«Nous n'allons pas recruter de nouveaux enseignants» La Vie éco : Après le baccalauréat international français, l'espagnol et l'anglais, c'est maintenant au tour du bac professionnel. On dirait que c'est toute une stratégie qui se profile à l'horizon… Oui, notre stratégie, avec ce bac professionnel, est d'abord de diversifier l'offre scolaire. Pour la première fois on installe une nouvelle option autre que l'enseignement général, et autre que le parcours de la formation professionnelle dispensée, elle, dans les différents centres du ministère. L'intérêt? Il est double. Jusqu'à présent il n'existe pas de passerelles entre les deux parcours, le jeune élève ne peut pas basculer de l'un vers l'autre. Désormais, c'est possible. Le second objectif est d'élargir l'éventail des débouchés, de sorte à ce que le titulaire du bac professionnel puisse avoir plus de choix: verser dans le professionnel s'il le désire, ou suivre le parcours universitaire s'il le souhaite. Ou même intégrer le marché du travail avec ce qu'il a acquis comme compétences. Toutes les portes lui seront ouvertes. L'autre intérêt de ce bac est qu'il y a un dosage entre la filière scientifique, la filière technologique et la filière professionnelle, ce qui permet aux jeunes de pouvoir s'intégrer dans le marché du travail très facilement. Nous avons constaté en effet un grand problème : des lauréats de licence et de master se sont tournés vers la formation professionnelle puisqu'ils n'ont pas trouvé de preneurs sur le marché du travail, pour acquérir une formation dans des domaines aussi variés que l'agriculture, l'artisanat, le tourisme…Pourquoi ne pas offrir plus de choix dès le lycée ? Maintenant, après le collège, les élèves ont le choix entre l'enseignement général et le cursus du bac professionnel, avec un tronc commun en première année du lycée. Après, ils choisissent la filière qu'ils veulent. Dans quels locaux cette formation sera dispensée : lycées ou établissements de la formation professionnelle Les deux. L'élève suivra ses cours dans un lycée pour une partie, et pour une autre, dans un centre de formation professionnelle. Le tout relève du même ministère bien entendu, celui de l'éducation nationale et de la formation professionnelle. L'un de nos objectifs est de valoriser la formation professionnelle au-delà des lieux où elle sera dispensée, on n'est plus dans la configuration de l'élève qui rate sa formation dans l'enseignement général et qui se dirige vers cette formation faute de mieux. Mais le jeune peut choisir cette voix dès le départ, juste après le collège. Un autre objectif : associer à ce projet le monde de l'entreprise, la CGEM et les fédérations. Le choix des branches d'activité, le choix des programmes d'enseignement ont été conçus avec les professionnels. L'élève du bac pro fera sa formation au lycée, au centre de formation et dans l'entreprise. C'est un partenariat qui permet d'aboutir à cette adéquation que nous cherchons entre formation, monde économique et marché de l'emploi. De quels moyens dispose le ministère sachant qu'il souffre déjà d'un déficit assez important en matière de ressources humaines : enseignants, administrateurs… ? Nous n'allons pas recruter de nouveaux enseignants. Des centres de formation et des lycées ont été identifiés pour dispenser cette formation, et les entreprises dans le secteur sont aussi déjà impliquées dans ce projet pour l'accompagnement, la réalisation et l'évaluation des stages… Est-ce que ces moyens suffiront pour encadrer des dizaines de milliers d'élèves qui peuvent faire le choix du bac pro ? Dans un premier temps nous allons adapter bien sûr cette formation aux besoins dont nous disposons. On lancera quatre branches dans trois secteurs d'activité, puis nous élargirons l'offre à d'autres branches d'activité par la suite. Nous sommes à l'écoute du marché de l'emploi et nous adaptons nos formations à ses besoins.