Les dernières perceptives économiques du FMI pour le continent sont formelles : en 2012, les ménages africains ont vécu sous une pression amoindrie par rapport à 2011. La tendance est à la maîtrise de l'inflation dans la quasi totalité des économies du continent, à quelques exceptions près. Selon l'organisme international, «l'inflation moyenne sur les 12 mois de 2012, pour l'ensemble de la région s'établissait à 7,9%, alors qu'elle était de 10,1% fin 2011, l'inflation des prix alimentaires ayant diminué tout au long de l'année». Cette détente a été particulièrement ressentie dans les économies d'Afrique de l'Est, notamment en Ethiopie (où elle est passée de 36% en 2011 à 13% fin 2012), en Ouganda (de 27% à 6%) et au Kenya (de 19% à 7%), selon les exemples cités dans les derniers travaux des économistes du FMI. L'institution va même plus loin dans sa comparaison. «L'ampleur de la désinflation de 2012 a été à peu près du même ordre que la hausse de l'inflation qui l'avait précédée». Quant aux facteurs explicatifs de ce recul généralisé de l'inflation, le FMI en relève plusieurs, dont les plus importants sont liés aux bonnes récoltes, enregistrées dans la plupart des régions du continent et impactant ainsi directement les prix de certains produits alimentaires, aux «politiques monétaires restrictives», ainsi que dans certains cas, l'appréciation de la monnaie locale. Au Malawi, une forte dépréciation de la monnaie a produit l'effet contraire, contribuant à une envolée des prix (d'environ 35% en 2012) malgré le resserrement de la politique monétaire. «Ce pays fait figure d'exception face à la tendance généralement favorable», relèvent les économistes du FMI. Tout sur la politique monétaire Dans la plupart des pays concernés par cette réduction de l'inflation, le FMI est convaincu que l'application «résolue» d'une bonne politique monétaire a largement contribué à la réduction de l'inflation. Cela a été particulièrement le cas en Ouganda et au Kenya, par exemple. Face à la hausse de l'inflation et à la dépréciation des monnaies, les banques centrales des deux pays ont opté pour une stratégie de resserrement de leur politique monétaire à la fin de 2011, en concertation avec leurs partenaires de la Communauté de l'Afrique de l'Est. Après que l'inflation ait nettement reflué, les deux banques ont commencé à abaisser progressivement leurs taux directeurs, «même s'ils restent aujourd'hui fortement positifs en termes réels», commente le FMI. En Tanzanie, où les mêmes voie et démarche ont été empruntées par les autorités monétaires, l'inflation a diminué un peu moins vite et les taux directeurs restent à des niveaux record. L'organisme pense, par ailleurs, que dans certains pays, il a été possible d'assouplir la politique monétaire lorsque l'inflation était bien ancrée à des niveaux modérés. Il cite l'exemple de l'Afrique du Sud, où les perspectives d'inflation jusqu'à fin 2012 sont restées contenues à l'intérieur des objectifs fixées. «Face à un écart de production prononcé et à une croissance léthargique, la Banque de réserve a choisi d'abaisser son taux directeur de 50 points de base au milieu de l'année», décrit-on dans le rapport de l'organisme. À l'extrême ouest du continent, le scenario est quasiment le même, à quelques exceptions près. La politique monétaire de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a été quelque peu assouplie en 2012 et au début de 2013 : «Etant donné que l'inflation restait modérée et que la liquidité était en baisse dans le système bancaire, la Banque centrale a injecté un montant considérable de liquidités et légèrement abaissé ses taux directeurs», selon les explications du FMI. Quant à la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), son taux directeur est resté stable à 4% en 2012, malgré des pointes transitoires d'inflation en République du Congo. Les finances publiques malmenées Tout n'est cependant pas rose dans la macroéconomie continentale, aux dernières actualisations du FMI. «Dans une grande partie de la région, les soldes budgétaires se sont dégradés en 2012», constate l'organisme dans son rapport. Cela est notamment dû, dans certains cas, à des conditions foncièrement médiocres et, dans d'autres, à un assouplissement de la politique budgétaire, ce qui doit être pris en compte lorsqu'un ajustement est envisagé. Les exemples ne font pas défaut. «En raison du manque de dynamisme de l'économie, le déficit budgétaire a atteint près de 5% du PIB en Afrique du Sud, c'est-à-dire presque 1 point de plus qu'en 2011. Au Ghana, les dépassements de dépenses dus à la campagne électorale se sont traduits par un creusement prononcé du déficit budgétaire, où il atteint 11% du PIB. Par ailleurs, selon le même rapport, les excédents budgétaires ont diminué dans un grand nombre de pays exportateurs de pétrole sous l'effet d'une forte hausse des dépenses publiques.