«Contrairement au Hajj, le ministère du Tourisme n'organise pas la Omra. Celle-ci relève de l'initiative individuelle des voyageurs (...) Nous ne pouvons donc pas faire grand-chose face à la situation actuelle». La réponse est du ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, contacté par Les ECO sur la tourmente que vivent, ces jours-ci, les voyagistes à propos de la Omra (le petit pèlerinage). Certes, le département de tutelle se dit «interpellé par ce qui se passe», mais avoue que sa marge de manœuvre reste très limitée. «Le mieux que nous puissions faire, c'est de nous concerter pour voir les arrangements possibles avec les autorités saoudiennes». Sur la réduction de 45.000 à 15.000 du nombre de pèlerins accordé au Maroc, difficile de faire revenir la partie saoudienne sur sa décision. Cette diminution du quota annuel ne concerne pas uniquement les Marocains. La quasi-totalité des pays sont touchés par la mesure. Une mesure qui s'explique en grande partie, par les gigantesques travaux d'agrandissement en cours à Masjid Al Haram (la grande mosquée de la Mecque), mais aussi par les autres chantiers de construction d'hôtels dans la ville sainte. Les voyagistes nationaux n'ont qu'à prendre leur mal en patience et jongler avec ces contraintes. À moins que, comme le souhaitent certaines voix trop optimistes, le séjour actuel au Maroc du roi Abdallah ben Abdelaziz al-Saoud n'incite le royaume saoudien à accorder quelques largesses à nos candidats à la Omra. Acomptes À partir de cette mise au point du ministre du Tourisme, la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM) devrait savoir à quoi s'attendre une fois qu'elle aura officiellement décidé de s'en ouvrir au département de tutelle car pour le moment, Lahcen Haddad dit n'avoir «pas encore été saisi» par les voyagistes. En attendant de «saisir les autorités compétentes et notamment le ministère de tutelle sur la base d'une analyse objective de l'ampleur du sinistre et ses conséquences», la FNAVM, qui s'est réunie, mercredi dernier , indique avoir adressé «une mise au point au Parlement (2e Chambre) afin d'informer l'opinion publique et alerter le gouvernement sur l'ampleur de la crise et ses effets désastreux pour les agences et les pèlerins à la fois». Par ces «effets désastreux», la FNAVM attire surtout l'attention sur les acomptes que les agences de voyages marocaines auraient du mal à récupérer auprès des hôteliers opérant en Arabie Saoudite, mais également auprès de la compagnie nationale. Sur ce dernier point, toutefois, le ministre du Tourisme, qui encourage les négociations ente la Fédération des agences de voyages et ses partenaires (hôteliers saoudiens et RAM) espère et croit en la possibilité de «récupérer ces acomptes». En tout cas, les pertes des voyagistes seraient estimées à environ 1 MMDH. De quoi assombrir l'horizon pour une bonne partie de ces agences, dont le business ne tourne qu'autour de la Omra et du Hajj. Cellule de crise À présent, l'urgence pour ces agences est non seulement de parvenir à entrer sur «leurs» fonds versés, mais aussi de faire accepter aux clients cette amère réalité. Une partie des plus difficiles, vu les sacrifices que nécessitent, pour les pèlerins, un voyage aux lieux saints de l'Islam. Au niveau de la FNAVM en tout cas, on en est bien conscient, et on tente de prendre les devants, ou du moins de sauver encore ce qui peut l'être. C'est ainsi qu'il a été convenu, à l'issue de la réunion , d'instituer «une cellule de gestion de cette crise tant au niveau national que régional». Par ailleurs, la Fédération entend maintenir le contact avec les autorités consulaires saoudiennes afin de «déterminer les voies et moyens susceptibles de traverser cette crise sans beaucoup de dégâts». À ce propos, ajoute-t-on toujours du côté de la FNAVM, une audience a été demandée auprès de l'ambassadeur d'Arabie Saoudite au Maroc, histoire de lui faire part des «inquiétudes légitimes du secteur et de la mise au point de mesures prudentielles et préventives susceptibles de sauvegarder les droits des agences de voyages et les pèlerins marocains». Point de vue Lahcen Haddad Ministre du Tourisme «Miser sur la diversification» Le ministère du Tourisme n'organise pas la Omra, celle-ci dépend, le plus souvent, de l'initiative individuelle des pèlerins pendant toute l'année, contrairement au Hajj qui est organisé en des périodes bien déterminées avec des dispositions spécifiques. Toutefois, ce qui se passe actuellement nous interpelle. Le mieux que nous puissions faire, c'est de nous concerter pour voir les arrangements possibles avec les autorités saoudiennes. Je tiens néanmoins à rappeler que nous n'avons pas encore été saisis par les voyagistes. Les fédérations des agences de voyages continuent de négocier avec leurs partenaires saoudiens exerçant dans l'hôtellerie, de même qu'avec la Royal Air Maroc. Nous verrons les possibilités qui s'offrent à nous afin de permettre aux agences de voyages de pouvoir récupérer leurs acomptes. Nous sommes conscients des inquiétudes des voyagistes nationaux, vu le poids des retombées des opérations du Hajj et de la Omra sur leurs activités. La situation est donc alarmante. Cela explique d'ailleurs l'instauration de la labellisation (voir page 8), afin de leur permettre de pouvoir diversifier leurs activités.