Le seuil de lemployabilité au Maroc pour les collaborateurs intérimaires nest pas encore des meilleurs. Perçu par lentreprise comme un moyen dalléger ses charges au niveau des ressources humaines, le travail temporaire reste toujours dans le flou, malgré le nouveau code du travail. La reconnaissance du travail temporaire par la législation sociale nouvellement entrée en vigueur na pas encore permis une réelle réglementation. Le constat dressé par Jamal Belahrach, DG de Manpower, à loccasion de la présentation du bilan de son entreprise, signifie avant tout que «le réservoir» des sans-emploi au Maroc demeure sous-exploité. À ce titre, le code du travail, entré en vigueur le 8 juin 2004, handicape la réussite du principe de la flexibilité du travail. En effet, la durée maximale pour un contrat signé avec un collaborateur intérimaire ne doit pas dépasser 6 mois. Dans lesprit du législateur, cette mesure serait apte à pousser les entreprises à recruter. Pourtant, de lavis du DG de Manpower, cette durée «doit absolument être revue à la hausse, car elle est en net décalage par rapport aux besoins de lentreprise». Pis encore, «à cause de cette loi, poursuit J. Belahrach, nous avons été obligés de rompre des contrats de collaborateurs intérimaires; ce qui veut dire que la tentative dimposer à lentreprise le recrutement des intérimaires na pas marché». Il faut reconnaître que cette durée de 6 mois est très limitative pour les collaborateurs comme pour les clients de Manpower dans la mesure où cela représente un temps minimum à la fois pour un collaborateur de sadapter et pour lentreprise de lévaluer. Ce qui est grave, cest que certaines entreprises estiment avoir la liberté de ne pas déclarer leurs intérimaires sur la totalité des durées. Ce trait «culturel» du management au Maroc est encore plus confirmé quand on sait que les multinationales se sont accaparé la part du lion concernant les contrats signés avec les intérimaires. Sur les 3.924 collaborateurs recrutés en 2004, 61% reviennent aux multinationales contre 39% aux sociétés marocaines. La typologie de lintérimaire nous enseigne aussi que la tranche dâge la plus demandée est celle qui correspond à la catégorie 18-29 ans, avec 49,32%, suivie de celle de 30 à 39 ans, avec 37,41%. Les célibataires restent de leur côté les plus enclins à accepter une mission temporaire au sein de lentreprise. Ils sont en effet 77% contre 33% en tant que demandeurs mariés. Sur le registre des rémunérations, les chiffres révélés par Manpower situent le salaire mensuel moyen à 2.286 DH pour une mission intérimaire; ce qui indique que près de 50% des intérimaires marocains acceptent le SMIG. Il est à noter que le secteur de lindustrie demeure le gros manager du travail temporaire avec plus de 70% des contrats signés. Le secteur tertiaire vient très loin derrière avec 27%, même sil est actuellement lune des branches dactivité les plus attractives pour les investissements.