La Charte sur la laïcité qui vient d'être affichée ce lundi dans tous les établissements scolaires publics en France, suscite un vif débat dans la société française, certains la voyant comme visant l'islam plus que les autres religions, alors que son initiateur, le ministre français de l'Education nationale, Vincent Peillon, s'en défend, soulignant qu'elle met toutes les religions sur un pied d'égalité. Le texte fait interdiction aux élèves, dans certains des quinze articles qu'il comporte, de porter des signes religieux ostensibles en classe ou de refuser des cours au nom de leurs convictions religieuses. Pour le ministre de l'Education nationale, cette charte est en conformité avec la mission confiée par l'Etat à l'école, consistant à "faire partager aux élèves les valeurs de la République". En réaction à l'affichage de cette charte, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) a exprimé sa crainte de voir les musulmans de France stigmatisés, comme ce fut le cas en 2004 avec la loi interdisant le port du voile à l'école. Il a également dit percevoir dans cette charte "un regard oblique sur l'islam", notamment le passage sur l'interdiction du port de signes ou de vêtements", relevant que "lorsqu'on parle de communautarisme, on parle de musulmans" De son côté, le président de l'observatoire de l'islamophobie, Abdallah Zekri, explique que ni les juifs ni les chrétiens ne sont ciblés par la charte sur la laïcité, même si aucune référence à telle ou telle religion n'y est mentionnée. Lundi, le ministre français de l'Education a essayé de calmer les esprits, soulignant que cette charte permettra à chacun de construire sa propre liberté dans le respect de celle des autres et de protéger les élèves de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix. "Pour certains enfants aujourd'hui, la laïcité c'est d'abord un interdit, c'est une menace, alors que c'est exactement l'inverse", a-t-il souligné.