C'est dans son siège flambant neuf à Hay Riad (Rabat) que les résultats semestriels de Maroc Telecom ont été dévoilés mercredi en soirée. Abdeslam Ahizoune, président du directoire de l'opérateur historique, s'est félicité d'une hausse de 12,6 % du résultat net part do groupe au premier semestre 2013. Une performance qui, selon le responsable, a été réalisée malgré les vents défavorables de la crise et la baisse de la demande. Deux autres facteurs touchant directement au cœur du métier n'ont pas été à l'avantage du premier opérateur. Il s'agit de la baisse de 50% des tarifs des terminaisons d'appels mobile par le régulateur au premier janvier 2013 (0,14 centimes de dirham) combinée à la fin de l'asymétrie tarifaire pour les trois opérateurs (Maroc Telecom, Méditel et Inwi) depuis le début de l'année en cours. Ainsi et au 30 juin 2013, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires consolidé de 14,47 MMDH, en retrait de 4,6% par rapport au 1er semestre 2012. Ce recul du CA au Maroc (-8,1%), dans un contexte de ralentissement de la consommation et de concurrence accrue, est partiellement compensé par le maintien d'une croissance soutenue du revenu des activités de l'international (+9,1% à taux de change constant). Enfin, le résultat net part du groupe pour le premier semestre 2013 ressort à 3,52 MMDH, incluant une provision pour restructurations de 568 MDH après impôts. En dehors de cet élément, le résultat net part du groupe serait en repli de 4,7% par rapport au 1er semestre 2012. Avec ces nouveaux éléments qui entrent en jeu, le durcissement de la concurrence n'est pas pour autant négativement perçu par Ahizoune, dans la mesure où c'est le consommateur qui en profite, grâce à des baisses de tarifs importantes. Il faut dire aussi que le programme de restructuration mené en 2012 a eu un impact favorable sur Maroc Telecom durant ces six premiers mois de 2013. Le même trend concerne les parcs clients du groupe, qui ont enregistré une nette progression des de 12,5 % à plus de 35 millions de clients. À ce sujet, Ahizoune ne s'est pas empêché de dire qu'IAM ne perd jamais de clients, même s'il peut perdre un peu de part de marché. Remarquons aussi la forte croissance rentable des filiales, avec un chiffre d'affaires en hausse de 9,1% et un gain de 7 pts de marge d'EBITDA (résultat opérationnel avant amortissement), à 50,7%. On enregistre ainsi une progression de 3 pts et de 1,9 pt des marges d'EBITDA et d'EBITA qui atteignent respectivement 58,1% et 41,1%. Tous les efforts de maîtrise des coûts s'y ajoutent, avec notamment l'impact des plans de départ volontaire réalisés au 2e semestre 2012. Ces voyants dans le vert permettent de confirmer les objectifs tracés pour 2013, à savoir le maintien du taux de marge d'EBITDA à un niveau élevé d'environ 56%, et un EBITDA – CAPEX (Capex : flux de trésorerie) en légère croissance. Le groupe a, par ailleurs, amélioré son positionnement sur la 3G avec une croissance annuelle de 32% atteignant ainsi une part de marché de 47,22%. Pour ce qui est de l'ADSL, Ahizoune a affirmé qu'il n'existe plus de débit à moins de 4 mégas. Quant à la technologie 4G, le responsable a souligné que l'opérateur est suffisamment outillé en technologie de radio mobiles nécessaire et qu'il est prêt en attendant que le gouvernement donne son feu vert. Justement, la convention d'investissement de 10 MMDH qui lie Maroc Telecom au gouvernement pourra largement être dépassée puisque en six mois seulement depuis le début de l'année, 3 MMDH ont été investis, affirme Ahizoune. Il ajoute que ces investissements concernent le remplacement des infrastructures des réseaux fixe et mobile et le déploiement des services très haut débit fixe et mobile en utilisant les technologies les plus récentes. Vivendi et Etisalat bien parties pour un accord Le sujet lié à la cession de 53% des parts de Vivendi dans le capital de Maroc Telecom a été omniprésent durant la présentation des résultats semestriels. Interrogé sur l'état d'avancement des pourparlers entre la société française et le groupe émirati Etisalat, Ahizoune a indiqué que l'accord de négociations exclusif entre les deux parties jusqu'au 27 septembre prochain représente un très grand chemin pour arriver à un accord. «Il y a aussi tous les gouvernements des pays africains concernés qui doivent donner leur accord, ainsi que le Maroc, qui a des autorisations à délivrer. Il ne faut pas oublier aussi qu'il existe à leur côté un consortium marocain». Ahizoune ne s'étalera pas outre mesure sur la nature ou les composantes de ce consortium, mais il a souligné que tout un chacun peut prétendre à des parts dans Maroc Telecom. L'offre d'Etisalat valorise actuellement la participation dans Maroc Telecom à un prix par action de 92,6 DH, avait précisé pour sa part Vivendi dans un communiqué publié mardi. Par ailleurs, le produit de cession en cash pour Vivendi s'élève à 4,2 milliards d'euros, dont 310 millions d'euros au titre du dividende 2012. Mais est-ce que ce montant ne serait pas en-deçà de la valeur d'IAM ? Pour Ahizoune, il s'agit d'un prix entre un acheteur et un vendeur. «Certes, cela ne vaut pas IAM, qui offre un rendement difficile à trouver ailleurs. Maroc Telecom est un bel actif», conclut-il. En tout cas, Ahizoune semble confiant quant à l'aboutissement d'un accord. Il se projette déjà dans cette perspective en disant que «si l'on se met d'accord, c'est IAM qui gérera les actifs d'Etisalat en Afrique». Il précise que le groupe émirati est présent dans 6 pays africains et IAM dans quatre, à savoir la Mauritanie, le Burkina Faso, le Gabon et le Mali.