Les plans d'action prioritaires seront valables jusqu'à fin février 2014, date à laquelle les prochains adjudicataires entreront en service. L'accent est mis sur les déchets verts et les gravats générés par les particuliers. L'état déplorable de la voirie et le stationnement anarchique rendent plus difficile le travail des agents. Au lendemain du discours royal prononcé à l'occasion de l'ouverture de la nouvelle session parlementaire et qui, rappelons-le, n'a pas manqué de souligner les manquements dans la gouvernance de Casablanca, c'était le branle-bas de combat chez les trois opérateurs chargés de gérer la collecte des déchets. Après plusieurs réunions tenues aussi bien en interne qu'avec les autorités locales, chacune des trois entreprises concernées, Pizzorno-Segedema, Sita El Beida et Tecmed Maroc, est ressortie avec un plan d'actions prioritaires censé remettre à niveau la gestion des déchets à Casablanca. Le timing de cette démarche a de quoi retenir l'attention : elle intervient d'abord dans le même temps que l'Aïd Al Adha qui, on le sait, oblige en théorie les gestionnaires de déchets à être sur le pied de guerre, mais elle intervient surtout moins de 5 mois avant la fin des actuels contrats de gestion déléguée. «D'après notre contrat, notre dernière opération "spéciale" était l'Aïd. Il s'agissait pour nous de faire un effort supplémentaire. Après 10 ans de contrat, autant terminer en beauté», confie une source au sein de Pizzorno-Segedema. Résultat, depuis près d'un mois, les actuels gestionnaires ont mis les bouchées doubles pour honorer leurs engagements. Augmentation des moyens humains et matériels Validés par le Conseil de la ville, ces trois plans d'actions prioritaires seront donc valables jusqu'à fin février 2014 puisque le 1er mars suivant, les prochains adjudicataires sont censés prendre le relais. Préparés séparément par chacune des entreprises, ces plans ont néanmoins en commun bon nombre de mesures qui se doivent de répondre aux mêmes problèmes. Les trois mettent ainsi l'accent sur la collecte des déchets verts et des gravats générés par les particuliers. «Entre mars et octobre, la quantité de déchets verts à récolter peut atteindre entre 25 et 30 tonnes par jour alors que le reste de l'année ce nombre atteint seulement 10 tonnes par jour», explique-t-on chez Pizzorno-Segedema. L'entreprise s'est d'ailleurs vu accorder par la ville l'autorisation de récolter jusqu'à 50 tonnes par jour. L'objectif est de «rattraper le retard accumulé d'ici décembre». Pour ce faire, un semi-remorque est loué. Idem pour la collecte des gravats : 2 semi-remorques sont louées pour rattraper encore une fois le retard accumulé. «Nous avons concentré notre travail sur la collecte des gravats et des déchets verts», annonce également Luis Masiello, DG de Tecmed Maroc. «Nous travaillons à l'éradication des points noirs connus en la matière en renforçant les équipes. Des équipes d'intervention rapide ont d'ailleurs été mises en place pour mettre en œuvre un planning hebdomadaire établi pour chaque secteur que nous couvrons», affirme, pour sa part, François Pyrek, DG de Sita El Beida, société qui a recruté 275 balayeurs supplémentaires en intérim. «Sur les deux prochains mois, une grande campagne d'éradication des gravats sera menée», continue-t-il. Le balayage est lui aussi concerné. «Nous avons décidé de mécaniser le balayage qui était jusque-là manuel mais nous restons pénalisés par la qualité de l'urbanisme de Casablanca. Les trottoirs sont fracassés et les gens stationnent parfois de façon sauvage», déplore-t-on au sein de Pizzorno-Segedema. «Même si en hiver le tonnage collecté est inférieur de 15 à 20% par rapport au tonnage de l'été, nous avons décidé de pratiquement maintenir la fréquence estivale. En fonction du quartier, nous pouvons passer jusqu'à 8 fois par jour. Le minimum a été fixé à 2 passages quotidiens», indique cette société. Tecmed et Sita El Beida ont également pris l'initiative d'ajouter des bacs supplémentaires. De nouvelles solutions de ramassage sont testées Si ces mesures peuvent engendrer des charges financières supplémentaires surtout si l'entreprise concernée ne se voit pas sélectionnée dans le cadre du nouvel appel d'offres, elles permettent néanmoins de tester sur le terrain de nouvelles solutions. Tecmed introduit ainsi un nouveau système de collecte avec des bacs de 3 m3 au lieu de 770 litres quand Sita El Beida met en place 80 bornes Ecodi de 5 m3, chacune équivalente à 7 bacs. Outre ces initiatives similaires, chacune des trois sociétés y va de sa touche personnelle. Chez Sita El Beida, il a ainsi été décidé de lancer une grande campagne de communication et de sensibilisation dans les quartiers durant les 3 prochains mois. De son côté, Pizzorno-Segedema s'est engagée dans une tentative de coopération avec les recycleurs informels. Elle compte lancer une enquête pour évaluer les possibilités de solutions et expériences faisables. Toutes ces mesures exceptionnelles ne vont évidemment pas sans entraîner un surcoût que les entreprises ont accepté de prendre à leur charge. Au final, la facture mensuelle supplémentaire pour les trois sociétés réunies dépassera 3,5 MDH. Sita El Beida et Tecmed Maroc estiment ainsi leur charge à quelque 1,5 MDH par mois et Pizzorno-Segedema, dont la structure est plus petite, prévoit entre 500 000 et 600000 DH par mois.