Grâce aux 300 millions d'euros levés par sa maison-mère, la plate-forme va mettre l'accent sur l'expérience client. Entre 30 000 et 40 000 références sont proposées en ligne. Elle collabore avec 500 vendeurs dont une cinquantaine de grands comptes. En seulement un mois, Africa Internet Group (AIG), dont les sites Jumia, Hellofood, Kaymu, Lamudi ou encore Everjobs sont déployés dans 23 pays en Afrique, a réussi à lever 300 millions d'euros auprès du groupe Axa qui s'est ainsi emparé de 8% du capital pour 75 millions d'euros, puis de MTN, Rocket Internet (actionnaires historiques) et Goldman Sachs (225 millions d'euros en tout). C'est là un joli cadeau pour Jumia Maroc et ses 150 employés qui fêteront bientôt les 4 ans du site. Ce dernier compte bien en profiter pour passer à la vitesse supérieure. «Notre offre est aujourd'hui si importante qu'elle s'alimente toute seule. Nous allons mettre l'accent sur l'expérience client et le marketing. Une commande ne doit pas être annulée parce que le produit n'est pas en stock. Des expériences pareilles portent préjudice au business. De même, il faut que le produit commandé arrive dans les meilleures conditions possibles», confie le DG de Jumia Maroc, Bastien Moreau. L'introduction de nouvelles catégories de produits, à l'image de la catégorie auto-moto ajoutée récemment, est également prévue. «Plus Jumia grandit, plus nous précisons notre assortiment. De l'unique rubrique «Sport», nous sommes ainsi passés à des sous-rubriques avec, par exemple, «Fitness et musculation» ou encore «Sports extrêmes»», poursuit le jeune DG. Entre 30 000 et 40 000 références sont aujourd'hui proposées en ligne. Le site est d'ailleurs le plus gros distributeur de téléphones, après le marché gris et les opérateurs télécoms. Cette catégorie de produits est aussi la plus contributrice au chiffre d'affaires du site avec 40% des ventes, devant la mode (30 à 35%) et le gros et petit électroménager. Jumia est désormais une marketplace à 100% Entamée depuis deux ans, la transition de Jumia vers une marketplace est terminée. Depuis le 29 février, le site d'e-commerce n'achète plus mais joue le rôle d'intermédiaire entre vendeurs et acheteurs. «Nous voulons que nos sellers [ndlr : vendeurs] nous considèrent comme un magasin traditionnel. Leur rôle est d'approvisionner le magasin et le nôtre est de faire venir des gens dans le magasin», résume Bastien Moreau. C'est d'ailleurs le mandat pour lequel AIG a levé des fonds. «La marketplace est le modèle le plus efficace, notamment en termes de gestion de trésorerie et de stocks. Nous pouvons ainsi nous concentrer sur ce que nous savons faire, à savoir le marketing et la logistique. Nous n'avons pas l'expérience d'un retailer qui connaît ses produits», poursuit le DG. Actuellement, trois modes de fonctionnement sont disponibles. Le «drop shipping» consiste, pour Jumia, à vendre un produit que le site n'a pas en stock. Le vendeur, qui gère sa vitrine en ligne via la plateforme dédiée, prépare lui-même le colis dès que la commande est passée. Il se charge ensuite de l'acheminer vers un des trois hubs de livraison de Jumia, à Casablanca, Rabat ou Marrakech. C'est Jumia qui prend le relais pour en assurer la livraison via sa propre flotte, AIG Express, ou via Al Amana. 40% de l'activité de Jumia reposent sur cette pratique. 20% sont quant à eux basés sur la méthode «cross docking» : le vendeur achemine le produit commandé «nu» (non étiqueté, non emballé) chez Jumia qui se charge de la préparation du colis et de la livraison. Enfin, les 40% restants des commandes de Jumia concernent des produits stockés en amont de la vente. Dans son entrepôt de 3 000 m2, un peu moins de 100 000 produits sont ainsi stockés, prêts à être «pickés», du nom de la technique de tri chaotique et de préparation de commandes mise au point par Amazon. Pour sa montée en puissance, le marchand prévoit de concentrer ses efforts sur le développement du «drop shipping» mais surtout de la consignation qui lui permet d'être davantage réactif avec sa clientèle. Jumia se fait rémunérer à chaque commande Avec ses 500 vendeurs, qui ont réussi la période d'incubation de 4 semaines, Jumia veut également profiter de la levée de fonds pour se concentrer sur les grands comptes dont la quarantaine avec lesquelles le site entretient des relations directes, plutôt que d'en recruter de nouveaux. «Notre ambition est de nous concentrer sur ces gros vendeurs avec lesquels nous pouvons réaliser du volume et qui vont tirer le site vers le haut en offrant une expérience client optimale. Les 450 autres ne pourront qu'en profiter», conclut Bastien Moreau. A noter que d'un seller à l'autre, la rémunération de Jumia s'opère à chaque commande finalisée sur la base d'une commission variable selon la catégorie de produits. Elle est ainsi de 8% sur la téléphonie et de 25% sur la mode, à l'image du marché. «La commission doit, au minimum, couvrir les coûts logistiques», rappelle le DG.