Alors que Abdeslam Hanat et Said Hasbane ont répondu présents à l'invitation des adhérents du Raja de Casablanca pour présenter, mardi après-midi, leurs programmes à la maison des jeunes de Derb Sultan, fief des Vert et Blanc, Mohamed Boudrika, lui, a préféré dévoiler, lundi soir, ses cartes dans l'un des palaces les plus chics de la métropole, une façon de sortir le grand jeu. Une campagne bien orchestrée car le plus jeune des candidats, 28 ans, n'a rien laissé au hasard : projection d'un film (témoignage, programme, projets et priorités...), présentation d'un livre baptisé «Le livre Blanc... et Vert», DVD, slogans bien choisis (le Raja au peuple)... Tout un arsenal pour rafler le maximum de voix. Boudrika a voulu marquer les esprits en déclarant que son unique ambition est de «servir le Raja», mais en étant seul aux commandes. «Ce sera la présidence ou rien», a souligné Boudrika. Natif de Drissia, ce promoteur immobilier se dit lassé de voir les mêmes figures aux mêmes postes. Et le financement ? «J'ai une stratégie et toute une équipe de jeunes qui va travailler avec moi». Son programme se veut conforme à l'esprit de la refonte du sport national : bonne gouvernance, encadrement et formation, lutte contre la violence dans les stades, partenariats, direction technique et amélioration des conditions financières des joueurs. Si Boudrika a réussi à faire parler de lui en un laps de temps record, c'est grâce à sa fameuse proposition financière, selon laquelle il est prêt à injecter 100 millions de DH dans les caisses du club. Et ce n'est pas tout. «Nous allons augmenter les ressources du club de 30% chaque année à travers la commercialisation des produits Raja et la création de commerces et porter le budget, actuellement de 40 millions, à 100 millions de DH», promet Boudrika sans, pour autant, livrer des détails. Un autre terrain sur lequel Boudrika, animé par ce souci de soigner l'image du club, veut prendre de l'avance par rapport à ses concurrents, c'est celui de la communication. «Nous allons créer un site digne du nom du club. Et chaque mardi, qu'on va appeler «mardi vert», il y aura une conférence de presse pour éviter les rumeurs et la désinformation». S'il est élu, et c'est également la priorité des autres postulants, Boudrika promet de recruter un grand entraîneur et six à sept joueurs de gros calibre, «opérationnels» pour reprendre son expression. Là aussi on n'en saura pas plus. Le social figure également dans le programme de Boudrika. Des ex-joueurs du Raja dans les oubliettes, héritage de longue date, ils sont nombreux, pour ne citer que la gloire du football national Abdelmajid Dolmy. «Avec l'Association des ex-joueurs, nous allons organiser chaque année un jubilé». De la reconnaissance tardive qui, elle aussi, n'échappe pas à la récupération. Dans une campagne électorale tout est permis, même l'antijeu. Dans son allocution, Boudrika, applaudi tout au long de la conférence, a laissé le meilleur pour la fin, jouant sur la charge émotionnelle. «Le 4 juin, le destin du Raja se joue entre les mains des 250 votants. C'est une responsabilité historique qui ne doit pas subir les inconvénients du sectarisme et des alliances inconsidérées». Un discours qui ne se reflétait pas dans la salle où les anciennes pratiques continuent de régner. À commencer par les journalistes hués pour avoir posé des questions critiques.