Quand neuf artistes et un écrivain entament un dialogue. Les premiers font partie des plasticiens et peintres les plus connus, quant à lui, il s'appelle Michel Butor. Poète, essayiste et romancier français, Butor est réputé par cette volonté d'expérimentation pour représenter le monde, qui se retrouve dans tous ses ouvrages. Qu'il s'agisse de récits de voyage (série Le Génie du lieu), de récits de rêves (Matière de rêves), ou de ses très nombreuses collaborations avec des peintres et des artistes contemporains (recueillies dans la série des Illustrations). Son travail avec les peintres a peu à peu fini par constituer un nouveau plan de ses interventions littéraires par son approche de la peinture et son rapprochement avec elle. Tous se questionnent sur la notion d'œuvres croisées. Une œuvre à 10 mains «Regards croisés euroméditerranéens». Cette exposition qui a débuté hier et pour s'étaler jusqu'au 19 juin à l'Institut français de Kénitra, s'inscrit dans le prolongement de l'approche de l'écrivain. Réalisée dans le cadre de la seconde «opération-rencontres» menée par Butor, des artistes et écrivains des deux rives de la Méditerranée y étaient conviés pour une résidence intitulée «L'olivier, suc de la Terre». Les créations plastiques des artistes marocains tel que Farid Belkahia, Mohamed Mourabiti, Mahi Bine-Bine, Tibari Kantour, Khalil Laghrib, auxquels se sont joints les plasticiens français Pierre Leloup, Mylène Besson et l'artiste-écrivaine Anne Rothschild, engagent un «dialogue» avec les textes de Michel Butor. Objectif: un «partage» collectif de leur vision du monde. Le facteur de l'espace et l'inspiration qui en résulte n'étaient pas en reste dans cette création. En effet, la résidence artistique s'est déroulée au centre culturel Al Maqam à Tahanaoute (région de Marrakech-El Haouz) propriété de Mohamed Mourabiti, dont le travail se veut un mélange d'intelligence et de sensibilité où alternent le rationnel et le sensuel. L'école de Kénitra sur les rails Réalisée avec le soutien du ministère français de la Culture, de la Région Picardie, de l'ambassade de France au Maroc et des Commissions nationales française et marocaine pour l'Unesco, «Regards croisés euroméditerranéens» s'est accompagnée d'une conférence de présentation le lundi 17 mai dernier à l'Espace Balzac de Kénitra, animée par Jean-Pierre Loubet (président de l'Association culturelle-Club Unesco La Rose du Dadès). Contribuant à l'émergence de cette «école de Kénitra», l'Espace Balzac de l'Institut français de Kénitra initie un dialogue entre artistes marocains et français qui, pour la première fois, avait permis à Kénitra de figurer en 2009 au programme de la «Nuit des galeries». Depuis, de nombreuses expositions ont permis au public d'amateurs, en perpétuel intéressement, de découvrir de jeunes talents comme Mounir Hajouj ou Rajae Saïss.