À l'heure où l'usine de Renault à Tanger commence à prendre forme, la marque au losange confirme son orientation «Green» au Maroc en annonçant «zéro émission de CO2» sur le site de Tanger. Annoncée comme la première usine automobile du genre au monde, l'usine Renault de Tanger, dont la production sera dédiée aux véhicules développés sur la plateforme B0 (plateforme Logan), promet des émissions de CO2 réduites de 98% par rapport à des usines de même taille déjà existantes. Ce seront ainsi quelques 135.000 tonnes de CO2 qui seront évitées chaque année. Pour y arriver, Renault a d'abord dû revoir à la baisse les besoins en énergie de son usine. «Ces besoins en énergie thermique seront réduits de 35%, soit plus de 40 GWh PCI annuel, par rapport à une usine équivalente en capacité de production», a affirmé Jacques Chauvet, vice-président senior de la marque pour la région Euromed. Pour le reste, c'est tout un système basé sur la biomasse qui sera mis en place et qui alimentera les chaudières de l'usine. Le système fournira l'eau surchauffée (à haute pression) nécessaire, entre autres, aux étuves du process en peinture, ainsi que l'eau chaude alimentant le chauffage des autres process industriels et la ventilation de l'air des bâtiments du site. De la biomasse pour remplacer l'énergie fossile Veolia qui s'est associée à Renault sur ce projet a pensé un système alimenté essentiellement par des noyaux d'olives et du bois d'eucalyptus. «La chaufferie biomasse brûlera, pour partie, des noyaux d'olives d'origine locale», a annoncé Stéphane Caine, Executive vice-president Industrial Markets de Veolia. Et d'ajouter que «le reste du combustible sera constitué dans un premier temps de bois d'eucalyptus importé par bateau d'Europe du Sud, puis d''ici 4 ans de bois d'eucalyptus en courte rotation cultivé au Maroc». Cette usine «zéro émission CO2», qui s'appuie sur les énergies renouvelables, est annoncée à un moment où la facture énergétique du pays a flambé à quelque 800 millions d'euros à fin avril 2010 contre 393 millions d'euros par rapport à la même période de l'année dernière. Pour Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, «le projet s'inscrit parfaitement dans le cadre du développement durable du Maroc». L'annonce intervient en effet, à un moment où le Maroc vient d'être classé à la 52e position en matière de respect et d'engagement environnemental au niveau mondial. La conférence donnée par Renault et Veolia a été a été marquée par la présence de deux ministres et nom des moindres, Ahmed Reda Chami pour la partie industrie et Amina Benkhadra pour le volet environnement et énergie. Un signal fort montrant la détermination du gouvernement à encourager des projet indusriels de l'envergure de celui de Renault Tanger dans le respect rigoureux de l'environnement. Quand écologie et économie ne font plus qu'un Le choix du Maroc comme lieu d'implantation de l'usine Renault lui permet de produire à des prix serrés. La main-d'œuvre locale, 80% moins chère qu'en France, les exonérations de TVA liées à la zone franche de Tanger et la proximité par rapport à l'Europe sont les principaux exemples. Alors que les premiers bâtiments de l'usine Renault de Tanger commencent à sortir de terre, cette annonce met sur la table des questions sur l'impact de cette orientation «Green» sur les coûts de production. En plus du «zéro CO2», l'usine de Tanger n'émettra également aucun rejet industriel liquide et réduira de 70% ses prélèvements en eau par rapport à une usine équivalente en capacité de production. Au total, l'économie en eau qui sera réalisée chaque année équivaut à 175 piscines olympiques grâce à un procédé de recyclage à 100% des eaux utilisées. Les besoins en électricité seront assurés à 100% en énergie éolienne et hydraulique par l'Office National d'Electricité (ONE). Mais toutes ces technologies et installations ont un prix, qui, lui impactera nécessairement le coût des véhicules produits sur le site. «Près de 2 euros par véhicule», nous apprend-on. Cependant, ils ne seront pas répercutés sur les prix de vente puisque Renault compte bénéficier d'un crédit Carbonne qu'elle pourra rentabiliser. Le dossier est déjà semble-t-il à l'ONU.