Voilà qui est fait... enfin. La loi instituant la création de l'Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) été adoptée hier, devant la Chambre des conseillers. Le projet de loi n° 59-09 portant création de l'AMDL a été approuvé auparavant en conseil des ministres le 5 mars 2010. Enfin. Jusque-là, c'est cet aspect qui bloquait la mise en œuvre de la stratégie logistique, et le déploiement des dix contrats d'application, prévus à ce titre, et dont certains sont même prêts, mais dorment dans le tiroir. Une mission stratégique L'Agence, dont le rôle essentiel réside, selon Karim Ghellab, ministre de tutelle, dans la coordination et la syndication au niveau national des différents acteurs de la compétitivité logistique autour de projets spécifiques. Elle représente donc la clé de voûte de tout le dispositif de pilotage et de gouvernance de cette stratégie. Et les retards que sa création a accusé jusque-là, remet en cause l'ensemble du planning de mise en œuvre de la stratégie. Aussi, toujours selon le département de l'Equipement et destransports, ses moyens et ses ressources seront entièrement dédiés à la mise en œuvre de la stratégie et l'amélioration de la compétitivité logistique du pays. En effet, les enjeux sont colossaux, et les blocages occasionnées handicapaient bien d'autres stratégies sectorielles, vu le caractère entièrement transversal de la filière logistique. Industries, P2I, investissements étrangers... autant de pans économiques dont la compétitivité à long-terme, dépend directement de la performance logistique au niveau national. Dossier sensible Un chiffre pour résumer: le coût logistique du Maroc est supérieur de 15% à la moyenne mondiale. Si aujourd'hui les contrats d'application (zones logistiques, transport, formation...) sont prêts, ils doivent encore faire l'objet de concertations poussées avec les opérateurs locaux. Il faut rappeler dans ce cadre, le caractère hautement sensible de la mise en œuvre de cette stratégie, principalement lié à la prépondérance de l'informel dans la filière, notamment pour ce qui est du transport de marchandises. Toute décision précipitée ou non concertée entraine un risque élevé de levée de boucliers chez les opérateurs, qui pourrait (comme cela a déjà été vécu avant l'adoption du nouveau Code de la route) paralyser le pays. Le chemin est donc encore long avant que la mise à niveau logistique n'arrive à sa vitesse de croisière. Et les opérateurs attendent Ghellab (puis son éventuel successeur) au tournant. La marge d'erreur est on ne peut plus restreinte.