nFormidable moment de musique pour certains, un rêve qui se réalise pour d'autres, le concert de Carlos Santana (vendredi ) était, pour tous, la preuve de l'universalité du langage de la musique. C'est que le guitariste, compositeur et chanteur mexico-américain accompagné du meilleur de sa bande musicale a propulsé sa prestation scénique pour qu'elle donne lieu à un moment d'échange entre un public qui le chantait par cœur. Des titres comme «Black Magic Woman», «Oye como va», «Europa et Evil Ways», ou d'autres ballades plus récentes telles que «Smooth» et «Maria Maria» ont spécialement extasié les spectateurs. Celui qui est considéré comme l'un des guitaristes contemporains les plus connus au monde n'avait pas retenu, quelques heures avant le concert de musique, son admiration pour l'Afrique en particulier, la femme africaine surtout et sur un autre plan musical, le style Gnaoua. Conscient que la majorité des mélodies et des rythmes s'inspirent de l'Afrique, c'est sur scène et sous les yeux des milliers de spectateurs venus de toutes les villes marocaines que Carlos Santana s'offre le jeu de guembri du grand Mâalem Bakbou. À la fois une belle surprise pour le public mais également une expérience de taille pour Mâalem Bakbou qui a accompagné l'artiste le temps d'un morceau où les notes du guembri donnaient le ton à un rock-latino, dégagé sur un fond de percussions caribéennes. Et la magie continue d'opérer du bout de la baguette de Santana's Band, notamment grâce aux forces vocalistes de Tony Lindsay et Andy Vargas, les deux artistes qui s'alternaient et chantaient des fois au même micro que la méga-star. Intemporel et humble Santana ! BB King, le sacré monstre du Blues Le 7e jour du Festival Mawazine 2010 restera gravé dans la pierre pour les milliers de festivaliers de ce jeudi 28 mai. Ces derniers allaient assister en effet à ce que garde encore, comme grand privilège, la lignée des légendes du Blues et du R&B: BB King ! À 84 ans, BB King, de son vrai nom Ridley B. King, est aujourd'hui et sans conteste le roi du Blues. Ce soir, d'ailleurs, les présents devant la scène allaient entrevoir un pan de ce que BB King possède à un registre de plus de 60 ans. Sa musique, puisant du fin fond d'une Afrique lointaine et d'une Amérique noire et pauvre, a non seulement charmé le public, mais l'a secoué jusqu'aux tripes. Car la valse des têtes ne suffit pas quand BB King est sur scène : mélomanes, férus ou simple amateurs, se retrouvent d'un coup subjugués par cette aura que dégage l'artiste-maître de sa génération. Sa guitare et son don à l'amadouer, à lui faire exprimer des tonalités émotionnelles, le feront classer parmi les rares guitaristes légendaires de la centenaire passée. Le Band de Carlos Santana, l'autre génie de la musique, qui allait se reproduire le lendemain sur les planches de l'OLM, ne manquera pas ce soir-là de monter sur scène pour saluer BB King. Devant des dizaines de milliers de témoins, le génie de la musique rendait ainsi hommage au maître. Mawazine sur le bitume Plumes, paillettes, djellabas, tambours et fanfares étaient au premier rang des spectacles de rue à Mawazine. Une marée humaine multicolore et dansante a déferlé sur les grandes artères de Rabat, neuf jours durant. Hommes et femmes déguisés en papillons, en soleils ou encore en rois et reines, autant de somptueux costumes qui ont émerveillé les passants. Tous étaient à la rencontre de ces artistes venus de Macédoine, de Colombie, du Bénin, du Maroc, de France et également des autres pays du Maghreb. Respectueusement, Kocani Okestar emmené par une énorme section de cuivres funky a traîné derrière lui l'énergie et le brio d'un fantastique gypsy brass band de douze musiciens. De la Colombie, le Carnaval Baranquilla s'est emparé de la ville la transformant en un spectacle haut en couleurs. Les costumes, les déguisements et surtout la culture du carnaval, pas encore connus du marocain, ont entraîné le public dans une folie festive où le rire, la danse et la musique deviennent euphorie. Les troupes de danse se sont enchaînées jusqu'à l'avant dernier jour du festival, gravant sur leurs passages bien des esprits de festivaliers. Last but not least, de l'une de ces prestations remarquables, nous retiendrons le «Gangbe Brass Band». Originaires du Bénin, ils étaient huit musiciens à arborer, pour les derniers jours du festival, les rues de la capitale. La musique béninoise étant à la fois moderne et traditionnelle, le band est le résultat d'une rencontre originale entre le jazz et la musique traditionnelle du pays. Salé sur la vague Dans la foulée des stars internationales qui ont pris d'assaut Rabat pour Mawazine, une scène spéciale artistes marocains, séniors et débutants surtout, a accueilli des artistes qui ont brillé durant ce festival, les yeux sur la plage. C'est sur la scène dressée de l'autre côté du Bouregreg qu'une vague de musiciens a déferlé tout au long du festival Mawazine et plus particulièrement lors de la soirée de clôture samedi dernier. Inutile de citer la liste des artistes qui ont musicalisé Salé, leur nombre dépassant la trentaine. Une chose est sûre, tous les genres musicaux ont été représentés, reflétant par là toute la diversité musicale du pays. Et puis viendra, samedi, le dernier jour du festival, pour battre les records de prestation scénique. À partir de 14h, le public avait rendez-vous avec «El Mouja». C'est un spectacle musical de 12 heures non-stop. Il a réuni pas moins de 18 groupes de musique urbaine appartenant à la nouvelle scène. C'est la première fois dans l'histoire de ce festival qu'une de ses scènes verra se succéder autant d'artistes en une journée-soirée. Les organisateurs qui ont entrepris ce passage dense en notes et styles ont choisi de ponctuer la journée Mouja d'un arrêt de production en milieu de soirée. Contraintes techniques obligent, et une feuille de route in situ s'impose.Le concept de ce spectacle se veut offrir aux artistes, qui font leurs premiers pas sur scène et d'autres habitués, la possibilité de se produire sur scène et, a fortiori, leur favoriser les contacts inter-artistes. Au menu de cette journée-spectacle, les festivaliers avaient rendez-vous avec des gagnants de Génération Mawazine, deux jeunes chanteuses comme il n'y en a pas tellement au Maroc. Et la boucle a tourné en faveur de Nabila Maan, Joudia, Banqour Jumeau Fusion, Double M, Tiraline, Tigresse Flow, Shabka, Mouja Vibration, Amaynou, Askoury, Mc Jo, Styl Souss, Fez City Clan pour ne citer que ceux-là.