ALM : Qu'est-ce qui caractérise cette année 2015-2016 ? Larbi Bencheikh : Je voudrais tout d'abord rappeler que l'année 2015-2016 a particulièrement été marquée par l'insigne honneur que Sa Majesté le Roi a bien voulu nous faire en lui présentant, en octobre dernier, le nouveau Plan de développement de l'OFPPT pour la période 2015-2020. Ce plan traduit l'engagement de notre Institution à assurer la formation de plus de 1.700.000 jeunes, en vue d'accompagner les grands chantiers structurants lancés par notre pays et d'être à la hauteur des attentes des jeunes et des entreprises. Cette année a également vu le renforcement de la capacité d'accueil de notre dispositif qui a été portée à 436.000 places pédagogiques grâce à un réseau de 341 établissements couvrant l'ensemble du territoire. Aujourd'hui, l'offre de l'OFPPT touche plus de 300 métiers de différents secteurs (industriel, tertiaire, BTP, hôtellerie/tourisme, TIC-offshoring, Transport-logistique...), répartie en 6 niveaux : Technicien spécialisé (bacheliers, licenciés ou stagiaires bénéficiant du système de passerelle), Technicien (niveau Bac), Qualification (3ème année du collège), et Spécialisation (niveau de 6ème année), en plus d'une large palette de formations qualifiantes. Les faits marquants de cette année 2015-2016 sont également le démarrage du Bac Pro qui constitue l'une des recommandations du Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique. Il s'agit aussi de l'inscription de l'OFPPT dans la réalisation du Programme national de certificat de compétences professionnelles (CCP), mis en place dans le cadre de la qualification de 25.000 licenciés avec comme principal objectif l'amélioration de l'employabilité des jeunes diplômés chômeurs en leur assurant des formations dans des métiers porteurs d'emploi aux niveaux local et régional. L'OFPPT a pris en charge cette année la formation de 5.000 bénéficiaires, à travers les différentes régions du Royaume. Que représente pour vous le démarrage effectif du Bac Pro ? La mise en place du Bac Pro constitue à mon sens un tournant dans l'histoire de la formation professionnelle. Elle vise l'intégration des systèmes «Education et Formation», la valorisation de la formation et des parcours professionnalisants, la lutte contre la déscolarisation, et autres. Ce nouveau dispositif permet ainsi de diversifier les opportunités de formation et d'asseoir un système de passerelles entre le système de l'éducation nationale et celui de la formation professionnelle, de manière à renforcer la place de la formation professionnelle en tant que choix pour les jeunes. Par ailleurs, tout en assurant la synergie entre l'enseignement secondaire et le marché du travail, le Bac Pro donne aux bacheliers la possibilité de poursuivre des études supérieures (Licence professionnelle, Ecole d'ingénieurs, Ecole de commerce...) et d'améliorer ainsi leur insertion professionnelle. Et en chiffres ? La première promotion, au titre de l'année 2015-2016, est composée de 3.000 stagiaires dans 10 secteurs et 17 filières. L'instauration du Bac Pro vise une plus grande employabilité des jeunes, un accès aisé au marché du travail et une meilleure convergence avec les besoins en ressources humaines qualifiées des différents secteurs économiques. C'est dans cet esprit qu'il a été pensé et mis en place en concertation entre le ministère de tutelle, l'OFPPT et les Fédérations et associations professionnelles concernées. C'est cette approche qui constituera la clé de son succès et de l'affluence des jeunes vers ce parcours qui permet un gain de temps, une meilleure employabilité et de larges perspectives d'avenir. Aussi, notre plan de développement prévoit l'augmentation de la capacité dédiée à ce cursus pour atteindre 140.500 places d'ici 2020. Aujourd'hui, quelle place occupe la formation professionnelle dans l'enseignement au Maroc ? Sa Majesté le Roi Mohammed VI a qualifié la formation professionnelle de «clé de voûte dans tous les secteurs de développement». Il s'agit de la reconnaissance de l'inscription volontariste de l'OFPPT, en tant que premier opérateur public de formation professionnelle, dans les grands projets structurants et les programmes gouvernementaux de développement économique et social, particulièrement le Plan d'accélération industrielle, la Vision 2020, le Plan Maroc Vert, la Stratégie intégrée pour la logistique, le contrat-programme du secteur du transport, le BTP... De même, le volet social n'est pas en reste, à travers la formation les différentes actions solidaires portées par la Fondation Mohammed V pour la solidarité et la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus. Ce sont là de réels challenges que l'OFPPT a portés depuis plus d'une décennie. Sur la période 2002-2015, l'OFPPT a réussi à multiplier la production de son dispositif de formation par 6, et à former 1.400.000 jeunes, donc de ressources qualifiées qui ont rejoint le marché du travail et contribué au renforcement de la compétitivité des entreprises marocaines. C'est dire le chemin parcouru par notre institution et l'essor que connaît la formation professionnelle, sur le plan à la fois qualitatif et quantitatif ! L'importance accordée à la formation professionnelle se matérialise également par les taux d'insertion de nos lauréats qui varient entre 75 et 100%, comme confirmé par les enquêtes annuelles d'insertion que nous commanditons auprès de cabinets spécialisés. Cette importance est également confortée par la reconnaissance des entreprises dont certaines recrutent plus de 90% de leurs techniciens et opérateurs parmi les lauréats de l'OFPPT ; le secteur de l'aéronautique en est un exemple édifiant. Comment se profilent vos pers-pectives ? Nous allons continuer sur notre lancée, forts de la confiance royale et de nos acquis aussi bien en termes quantitatif que qualitatif. Nos perspectives sont essentiellement tournées vers la mise en œuvre du Plan de développement à l'horizon 2020 et la conclusion d'un contrat-programme Etat-OFPPT afin de disposer des ressources et moyens pour l'atteinte de nos objectifs. Concrètement, l'OFPPT renforcera sa couverture en termes de présence territoriale et d'offres de formation, à travers la création de 120 établissements de formation (soit une moyenne de 24 établissements par an) et, pour atteindre une capacité d'accueil de 650.000 places pédagogiques en 2019-2020 et 1.726.000 formés à l'horizon 2020, sans oublier 1,5 million de salariés en formation continue et l'appui à la création de 6.000 entreprises. Ce contrat-programme Etat-OFPPT et l'implication de nos partenaires seront autant d'atouts essentiels pour la réussite de ce nouveau challenge à portée nationale.