Comme on pouvait s'y attendre, le grand oral de Abbas El Fassi n'a pas manqué, mardi, d'être truffé de chiffres. Le volet économique a constitué une grande part du discours fleuve du Premier ministre, à l'occasion de son bilan de mi-mandat. Faut-il dire d'entrée que l'enjeu en été important, du moment que c'est la première grande communication sur les réalisations de son gouvernement avec, en toile de fond, une conjoncture des plus moroses. Toutefois, s'il y a un mot que les parlementaires ont retenu de ce monologue, c'est bien la «résilience». En effet, la carapace étatique semble avoir bien protégé le tissu économique national, malgré la menace de la crise. Première illustration, les investissements publics ont pratiquement doublé, passant de 82 milliards de dirhams en 2007 à 163 milliards en 2010. Cela fait suite aux nécessités d'accélérer la réalisation des chantiers structurants, l'augmentation de la consommation moyenne de 7% en 2008 et 2009 (contre 4% en 2007), et la préservation de plus de 100.000 emplois, grâce aux mesures d'urgence mises en place par le Comité de veille stratégique. Cette injection de fonds publics a aussi mené à un recul – très léger - du taux de chômage de 9,8% en 2007 à 9,1% en 2009. Des miettes de points qui ont toute leur importance pour l'équipe d'El Fassi. De plus, l'autre axe d'orientation de la politique économique publique est fondé sur l'idée de diversifier les sources de croissance. Le secteur primaire a toujours été le propulseur, sinon le seul moteur, de cette croissance ces dernières années. Sur plusieurs fronts C'est justement pour rompre avec ce schéma économique que l'équipe gouvernementale a souhaité promouvoir d'autres pôles d'activité, «à travers le lancement d'une nouvelle génération de stratégies sectorielles intégrées», indique le Premier ministre. Ces stratégies, nul ne semble les ignorer aujourd'hui, suite au grand enthousiasme qu'elles ont suscité dans tous les secteurs concernés. Elles se nomment «Plan Maroc Vert» pour l'agriculture, Halieutis pour la dynamisation du secteur de la pêche, «Maroc Numeric 2013» pour les TIC, Vision 2020 pour le tourisme, ainsi que le Pacte national pour l'émergence industrielle (PNEI). Pour le premier plan, l'Etat a déjà réalisé des investissements à hauteur de 10 milliards de dirhams au titre de la campagne agricole 2009-2010. Ce qui a permis la création d'environ 600.000 emplois. Comparé à 2005, le PIB du secteur primaire a augmenté de 30%, en même temps que la production qui a grimpé de 37%. Rappelons que les objectifs à terme de Maroc Vert sont un gain en valeur ajoutée (+160% à 99 MMDH) et la création de 1,5 million d'emplois supplémentaires à l'échéance 2020. Industrie, tourisme, green growth... R.A.S ! De l'agriculture à l'industrie, le détour est facilement réalisé. Ainsi dans le cadre du PNEI, El Fassi qualifie d' «encourageants» les résultats réalisés. Sur une approche segmentée, cela a donné 20.000 emplois créés en 2008 dans l'offshoring et 70.000 autres prévus à l'horizon 2015, une hausse de 75% en production dans l'automobile, un chiffre d'affaires de l'aéronautique en hausse, et des exportations en croissance de 215%. Sur ce dernier registre, la stratégie «Maroc Export Plus» peut être citée comme illustration, ainsi que le développement du pôle logistique. Sur le secteur touristique, la «Vision» se précise progressivement. Le gouvernement affiche des indicateurs positifs, face à un secteur qui a aussi pâti du marasme économique à l'échelle mondiale. Ainsi, les investissements ont permis une hausse de 50% des capacités d'accueil du Royaume. Résultat, les arrivées touristiques dépassent aujourd'hui la barre des 8 millions. La destination se vend bien face à la concurrence, serait-on tenté de commenter. A tout cela s'ajoute, bien sûr, le côté développement durable, devenu une des priorités du gouvernement actuel. Les retombées réelles de toutes ces initiatives ne se ressentiront certes pas dans l'immédiat. Pour l'heure, la croissance table sur une stagnation relative, passant de 5,6% en 2008 à 5,3% en 2009.