Le passage du support papier au support électronique rencontre des résistances liées aux mentalités. Equipements informatiques obsolètes et manque de formation ne permettent pas non plus d'avancer. Entamée il y a quelques années, la dématérialisation des opérations bancaires (substitution des supports électroniques aux supports papier) a du mal à prendre son essor. Pourtant, dans un contexte de compétition internationale exigeant de chercher des gains de productivité, cette option qui réduit sensiblement le coût des opérations aussi bien pour les banques que pour l'entreprise, semble très judicieuse. Dans sa conception la plus finie, la dématérialisation évite toute rupture de charge, c'est-à-dire la ressaisie d'un document. L'entreprise reçoit de sa banque les documents électroniques qui peuvent être directement intégrés dans son propre système d'information et servir pour les rapprochements comptables ou la gestion de trésorerie. Cette technique permet en outre de sécuriser les flux, contrairement aux moyens de paiement classiques que sont les chèques ou les effets, qui courent des risques élevés de vols ou de fraude. Ainsi, le virement électronique permet de sécuriser les transactions car, une fois l'ordre envoyé, l'entreprise reçoit après authentification l'accusé de réception de la banque qui exécute instantanément l'opération. Dans le même sens, la dématérialisation facilite les échanges commerciaux en réduisant de manière considérable les délais de paiement souvent dus à la mauvaise circulation de l'information. Le refonte du système de facturation des banques est incontournable Selon Mohamed El Hajouji, administrateur de Akce Finance et ex-président de l'AMTE (Association marocaine des trésoriers d'entreprises), «la dématérialisation bute sur les mentalités aussi bien au niveau des entreprises que des banques». Abondant dans le même sens, des financiers notent que le support papier est encore très ancré dans les entreprises. Il n'est pas rare d'entendre en guise d'explication, à propos d'un retard de paiement, des réponses du genre : «Le chèque est à la signature» ou «le directeur n'est pas encore rentré pour signature», alors que le parapheur électronique aurait résolu ce problème. Le directeur pouvant signer les documents où qu'il soit, même à l'étranger. Ils avancent dans la foulée que les entreprises refusent de dématérialiser les moyens de paiement pour ne pas perdre l'avantage que leur procure l'allongement des délais de paiement fournisseur, oubliant qu'elles peuvent récupérer d'un côté ce qu'elles perdent de l'autre. Dans tous les cas, pour franchir le cap, les entreprises sont tenues de moderniser leur système d'information et d'améliorer la gestion de leurs ressources humaines pour les préparer à un nouvel environnement. Il en est de même pour les banques. A en croire des intervenants dans le domaine de la finance, ces dernières ont un rôle à jouer dans la promotion, en s'appuyant sur l'expérience des pays européens. Le hic est que les entreprises sont faiblement équipées en informatique ou en solutions Internet. Enfin, dernier problème : la refonte du système de facturation des banques qui devront basculer d'un mode de rémunération basé sur les taux d'intérêt et les dates de valeur aux commissions, c'est-à-dire la facturation des services rendus. Reste à savoir si leur culture commerciale les poussera à sauter le pas. La SGMB se met au e-banking La Société générale marocaine des banques (SGMB) s'est engagée dans un processus de généralisation des services de banque à distance. Elle vient de créer un département dédié : la Banque électronique. Selon ses responsables, le but premier de la dématérialisation est, outre le souci de mieux répondre aux besoins de la clientèle, une optimisation des coûts de traitement de la banque. «Ces services permettent un allègement des coûts de traitement pour le client et à la banque une meilleure qualité de service et des délais maîtrisés», explique M. Khalid El Oudghiri, responsable de la Banque électronique. Le département prépare la généralisation de nouveaux produits incluant des solutions de télétransmission pour permettre aux entreprises d'introduire les données de la banque directement vers des solutions de gestion de trésorerie ou de rapprochement comptable. Pour la promotion de ces produits, le département mettra à la disposition des agences des équipes de technico-commerciaux à même de mieux expliquer le contenu de ces logiciels de télétransmission. Les prix de ces services seront à négocier au cas par cas .