Des discussions sont en cours entre le ministère de la Santé et les industriels. Depuis quelques semaines, le ministère de la Santé et l'Amip (Association marocaine de l'industrie pharmaceutique) mènent des discussions, dans la plus grande discrétion, sur les prix des médicaments qui seront sans doute révisés à la baisse au cours des prochains mois et, plus exactement, selon des spécialistes de la question, à la veille de l'entrée en vigueur de l'AMO, donc en octobre prochain. Le ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah, confirme l'existence des discussions : «Nous souhaitons que le prix du médicament se rapproche au maximum de la bourse des citoyens». En fait, tout est parti des conclusions d'une étude réalisée par un cabinet étranger qui révélait le niveau élevé des prix des médicaments au Maroc par rapport à des pays voisins. Un constat qui a fortement déplu, selon des sources sûres, au premier ministre, Driss Jettou. Il a alors invité les industriels à revoir à la baisse leurs prix. Les deux parties, ministère de la Santé et Amip, ont alors initié des études (en cours de finalisation) susceptibles, dit-on à la direction du médicament, d'éclairer les décideurs sur les niveaux relatifs des prix au Maroc et dans quelques pays voisins ainsi que sur l'évolution des prix des médicaments sur le marché local durant les dernières années. L'étude du ministère vise également «à déterminer le niveau d'application de la réglementation en vigueur et de mettre en évidence les insuffisances de cette réglementation à la veille de la mise en œuvre de l'AMO», explique la direction du médicament. Les résultats de ces deux études devraient permettre aux discussions engagées il y a quelques semaines entre les deux parties d'avancer. Une réunion prévue pour lundi 21 mars a été reportée à la demande des industriels qui n'ont pas encore bouclé leur étude. «A ce stade nous ne pouvons pas donner de réponse précise car nous n'avons pas encore tous les éléments en main», déclare Ali Sedrati, président de l'Amip, qui ne manque pas de souligner que «le dossier est délicat car le secteur pharmaceutique joue un rôle économique et social indéniable». Mais le gouvernement peut-il obliger les industriels de réduire leurs prix ? Légalement il en a tout le pouvoir puisque ces prix sont réglementés, mais la démarche adoptée sera consensuelle. «Il n'est nullement question pour nous de les obliger à baisser leur prix. Cependant, nous souhaitons que les marges bénéficiaires se rétrécissent concomitamment à l'élargissement de la demande en médicaments suite à l'entrée en vigueur de l'AMO», répond M. Biadillah. Derrière ce discours diplomatique, il est clair que l'objectif du gouvernement est de faire baisser les prix du médicament pour une plus grande accessibilité dans le cadre de l'AMO. Pour fonder sa requête, l'Etat se base sur deux facteurs qui permettraient à l'industrie de compenser le manque à gagner généré par ladite baisse des prix. D'abord, l'entrée en vigueur de l'AMO aura un impact positif sur la demande de médicaments. Rappelons qu'aujourd'hui le marché du médicament est exigu : la consommation par tête d'habitant et par an s'élève à 275 DH et le chiffre d'affaires du secteur a faiblement évolué lors des trois dernières années. Il est passé de 4,5 milliards de DH en 2002 à 4,6 milliards, en 2003, et 4,8 milliards en 2004. Deuxième facteur, le code de la pharmacie qui prévoit la libéralisation du capital de l'industrie pharmaceutique. Son adoption se traduira par de nombreuses délocalisations de laboratoires étrangers avec à la clé le développement des exportations aujourd'hui limitées aux pays d'Afrique noire. Pour le moment, les propositions des industriels ne sont pas encore connues, mais selon une source proche du dossier, «si leur position ne va pas dans le sens de la baisse des prix, des mesures seront prises par le gouvernement». Plusieurs actions pourraient être introduites notamment la réduction au minimum des droits de douane sur tous les intrants ou encore la réduction des droits et taxes sur les médicaments importés