C'est au tour des cimentiers de surfer sur la vague écologique. À la fois dans un souci écologique, mais aussi d'optimisation des couts de production, les professionnels de ce secteur réfléchissent aujourd'hui à la valorisation des déchets industriels et ménagers en tant que moyen, pour eux, de repenser les modèles de production du ciment national. Et pour cause, vendredi 28 mai, se tenait la convention de l'Association professionnelle des cimentiers du Maroc (APC), autour de la revalorisation des déchets ménagers et industriels. C'est, en fait, non seulement une simple « démarche volontariste », comme l'ont désignée les représentants du département de l'environnement présents à l'évènement, mais aussi une voie vers un nouveau concept et une nouvelle vision dans cette filière. En effet, le Maroc est resté pendant longtempsà la traîne, son taux de substitution de l'énergie fossile par des combustibles issus du recyclage des déchets n'étant que de 15%. Ce même taux, en Europe, va de 30 à 70%. À présent, les cimentiers marocains ambitionnent de porter ce taux de substitution à 70%. Un défi largement réalisable au vu du potentiel pouvant être traité. Chaque année, en effet, le Maroc produit 6,5 millions de tonnes d'ordures ménagères et 1,3 millions de tonnes de déchets dangereux (huiles usagées, solvants, pneus, plastique,...). Pour y arriver, les cimentiers ont invité l'ensemble des acteurs publics et privés concernés, à la création de filières de valorisation et d'élimination des déchets dans les cimenteries. Réseaux de collecte, tri, traitement ... Une série de solutions ont ainsi été présentées pour illustrer la faisabilité d'un tel projet. De même, les membres de l'APC ont proposé l'instauration d'une écotaxe sur les pneus et les huiles usagés à l'instar de ce qui est pratiqué dans d'autres pays. Le sable... problématique Une rencontre telle que celle-ci, rassemblant tous les professionnels du secteur, ne pouvait se tenir sans que la problématique des besoins nationaux en sable ne soit abordée. En effet, l'industrie cimentière aura besoin de 50 millions de tonnes de cette ressource, en 2015, et de 70 millions en 2020 contre 35 millions en 2009. Autant de pressions sur nos ressources naturelles que les 168 points de prélèvement du pays n'arrivent pas à satisfaire, surtout avec la montée incessante du poids du marché clandestin de sable de dunes (40% de parts de marché). Pour remédier à ce phénomène qui détruit le «capital sable» du pays, des procédures simplifiées pour l'obtention d'autorisation pour l'ouverture de carrières et l'exonération totale de la taxe douanière sur l'importation de matériel de concassage ont été sollicitées par les cimentiers. L'appel de l'APC semble avoir trouvé bonne oreille puisque pour Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, « les efforts fournis par les industriels du secteur constituent pour une raison tout à fait légitime pour l'institution d'un cadre de partenariat entre les départements ministériels concernés et les membres de l'APC ». Avec 2% du PIB en 2008, 46% de la production et 50% de la valeur ajoutée du secteur matériaux de construction, «l'industrie cimentière est l'une des activités industrielles les plus structurées et les mieux réparties sur le territoire national», a-t-elle déclaré. La signature d'un accord-cadre constituerait une nouvelle étape pour asseoir les bases d'un développement durable dans ce secteur.