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Médecin dans le privé avec un revenu mensuel de 3000 DH !
Publié dans La Vie éco le 01 - 07 - 2005

La durée de vie d'un cabinet nouvellement ouvert varie entre 2 et 3 ans. Les jeunes médecins finissent par fermer ou quitter le pays.
Rabat a dépassé le seuil de saturation, Casablanca enregistre
des zones d'intense concentration.
Le retour de religiosité profite aux médecins femmes.
Les médecins sont-ils sinistrés ? Beaucoup d'observateurs le pensent et nombre de praticiens l'affirment. Mais la réponse ne saurait être affirmative de manière catégorique. Certes, la médecine privée connaît une crise, mais celle-ci ne touche pas toute la profession. Les plus affectés sont praticiens installés durant les dix dernières années. Et les enquêtes réalisées par les instances professionnelles, notamment les conseils de l'Ordre de la région du centre et du nord-ouest le confirment.
Ainsi, depuis 1999, la région centre (Casablanca, Chaouia Ouardigha, Doukkala et Kasbat-Tadla-Azilal), qui compte 2 963 médecins privés sur un effectif total de 6 500, a enregistré 40 fermetures de cabinets et 6 cliniques dont 5 à Casablanca et une à Benslimane. Pour la Région nord-ouest (Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, Tanger-Tétouan et le Gharb), où exercent 5 800 médecins (privés, secteur public, enseignants chercheurs et militaires), on ne dispose pas de statistiques précises sur les fermetures, mais on souligne qu'elles sont nombreuses. «Aujourd'hui, nous constatons que les médecins s'installent pour une durée de 2 à 3 ans et sont par la suite contraints de fermer», indique le président du Conseil de la région du nord-ouest, le Dr Abderrazak Guennoun.
Même l'Amo ne suscite pas d'espoir
Sans avancer de données chiffrées sur le revenu actuel d'un médecin du privé, le Dr Guennoun signale également «une baisse notoire du niveau de vie des médecins». Plus précis, et enquête à l'appui, le président du Conseil de l'Ordre de la région du centre, le Dr Abdelouahed Anbari, souligne qu'«à l'exception d'une petite frange de médecins dont le revenu mensuel atteint les 150 000 DH, plus de 60 % des médecins se contentent de 3 000 DH en moyenne ». Un chirurgien infantile, installé depuis 5 ans maintenant à Casablanca, confirme ces propos. «parfois, mes revenus sont en deçà des 3 000 DH et il y a des jours où je ne reçois aucun malade !», déplore-t-il.
Le témoignage d'un généraliste va dans le même sens. «Il y a des périodes où je regrette d'avoir fait la médecine, avoue-t-il. Mes revenus, une fois les charges payées, atteignent à peine 2 000 DH. J'ai ouvert mon cabinet en 2001 et la situation se dégrade». Selon le Dr Anbari, «il y a des spécialités comme la pédiatrie ou encore la gynécologie qui enregistrent une forte baisse d'activité. Par contre, l'ophtalmologie et l'ORL se portent bien dans la région de Casablanca».
Les instances professionnelles n'ont malheureusement pas toujours listé les praticiens qui ont fermé leurs cabinets mais, en général, il est signalé que ces médecins s'orientent vers le secteur public ou partent à l'étranger. Cette dernière opportunité ne peut être saisie que pour certaines disciplines, notamment l'anesthésie, la radiologie ou encore la gynéco-chirurgie, qui sont très demandées ailleurs.
Pourquoi les médecins en sont-ils arrivés là ? Que peuvent-ils faire pour sortir de la crise ?
Dans le milieu médical, il y a unanimité autour des facteurs explicatifs de la crise de la médecine privée : absence de couverture médicale (15% seulement de la population marocaine en bénéficie), pouvoir d'achat limité de la population (la dépense consacrée à la santé est environ de 560 DH par habitant et par an) et forte concentration des médecins dans les principales villes. En raison des deux premiers facteurs, l'automédication évolue de façon importante. « Pour la pédiatrie, ce phénomène est très répandu. Les mamans aujourd'hui amènent de moins en moins leurs enfants car pour tout ce qui est bronchite, diarrhée, angine, etc., elles vont directement chez le pharmacien», explique un pédiatre de la place. Son cabinet qui recevait, il y a quelques années, une vingtaine d'enfants par jour n'en reçoit plus que cinq ou six actuellement. Il s'agit en général de nouveaux-nés venus pour les vaccins.
La mise en place de l'AMO permettra-t-elle une amélioration de la situation? Les médecins en doutent. «Les soins ambulatoires étant exclus de l'AMO, il ne faut pas espérer grand-chose, sachant par ailleurs que la population bénéficiaire du Ramed, soit 50% de la population marocaine, sera soignée dans les hôpitaux», note le Dr Anbari qui ne manque pas de souligner que les médecins privés se sentent exclus de la politique de santé du pays. L'avenir n'est cependant pas aussi morose. La CNOPS prend en charge les soins ambulatoires et les 350 000 assurés auprès des compagnies privées disposent d'une période transitoire de 5 ans avant de basculer vers l'AMO.
