Le déficit en immobilier résidentiel a longtemps capté l'attention des professionnels et des responsables au détriment du segment professionnel. Qu'il s'agisse d'immobilier d'entreprise ou de bail commercial, il est aujourd'hui quasi-impossible de dresser un bilan exhaustif et fiable sur le stock d'unités ou encore des fourchettes de prix appliqués. Un grand flou pèse donc sur ce «secteur», rendant toute prospective incertaine. Pour combler ce vide, les professionnels ont initié la création d'un observatoire de l'immobilier d'entreprises (OIE). Cet organe, précise son président Kacem El Bouânani, «s'attelle à collecter les données chez l'ensemble des membres, institutionnels ou agents immobiliers pour constituer une base de données exhaustive». Selon le responsable, cette base de données comportera près de 14 indicateurs, et sera disponible dans les semaines à venir. Dans la foulée, l'observatoire travaille également depuis fin 2010, sur la mise en place d'un site internet dédié. Pour l'heure, les professionnels ont déjà commencé à tâter le pouls de l'activité pour dégager les tendances à l'acquisition et au bail. «Le marché s'oriente de plus en plus vers la location au détriment de la vente, très répandue il y a quelques années, d'autant plus que le niveau du loyer n'a pas bougé depuis 2007», commente William Simoncelli, directeur général de Carré Immobilier. Pour un bureau, donc, les prix de location oscillent entre 80 et 200 DH le mètre carré par mois, hors taxes et droits d'entrée. Pour ce qui est des locaux à vocation commerciale, ils sont loués entre 400 et 500 DH le m2, et les entrepôts aux alentours de 30 DH pour la même superficie. Pourtant, sur ce volet, ce n'est pas tant le prix qui semble poser problème autant que la disponibilité des stocks. «L'ensemble des immeubles disponibles à Rabat et Casablanca, et qui représentent une dizaine de milliers de m2 en 2010 sont détenus essentiellement par les institutionnels, banques et assurances», fait remarquer Simoncelli, avant d'ajouter que ces institutionnels «détenaient auparavant du résidentiel. Aujourd'hui ils le délaissent au profit de l'immobilier d'entreprise». Malgré le manque de foncier dans les centres-villes, plusieurs entreprises quittent les périphéries pour s'implanter au centre-ville. Face à cette demande grandissante, plusieurs chantiers sont lancés. Des bureaux neufs, ou encore des locaux reconvertis voient ainsi le jour. Selon El Bouânani, «durant la dernière décennie, on assistait à la production de 50.000 m2 par an, tirée essentiellement par l'Etat. Aujourd'hui, c'est un rythme de production de 150.000 m2 par an, rien que sur Casablanca et Rabat». Ajoutant que «cela constitue certes un stock de locaux assez important, mais sans pour autant être inquiétant avec la demande qui va grandissant». Ainsi on assiste à l'émergence de bureaux de standing, d'entrepôts sous forme de plateformes non spécifiques mais qui répondent aux besoins des propriétaires ainsi que de centres commerciaux. Les investisseurs dans ce marché sont essentiellement constitués de Marocains et tablent généralement sur un rendement brut aux alentours de 8%. Le bail commercial plus rentable Ce rendement peut être encore plus important si l'on investit dans le bail commercial. Il peut atteindre un taux de 10%, voire plus. Toutefois, et en dépit de ce rendement, la législation régissant ce type de bail en repousse plus d'un, en particulier les étrangers. Ces derniers ne voulant pas prendre de risques le fuient et ce sont les locaux qui y investissent, et encore. En effet, bien que l'on assiste à l'émergence de galeries commerciales, les investisseurs optent de plus en plus pour l'acquisition que pour la location. Effectivement, le législateur, cherchant à protéger la partie la plus faible, à savoir le locataire, a mis plusieurs contraintes devant le propriétaire pour faire évacuer ce dernier, même s'il est en tort. D'après Nezha Aalouch, avocate, «le contrat de bail est un contrat consensuel, du coup il y a un risque de non conformité avec la loi. De même, cette dernière devient faillible par la complexité des procédures». Les professionnels sont unanimes à ce sujet, une réforme est nécessaire pour booster ce secteur.