Je ne suis pas footeux, et ça vous le saviez déjà. D'ailleurs, j'en ai parlé ici même il y a quelques jours à propos de l'éventualité possible et qui me semble cependant très improbable, que les Marocains ne puissent pas voir la prochaine Coupe du monde sur leurs écrans. En effet, je doute fort que nos pouvoirs publics privent les pauvres spectateurs d'un spectacle si passionnant et si divertissant. Ils ne sont peut-être pas très futés – je parle des pouvoirs publics – mais ils ne sont pas stupides, du moins pas à ce point. D'abord, à mon humble avis d'amateur même pas mateur de ce «truc» bizarre qu'on appelle le foot, je pense que ça va être perçu par les «citoyens», comme une double sanction. Qu'on les prive d'une qualification à cause, entre autres, d'un casting catastrophique qui nous a entraîné au fin fond de l'humiliation et de la honte, ça peut s'avaler avec un verre d'eau, ou mieux, pour les mécréants, avec une bonne dose de spiritueux, mais qu'on ne leur permette même pas d'admirer les autres vrais lions, plus costauds, plus offensifs, et moins soucieux pour leurs petites pattes de chatons, là, ça serait vraiment la fin du monde ! Ceci étant dit, hier j'ai appris incidemment que même si notre cher gouvernement qui est tout le temps en train de remuer du vent n'arrivait pas à trouver les sous pour la retransmission de la coupe du monde, la solution serait déjà toute trouvée : la voir ailleurs et, en plus, à l'œil ! Où ça ? Vous ne devinerez jamais ! Ce n'est pas très loin de chez nous. On pourra même dire «chez nous», parce que c'est en Afrique, et on n'aura que l'embarras du choix : le Nigéria, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, et on m'a même parlé du Sénégal et de l'Angola. Et j'ai laissé - qu'est-ce que je suis vicieux ! le meilleur pour la fin : l'Algérie. Bien entendu, vous n'aurez pas à vous déplacer jusqu'à ces contrées si lointaines (et j'y inclus, évidemment, même la plus proche). Non ! Bien affaissés dans votre fauteuil favori, pour les uns, ou mal assis sur votre coussin pourri, pour les autres, vous n'aurez qu'un petit geste simple à faire : appuyer sur les boutons de votre télécommande. Ce n'est pas de la magie, ça ? En vérité, ce n'est pas du tout de ça que je voulais converser avec vous aujourd'hui. Comme vous le savez sans doute, ce samedi, c'était la fin de notre «Botola». Et, paraît-il, contrairement aux autres années, cette fois-ci, il a fallu attendre la dernière minute pour connaître le champion ! Incroyable ! Mais, au moment où les principaux antagonistes se bagarraient entre eux, soutenus par leurs supporters respectifs mais néanmoins fous furieux, j'en ai profité pour faire tranquillement ma sieste sabbatique. Comme quoi, «la folie des uns, fait le sommeil des autres». J'ai même fait un très beau rêve. Je vivais dans un pays où tout était vert, une immense pelouse, à perte de vue, toute vallonnée, avec ça et là, de grands arbres centenaires et quelques petites mares d'eau où se reflète un soleil majestueux. On n'entend que les chants d'oiseaux vraisemblablement tropicaux. De temps à autre, on aperçoit au loin une petite balle toute blanche bondir du néant pour retomber encore plus loin quelque part dans l'infini. C'était magique. Et soudain, je sursaute et saute de mon lit, réveillé par des milliers de cris et de clameurs juste sous mon balcon. Le temps de reprendre mes esprits et j'ai appris que ces cris étaient en fait de joie et ces clameurs, de bonheur. Il était exactement 18 h. À partir de cette heure, ça n'a pas arrêté : chants, refrains, vociférations, klaxons... Et ça a duré jusqu'à l'aube. Alors, je vous repose la question : Et si le foot n'existait pas ?