Un partenariat avec l'Etat pourrait être salvateur
En ce qui concerne la concentration des médecins dans certaines villes, le président du Conseil nord-ouest parle d'«une saturation totale de Rabat pour les généralistes ainsi que pour certaines spécialités comme la gynécologie, la pédiatrie, la rhumatologie, l'ophtalmologie, l'ORL, la cardiologie et la gastro-entérologie». La capitale administrative compte à elle seule 900 médecins privés dont 70 % de spécialistes. La norme d'un médecin pour 500 habitants est largement dépassée dans cette ville qui affiche un ratio de 1 médecin pour 200 habitants.
Casablanca n'a pas atteint ce niveau. Le Dr Anbari ne parle pas de concentration. Au contraire, il estime que la ville, qui compte 1 médecin pour 2 000 habitants, est en état de manque. Il y signale toutefois «une redistribution de la clientèle en faveur des médecins femmes suite à la montée de l'islamisme dans certains quartiers de la ville».
Que faire donc pour surmonter la crise ? Celle-ci va en s'aggravant au point que les bacheliers, conscients de la gravité de la situation, boudent la faculté de médecine. Aujourd'hui, 700 nouveaux médecins sortent des quatre facultés du pays (Casablanca, Rabat, Marrakech et Fès) chaque année. Autrefois, le même nombre sinon plus sortait uniquement de la faculté de Rabat.
Parmi les solutions préconisées, les médecins privés proposent une stratégie de partenariat avec le secteur public. A ce niveau, plusieurs pistes sont évoquées. On suggère que les médecins vacataires pourraient exercer dans les hôpitaux tout en gardant leurs cabinets. On parle aussi de signatures et de conventions liant les hôpitaux et des médecins spécialistes et précisément les radiologues, qui mettraient à contribution leurs équipements pour des prestations payées par l'Etat. «Actuellement, un radiologue qui reçoit deux ou trois malades par jour facture un scanner à 1500 dirhams. Cela est tout à fait normal car il faut amortir le matériel et en assurer les frais d'entretien. Mais, dans le cadre d'un partenariat avec le public, s'il reçoit 10 patients, il pourra réduire même de 50 % le prix du scanner, explique le Dr Anbari.
Autre piste évoquée : la création de cabinets en association. Ce schéma permettant de réduire le coût des investissements et les charges est d'ailleurs en plein développement à Casablanca. Cependant, au niveau fiscal il n'y a pas d'encouragement dans la mesure où «les associés doivent payer deux fois la patente par exemple ! », déplore le président du Conseil de la région centre. De plus, «notre activité n'a pas de caractère commercial, alors pourquoi payer la patente ?», s'interroge le Dr Anbari.
«Aujourd'hui, l'ouverture d'un cabinet de médecin généraliste nécessite une enveloppe allant de 800 000 à un million de DH. Pour un spécialiste, il faudra 500 000 dirhams supplémentaires», explique Abdelouahed Anbari. Et c'est le coût de l'immobilier qui alourdit l'investissement. Les plateaux à usage professionnel sont commercialisés à 12 000 dirhams le mètre carré. Pour les médecins qui optent pour la location du cabinet, la situation n'est guère meilleure. Dans les quartiers populaires, le loyer avoisine le plus souvent les 7 000 DH. L'association des moyens peut donc être salvatrice. Mais au-delà de toutes ces propositions, les médecins estiment que la solution devrait s'intégrer dans une politique globale de la santé, seule en mesure de sauver la profession.
Il n'est pas rare de trouver tout un immeuble occupé par des médecins, dont deux au moins exercent dans la même spécialité.
Médecine à crédit
Wafa El Haloui Alami est médecin généraliste, installée à Casablanca. Un médecin bien particulier puisqu'il lui arrive fréquemment de faire crédit à ses patients. Crédit partiel, parfois même crédit total. «Il faut bien soigner les malades, le devoir du médecin n'est pas seulement de se faire de l'argent»,
affirme le docteur qui reconnaît toutefois que le crédit est également un moyen de ne pas perdre sa clientèle, surtout en basse saison.
Pour s'y retrouver, le Dr El Haloui a mis en place un minimum de procédures. Ainsi son assistante tient un registre des sommes dues par les clients et il existe des plafonds selon les moyens du client. Combien n'honorent pas leurs dettes ? «Cela arrive, mais très peu. En général, les malades sont sérieux». En allant en consultation chez le Dr El Haloui, qui a inscrit à l'actif de ses compétences une formation en allergologie, il n'est pas rare de surprendre des bribes de négociation : «Vous me devez déjà 100 DH. Avec la consultation d'aujourd'hui cela fait 200. Combien allez-vous verser aujourd'hui ?». Quand l'humanitaire se conjugue à la nécessité de gagner son pain quotidien…


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