L'électricité commercialisée par l'ONEE a baissé de 0.6% à fin septembre. Les volumes achetés via les interconnexions avec l'Espagne ont cependant augmenté de 10%. La part de l'électricité importée représente 17% de la consommation. La consommation d'électricité est à la peine : pas plus de 1,2% de hausse sur les neuf premiers mois de cette année. Et encore, cette hausse concerne l'énergie électrique nette appelée. L'électricité vendue, elle, a baissé de 0,6%. A titre de comparaison, à la même période de l'année dernière, l'électricité appelée avait augmenté de 10,3% et celle facturée de 8,1% par rapport à septembre 2011. Dans cette atonie de la consommation électrique, il faut sans doute voir, entre autres, les retombées de la contraction du secteur de la construction et de certaines branches industrielles, comme le textile. Il est significatif à cet égard, et à titre d'exemple, que les ventes d'électricité aux consommateurs très haute tension (THT), haute tension (HT) et moyenne tension (MT), soit les consommateurs industriels, a reculé de 2%. Mais malgré ce fort ralentissement de la demande, les importations d'électricité, elles, n'ont pas baissé, bien au contraire. Les statistiques du ministère de l'énergie et des mines montrent en effet que la part de l'électricité importée via les interconnexions Maroc/Espagne et Maroc/Algérie représente 17% de l'électricité totale appelée sur les neuf premiers mois de l'année ; soit une hausse de 10,1% par rapport à la même période de 2012. On peut se demander pourquoi recourir à des achats d'électricité en période de basse activité industrielle. Il semble bien, en fait, que l'Office national de l'électricité et de l'eau (ONEE), qui traverse d'énormes difficultés financières comme chacun sait, ait eu recours aux importations dans l'optique d'un arbitrage économique qui lui est favorable. Habituellement, notamment durant la période où la marge de réserve (rapport entre la capacité disponible et la demande en pointe) avait fléchi sérieusement (moins de 10%), les importations étaient plutôt contraintes. Aujourd'hui, c'est plutôt un choix, car le prix du KWh en Espagne, compte tenu de la crise que connaît ce pays, est économiquement intéressant pour l'ONEE. La preuve, alors que le volume d'électricité importée a augmenté (de 10% comme déjà indiqué), la valeur des achats, elle, a baissé de 2,3%, à 2,1 milliards de DH. En outre, l'ONEE en a profité pour baisser sa production à base de fioul (-26,8%) et de gasoil (-21,5%), deux combustibles extrêmement chers, qui renchérissent inutilement le prix de revient du KWH produit, puisque l'office ne peut pas répercuter la hausse des prix des combustibles sur les prix de vente ; ce qui explique, d'ailleurs, très largement sa crise financière. Construction d'une troisième ligne avec l'Espagne Cela pour dire que les interconnexions électriques sont d'un apport précieux pour le Maroc. D'abord et essentiellement, celles reliant le Maroc et l'Espagne : deux interconnexions de 700 MW chacune, déjà opérationnelles, et une troisième en projet. La capacité totale de transit à l'achèvement de cette dernière sera portée à 2 100 MW, avec 1 400 MW garantis, selon les indications de l'ONEE. Aujourd'hui, sur les 1 400 MW de capacité de transit, quelque 700 MW seulement sont garantis par Red Electrica de Espana, l'opérateur espagnol. Quant aux trois lignes avec l'Algérie, l'électricité qui y transite n'est pas formalisée par des contrats commerciaux, elle sert à se secourir mutuellement en cas de besoin. C'est pourquoi, quand on parle d'importation d'électricité, il s'agit le plus souvent d'achats effectués sur le marché électrique espagnol. Les statistiques du ministère de l'énergie et des mines (voir graphe) montrent que ces achats ont été multipliés par plus de 3 voire par 4 depuis 2005 (en volume, s'entend). Mais les interconnexions avec l'Espagne n'ont pas pour seul objectif d'importer de l'électricité en cas de besoin ou lorsque le KWH est plus compétitif chez les Espagnols. A terme, ces lignes devraient également servir à évacuer l'électricité produite au Maroc pour la commercialiser en Europe. Ceci sera possible lorsque le pays se sera doté d'une capacité plus grande à même de satisfaire la demande nationale, en progression constante, et en même temps de dégager des surplus à vendre à l'extérieur. Aujourd'hui, la capacité installée est de 6 692 MW (à fin 2012), alors que la demande en pointe a enregistré un nouveau record le 8 juillet dernier à 5580 MW. Certes, la marge de réserve est désormais revenue aux normes généralement admises, mais la demande globale pourrait reprendre son trend haussier (qui est de l'ordre de 7 à 8% par an) entamé depuis le début de la décennie 2000. La situation en 2013 devant à cet égard être considérée comme conjoncturelle. C'est d'ailleurs en perspective de cette demande en croissance que de nouvelles capacités de production sont en cours de réalisation ou programmées, que ce soit des capacités thermiques ou renouvelables (voir encadré).