Déprotection, fusions-acquisitions et gros chantiers d'infrastructures boostent l'offre. Les entreprises sont à la recherche de cadres intermédiaires, mais également de jeunes diplômés. Le marché de l'emploi reprend des couleurs. En effet, depuis quelques mois, un réel frémissement est observé et cette tendance, si elle venait à s'affirmer, constituerait une rupture avec les années précédentes. En tout cas, le frémissement est en phase avec un trend plus prononcé, lui, puisque le Haut commissariat au Plan annonce une sérieuse baisse du taux de chômage pour le troisième trimestre de 2004. Il est de 10,9%, en baisse de 1,4 point par rapport à la même période de 2003. Sans confirmer ou infirmer cette tendance baissière du chômage, la plupart des cabinets de recrutement notent une augmentation de la demande en embauche en 2004, qui s'est accentuée depuis la rentrée. La plupart des secteurs de l'industrie nationale (agroalimentaire, chimie, finance, équipements automobiles, BTP, etc.) sont aujourd'hui, non seulement demandeurs de main-d'œuvre, mais aussi de cadres. Jamal Bellahrach, Dg de Manpower Maroc, parle même d'une bonne année pour son entreprise. On assiste, selon lui, à une tendance lourde qui s'installe sur le marché du travail, notamment pour ce qu'il appelle «le management intermédiaire». En d'autres termes, le marché cherche de bons «lieutenants», capables d'assumer une responsabilité opérationnelle. Et ce phénomène toucherait aussi les jeunes diplômés qui sont relativement bien préparés pour intégrer le marché du travail. Le même constat est fait, à quelques nuances près, par Essaïd Bellal, administrateur- directeur général du cabinet Diorh, qui n'est pas non plus mécontent de l'activité de son entreprise en cette année 2004. «Depuis le mois de septembre, précise-t-il, on assiste à une réelle reprise du marché du travail.» Cela dit, qu'est-ce qui explique cette reprise constatée sur le marché ? Là aussi ce sont plus ou moins les mêmes réponses qui reviennent chez les professionnels du recrutement. Les jeunes diplômés sont plus enclins à la création d'entreprise que leurs aînés Selon Jamal Belahrach, l'attentisme ambiant dans les milieux d'affaires est atténué en raison de l'adoption du nouveau code du travail qui a relativement amélioré la visibilité chez les entrepreneurs. L'autre élément qui a, selon lui, dynamisé le marché du travail, réside dans les dernières fusions-absorptions dans le secteur financier, lesquelles, si elles s'accompagnent de plans de départ d'une partie du personnel, n'en nécessitent pas moins le recrutement de nouveaux profils, mieux adaptés à la stratégie des nouvelles entités. Un autre facteur qui a donné un coup de fouet à l'emploi vient du lancement par l'Etat de grands chantiers, notamment dans le secteur des infrastructures. Le DG de Manpower regrette, cependant, qu'un chantier comme Vision 2010 pour le tourisme, n'incite pas les professionnels du secteur à recruter plus de compétences pour servir cette vision. Pour sa part, Essaid Bellal considère que le fait que le Maroc ait aujourd'hui un gouvernement plus tourné vers l'économique que vers le politique n'est pas étranger à l'amélioration de l'emploi d'une manière générale. Il y a certes, dit-il aussi, les grands chantiers de l'Etat, mais l'ouverture de l'économie marocaine sur l'étranger, et donc la déprotection des entreprises, incite ces dernières à «recruter des profils capables de se battre pour affronter la concurrence». Siham Alaoui, du cabinet Convergence Conseil, estime, quant à elle, que les entreprises connaissent aujourd'hui mieux leurs besoins que par le passé. Elle relève aussi une tendance nouvelle chez les jeunes diplômés marocains qui se lancent de plus en plus dans la création de leur propre affaire, contrairement à leurs aînés qui considéraient le salariat comme incontournable. Le phénomène, selon elle, est palpable L'adoption du nouveau code du travail a donné plus de visibilité aux entreprises, estime-t-on. Le marché cherche de bons «lieutenants», capables d'assumer une responsabilité opérationnelle.