Plus de 8 milliards de DH brassés par les trois opérateurs du secteur, en hausse de 6,5% par rapport à 2013. 74% des sommes misées concernent les jeux hippiques, suivis des paris sportifs avec 20%. Les opérateurs ne lésinent pas sur les moyens pour recruter de nouveaux joueurs. Paris sur les courses de chevaux, paris sportifs et autres jeux de hasard continuent de séduire les Marocains de tous âges et de toutes catégories sociales. La preuve, le chiffre d'affaires du secteur a affiché au titre de l'année 2014 une croissance de 6,5% par rapport à l'année précédente, à 8,14 milliards de DH. Ce sont les paris hippiques qui attirent le plus les Marocains. La Société royale d'encouragement du cheval (Sorec) qui détient le monopole des paris hippiques au Maroc a réalisé à fin 2014 un chiffre d'affaires de 6 milliards de DH, en croissance de près de 5% par rapport à 2013 et de 24% en moyenne sur la période 2011/2014. Ces performances confèrent ainsi à la Sorec la position de leader sur le marché des jeux et paris sportifs avec une part de marché avoisinant les 74% des réalisations opérationnelles générées par l'ensemble des opérateurs du secteur (hors casinos). Le chiffre d'affaires brassé par les paris sportifs et les loteries instantanées a enregistré une progression de 12% à fin 2014, à 1,642 milliard de DH, contre 1,466 milliard en 2013. Ces jeux gérés par la Marocaine des jeux et des sports (MJDS) représentent 20% du marché. Cette société a enregistré une croissance de 108% entre 2009 et 2014 et un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 16,39% sur la même période. Enfin, la Loterie nationale, société détenant le monopole des jeux numériques, a vu son chiffre d'affaires stagner au titre de l'année 2014. Il est de l'ordre de 500 MDH (6% de part de marché). Cependant, il est à noter que «le nombre des participations quotidiennes a affiché une progression pour atteindre les 70000 par jour», confirme une source au sein de l'entreprise. Cette même source attribue la stagnation du chiffre d'affaires de la Loterie nationale à la décision prise par le ministère de la communication en 2012 de supprimer les spots publicitaires des jeux de hasard et des paris sportifs sur 2M. «Depuis cette date, les ventes de l'entreprise ne cessent de baisser. La régression est estimée aujourd'hui à 10%». Cependant, si la Loterie nationale a été gravement touchée par l'interdiction de la publicité à la télé, la MDJS continue quant à elle de progresser. D'après les chiffres qu'elle a communiqués, ses ventes se montaient à 1,313 milliard de DH en 2012, en hausse de 36% par rapport à l'exercice précédent. Entre 2012 et 2014, elle a affiché une croissance de 25%. Youtube et radios… les canaux privilégiés de la MDJS pour recruter les joueurs En clair, le hasard ne fait pas toujours la fortune. Les performances financières de la MDJS sont avant tout le résultat d'une stratégie de communication bien ficelée. Depuis 2010, soit un an après le changement de son management, la MDJS a décidé de ne plus passer inaperçue en matière de communication. Cette stratégie s'est traduite d'abord par la signature d'un contrat de partenariat avec Intralot en 2010. Cet expert des jeux de hasard a ainsi pris en charge la promotion et le développement des produits de la société. Sur ce plan, les deux partenaires ont fait preuve d'ingéniosité. En effet, ils ont usé de tous les canaux pour communiquer autour des produits. Ainsi, l'opérateur a sponsorisé des émissions radio et principalement de «Ntkhatro avec Côté et sport», un programme diffusé sur Hit Radio qui cible les jeunes de 15 ans à 35 ans. La société a même investi Youtube en publiant des capsules ludiques pour expliquer comment jouer Côté et sport et par ricochet vulgariser le mode jeu avec des slogans comme «Dima Tayek frassek maa Côté et sport». Cette stratégie s'est avérée très efficace puisque les paris sportifs (Côté et sport et Totofoot) assurent plus de 58% du chiffre d'affaires de la MDJS. Le cœur de la cible de la Sorec est constitué des hommes âgés en moyenne de 40 ans Si la MDJS a sorti les grands moyens pour attirer de nouveaux parieurs notamment dans la tranche des jeunes, la Sorec a déployé la même stratégie pour toucher les seniors. Depuis quelques années déjà, l'opérateur s'est fixé, entre autres, comme ambition le développement des courses et jeux hippiques. Il a donc misé sur l'élargissement de son réseau afin de pouvoir couvrir toutes les régions du Royaume. Actuellement, «elle dispose de 540 points de vente en affiliation commerciale (données 2014) et de 28 agences en compte propre», apprend-on du côté de l'opérateur. Concernant sa cible, ses équipes confirment que «grâce à sa popularité, l'opérateur représente l'ensemble des classes socioprofessionnelles marocaines». Dans le détail, ce loisir demeure largement dominé par les hommes, malgré une présence féminine non négligeable. La classe moyenne marocaine constitue la part la plus importante de l'effectif des joueurs. Cependant, «le cœur de cible est constitué d'une population principalement masculine d'une moyenne d'âge de 40 ans, dotée d'un niveau d'instruction et de revenu moyen en phase avec le niveau constaté au Maroc», confirme l'opérateur. En clair, les opérateurs se sont engagés dans une course vers la rentabilité en pariant sur les nouveaux joueurs. Mais ils veillent à ne pas compromettre leur mission principale consistant à réduire l'addiction des parieurs.