Un projet de réalisation d'une nouvelle fourrière dans la métropole prévoit la possibilité de concéder la gestion du service à une entreprise privée. Les opérateurs qui travaillent actuellement avec les services de police craignent que ce ne soit qu'une expérience pilote qui sera généralisée. Cela permettrait à la commune de dégager plus de recettes que les 4 millions de DH qu'elle génère actuellement. C'est un projet qui est quasiment passé inaperçu lors de la dernière session du Conseil de la ville de Casablanca, mais il fait quand même jaser du monde, notamment les professionnels du remorquage. Lors de cette réunion, le conseil a adopté un projet visant la réalisation d'une nouvelle fourrière de véhicules dans le Grand Casablanca. Une bonne nouvelle quand on sait l'état de saturation que vivent les sept fourrières qui existent dans la métropole. Cependant, dans le texte voté par les élus, une mention particulière inquiète les propriétaires des dépanneuses. Selon l'article 4 du document, la ville de Casablanca peut concéder la gestion de la fourrière à un opérateur privé sur la base d'un cahier des charges auquel il devra se soumettre. Pour les «dépanneurs» travaillant exclusivement avec les agents de la circulation, ce projet instaure la gestion déléguée dans leur secteur et pourrait ne pas concerner exclusivement la gestion de la fourrière, mais également le service de remorquage. Ceci aurait logiquement pour incidence l'arrêt d'activité pour la plupart d'entre eux. C'est dans ce sens qu'un sit-in a été organisé récemment devant le siège du Conseil de la ville pour dénoncer le projet et le manque de concertation dans sa préparation. Arriveront-ils à faire entendre leur voix ? Rien n'est moins sûr. Ce qui l'est en revanche, c'est qu'au niveau de la ville, on en est encore loin de cette situation. Un projet similaire est à l'étude à Fès Selon des sources au sein du conseil, le projet en question n'en est encore qu'à ses premières étapes, notamment la définition et la réservation du foncier qui abritera cette fourrière. Celle-ci sera réalisée dans un objectif principal de soulager les sept autres fourrières de la métropole. De plus, le projet tel qu'il a été voté par les élus n'instaure pas définitivement la concession de la gestion de la fourrière à un opérateur privé. «Il donne juste le droit au conseil d'y recourir si à terme il le juge nécessaire», explique notre source. Néanmoins, on serait tout de même tenté de penser qu'il pourrait s'agir là d'une expérience pilote, pouvant être généralisée à l'avenir aux autres fourrières. Ceci pour plusieurs raisons. D'abord, Casablanca n'est pas la première à être tentée par la gestion déléguée dans ce secteur. La commune de Fnideq, dans la région de Tanger-Tétouan, a récemment lancé un appel d'offres pour la sélection du délégataire de ces services, conformément à une décision prise fin 2013 par les autorités locales. A Fès, un projet pareil est également en cours. Ensuite, la gestion déléguée de ce service permettrait à la ville de Casablanca d'augmenter sensiblement les recettes liées à la mise en fourrière des véhicules. Sur la base des comptes administratifs de l'exercice 2013, ces recettes tournent actuellement autour de 4 MDH. Plusieurs élus au sein du Conseil de la ville considèrent ce montant très faible, comparativement à ce que dégagent par exemple les opérateurs du dépannage qui remorquent les véhicules vers les fourrières. Dans la pratique, il faut savoir que la ville perçoit 20 DH par jour pour chaque automobile, et 5 à 7 DH par bicyclette ou vélomoteur. En revanche, l'opérateur qui se charge du remorquage peut dégager jusqu'à dix fois plus sur chaque véhicule. Aucune décision officielle ne fixe le montant du service, ce qui laisse en effet libre recours aux sociétés de dépannage de fixer le prix. Ce dernier varie de 100 DH à 250 DH selon le type de véhicule et de la distance parcourue pour acheminer le véhicule vers la fourrière. Ce prix atteint même des proportions plus importantes lorsqu'il s'agit de mise en fourrière décidée par la gendarmerie dans la périphérie de la ville. Ce cas de figure est surtout fréquent lors de la saison estivale où les contrôles des gendarmes sont plus importants au niveau de la route d'Azzemour qui mène vers les plages de Tamaris et Sidi Rahal. A ce niveau, le prix du service peut dépasser largement les 500 DH. En concédant les services de dépannage avec la gestion de la nouvelle fourrière, la ville s'assure une redevance qui tient également compte des recettes de remorquage, ce qui devrait multiplier les recettes globales qu'elle perçoit sur le service. C'est dire que les raisons pour tenter l'expérience ne manquent pas, d'autant plus dans le contexte actuel où la ville doit optimiser l'ensemble de ses ressources pour réaliser les différents projets dont elle a besoin.