L'enseignement supérieur marque une pause. Celle-ci doit permettre de mesurer l'efficacité des diverses politiques testées jusqu'à présent pour une meilleure insertion de ses lauréats dans le tissu productif. Le département de tutelle vient en effet de délimiter le cadre d'action de l'agence nationale chargée de l'évaluation de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Le projet de loi 80-12, déposé au SGG et qualifié plusieurs fois d'outil crucial dans le plan législatif du gouvernement, doit assurer une plus grande visibilité des lauréats et les orienter vers le marché du travail. L'agence projetée se focalisera sur trois axes, comme l'indique l'architecture proposée pour ses commissions : la recherche scientifique, les établissements et le contenu des formations. «L'évaluation sera périodique et concernera les aspects pédagogiques, administratifs et financiers», indique le projet de loi qui insiste sur «l'auto-évaluation au niveau de chaque établissement, et le sondage des opinions des divers intervenants éducatifs et leurs partenaires au sein du marché du travail». La qualité sera pour sa part au centre des priorités de la mission de l'agence projetée qui met en avant la concurrence et la diversification de l'offre éducative. Un rapport annuel sera remis au président du gouvernement et devra impérativement être discuté au Parlement parallèlement au vote de la Loi de finances. Le projet, qui inclut les universités, les instituts supérieurs privés et les centres de recherche scientifique se focalisera aussi sur la question de l'accréditation. L'évaluation touchera nécessairement la plus-value des thèses de doctorat préparées annuellement et leur impact sur la recherche scientifique. Des recommandations devront également être formulées pour chaque établissement supérieur public ou privé. L'article 4 de la loi projetée autorise l'ensemble des départements ministériels à demander des évaluations plus spécifiques pour certains instituts de formation, et permet aussi à l'agence de collaborer étroitement avec l'Académie Hassan II des sciences et techniques et avec le Centre national de la recherche scientifique, après demande expresse formulée par ces deux établissements. Les critères de l'évaluation n'ont pas encore été identifiés. L'agence devra dresser une liste d'éléments à prendre en considération pour chaque évaluation après sa mise en place fin 2014. Pour les instituts supérieurs étrangers, l'agence ne sera autorisée à établir son diagnostic que si des accords bilatéraux ont préalablement été convenus dans ce sens. Cette lacune pourra s'avérer nuisible vu le nombre croissant des établissements supérieurs privés opérant au Maroc. La loi stipule enfin que tous les accords de coopération conclus avec des universités étrangères devront être homologués par le Conseil d'administration de l'agence afin de mieux la positionner en amont du circuit de l'offre éducative.