Actionnaire à 51 % de Maroc Telecom, le géant français des télécommunications et médias vient d'ajouter une nouvelle société à sa collection. Cette dernière pièce, Vivendi est partie la chercher jusqu'au Brésil. Elle se nomme GVT, un opérateur national en télécommunications qui a coûté la jolie somme de 2,8 milliards d'euros, selon un communiqué du groupe français. Juste de quoi arracher le morceau brésilien à Telefonica qui s'était aussi lancée dans la samba des enchères. Les jeux sont faits lorsque Vivendi annonce l'acquisition de 37,9 % de GVT. La dernière carte abattue par le groupe français est l'option d'achat exclusive dont il a bénéficié sur 19,6 % du capital de la société brésilienne. Au total, Vivendi se retrouve avec 57,5 % des actifs de GVT entre ses mains et en devient du coup l'actionnaire majoritaire. Le combat âpre que se sont livrés Vivendi et Telefonica se justifie pleinement notamment quand on sait que le marché brésilien des télécommunications, évalué à 70 milliards de dollars l'an dernier devrait atteindre 88 milliards de dollars dans cinq ans, selon les projections du cabinet de consultants américain Frost & Sullivan. La société brésilienne constitue ainsi la première acquisition de Vivendi dans l'univers sud-américain des télécoms. Le groupe compte en faire son fer de lance, comme cela a été le cas de Maroc Telecom en Afrique, pour atteindre le cœur du marché. C'est ce qu'a souligné dans un communiqué le président du directoire de Vivendi, Jean-Bernard Lévy. Et à peine dans la poche, Vivendi affiche déjà ses ambitions. Le groupe veut «développer rapidement GVT dans les régions où il est actuellement peu ou pas présent», d'après Jean Bernard Lévy. Avec une croissance de l'ordre de 30 % par an et 2,3 millions de lignes ouvertes au 30 juin dernier, GVT reste le premier opérateur alternatif de télécommunications au Brésil. Le taux de croissance de son chiffre d'affaires (le chiffre d'affaires net s'élevait à 172 millions d'euros) était de 27 % au troisième trimestre 2009 avec un bénéfice net de 57,2 millions de reals (22,3 millions d'euros), contre une perte de 6 millions d'euros pour la même période en 2008. Après l'Afrique, le marché sud-américain De Casablanca à Sao Paolo, il n'a fallu qu'un tout petit pas à Vivendi. Le marché brésilien des télécoms est toutefois très loin d'être vierge et comporte ses propres réalités. En effet, Vivendi devra compter avec des géants qui se sont déjà taillés une part de lion dans la concurrence, à l'image de Tel Mex, Brasil Telecom-Oi et Telefonica. Cette dernière voit d'ailleurs d'un mauvais œil le débarquement de Vivendi sur le marché de São Paulo, le plus important au Brésil, notamment dans le domaine des services aux entreprises, selon TelComp, une association brésilienne qui défend la compétition dans le secteur des télécommunications. L'entreprise espagnole s'est d'ailleurs bien battue pour l'acquisition de GVT en s'assurant le soutien de plusieurs banques de la place. Mais Vivendi paraissait beaucoup plus gourmand et a fini par avoir raison de son homologue espagnol. Le groupe français affiche ainsi de plus en plus son orientation vers les grands marchés émergents, en l'occurrence le Brésil, avec ses 191 millions d'habitants.