâce aux subventions dédiées aux parcelles reconverties, les superficies équipées en irrigation localisée sont passé de 93 ha en 2010 à 2.305 ha avec le forage et l'équipement de 8 puits d'eau. S'agissant du programme d'extension de la superficie cultivée du safran, il a atteint 1.176 ha (87%). Le montant global réservé au développement de la filière dans le cadre du plan agricole régional au niveau de Taliouine et Tazenaght frôle les 146 MDH. Quant aux résultats attendus à l'horizon 2015, ils portent sur la réalisation d'une économie d'eau de l'ordre de 55% et l'augmentation du rendement par hectare de 2,5 à 6,5 kg. «Après la visite royale en 2011, la productivité a évolué de 2.5 kg à près de 5.5 kg/ha, tandis que la superficie cultivée est passée de 500 à plus de 2.200 ha complètement équipés en goutte à goutte», souligne Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, à l'occasion de l'ouverture du Festival du safran en fin de semaine dernière à Taliouine. L'évènement a été marqué par le lancement du projet d'équipement de 100 ha (soit 301 exploitations gérées par l'association Imadidne pour le développement de la production du safran) en système d'irrigation localisée à la commune Sidi Hssein. Le projet se décline en quatre tranches avec le forage de 4 puits, l'installation de 2 bassins d'eau en plus de la distribution de 300 tonnes de bulbes de safran et un appui technique afférent au séchage du safran. Dans la même commune, le ministre de tutelle a visité la plus grande safranière (5 ha) de la société 1.2.3 Safran, créée en avril 2011 et certifiée Ecocert et AOP. L'exploitation abrite un projet de recherche lancé en octobre 2012. Celui-ci est relatif à l'optimisation de l'irrigation localisée et l'amélioration de la culture du safran par les biofertilisants bactériens dans le périmètre agricole de Talakhte. Ce dernier dispose d'une superficie de 260 ha équipée en irrigation localisée et une autre plantée à hauteur de 120 ha. La production prévue de ce périmètre est estimée à 800 kg. Aujourd'hui, grâce aux efforts consentis, le prix de vente est passé de 10 DH/g en 2000 à 35 DH/g actuellement. Difficultés d'accès aux marchés européens Toutefois, la filière est toujours confrontée au problème de l'informel. Selon les chiffres avancés, ce circuit commercialise près des 2/3 de la production dans les 7 souks de la région et dans les villages (moyenne de 12.000 DH/kg). Selon un rapport provisoire sur la filière du safran récemment réalisé par l'ONG Migration et développement, la commercialisation et l'accès au marché à un prix plus rémunérateur demeure la problématique de la filière. Le marché le plus intéressant pour les producteurs, qui est le marché européen du bio-équitable, est à peine marqué par la production de quelques dizaines de kg par an. De plus, la demande émane pour le moment d'un seul acheteur, le réseau italien CTM Altermercato, spécialisé dans le commerce équitable. La certification Bio ne touche dans ce sens qu'un nombre limité de coopératives et de producteurs. Quant à la certification commerce équitable, aucune coopérative n'en dispose pour le moment. S'agissant de la question de l'organisation, même si le nombre de coopératives avoisine les 40, leur degré d'organisation reste encore faible. L'Association des producteurs de safran créée en 2007 à Taliouine ne regroupe que 21 producteurs, soit près d'1% des producteurs de safran. C'est pourtant elle, en particulier, qui représente les producteurs au sein de la Fédération interprofessionnelle marocaine du safran (Fimasafran). Parmi les recommandations de l'étude figure l'adaptation de la stratégie de développement du safran au changement climatique. En effet, ce changement induira des températures globalement plus élevées et des sécheresses drastiques durant les années à venir. De plus, l'étude préconise la mise en place d'un fonds de roulement pour les coopératives afin que celles-ci soient moins dépendantes des intermédiaires au moment de la récolte. De plus, la question du renforcement de la formation des producteurs se pose avec acuité pour l'amélioration de la qualité. En 2012, huit sessions ont été initiées en collaboration avec l'ORMVA dans les différentes zones de production, juste avant la récolte. Elles ont permis la formation de 480 producteurs, dont 128 femmes, en termes d'hygiène et de conditionnement..