Les loyers baissent de 10 à 20% depuis le début de l'année, après avoir chuté de 30% de 2009 à 2012. Prémunis jusqu'à présent de la baisse, les loyers des villas ont diminué à leur tour de 20% en moyenne depuis fin 2012. Les loyers inférieurs à 5 000 DH se stabilisent. Si les remises concédées sur les prix de vente des biens immobiliers restent jusqu'à présent une exception à Casablanca, la baisse semble être devenue la règle en ce qui concerne les loyers. En effet, les agences immobilières de la ville rapportent unanimement une dégringolade des prix sur le marché de la location, spécifiquement sur les biens haut standing loués à plus de 5 000 DH par mois. Pour cette catégorie, tout juste depuis le début de l'année, les loyers ont enregistré un recul allant de 10 à 20%, comme l'assure Mohamed Lahlou, président de l'Association marocaine des agences immobilières (AMAI). En fait, «la tendance baissière se prolonge depuis 2009 et a déjà fait baisser les loyers de 20 à 30% sur les 4 dernières années», précise William Simoncelli, directeur général de Carré Immobilier. A leurs niveaux actuels, les loyers constatés actuellement à Casablanca plafonnent à 15 000 DH pour un appartement vide et 20 000 DH pour un meublé. Phénomène nouveau, même les villas qui étaient jusqu'à présent prémunies de la baisse des loyers sont entraînées à présent dans le marasme. Depuis 4 mois, les loyers de ces biens ont baissé de 10 à 20%, selon M. Simmoncelli. «Ces biens ont été abandonnés par leurs locataires initiaux en raison de la cherté du loyer. Et leurs propriétaires n'arrivant pas à trouver de nouveaux occupants ont été contraints de baisser leurs prix de location», détaille le directeur de Carré Immobilier. Il faut dire que la population cible pour des locations d'un montant supérieur à 5 000 DH est très réduite et a tendance à se contracter davantage. En effet, selon les estimations des professionnels, la demande étrangère représente 80% du marché de la location haut standing. Or, cette clientèle est de plus en plus rare. «Les multinationales qui formulaient des demandes pour loger des cadres expatriés se rabattent aujourd'hui sur les compétences locales», explique Majid Alaoui, directeur général de Imvalory. «Et même lorsque ce type de demande se maintient, les budgets se contractent toujours plus», ajoute le professionnel. Dans ce contexte, la demande de hauts cadres nationaux a depuis quelques mois pris la relève pour maintenir un certain niveau d'activité sur le marché de la location haut standing. Mais l'on se doute bien que cette demande n'est pas près de s'aligner sur les tarifs appliqués autrefois à la clientèle d'expatriés. La demande locale est autrement moins avantageuse pour les propriétaires qu'elle opte pour des durées de location réduites. Des logements sociaux loués à 3 000 DH par mois ! En effet, les locataires anticipent constamment des baisses de loyer supplémentaires et ne signent plus que des contrats de bail de six mois à un an pour pouvoir profiter d'éventuelles baisses à l'avenir. Aussi, les propriétaires doivent composer avec des délais de mise en location qui ont tendance à s'allonger. Les délais de décision atteignent actuellement au mieux deux mois, selon les professionnels. C'est que les locataires savent qu'ils gagnent à faire jouer la concurrence dans un marché largement en suroffre. Cette situation s'explique par le fait qu'un nombre grandissant de propriétaires ne parvient pas à vendre ses biens et se rabat sur la location. Il n'y a qu'à voir le rythme ralenti des transactions dans le haut standing sur les derniers mois à Casablanca pour s'en convaincre. Mais à côté de cela, les agents immobiliers évoquent un autre facteur ayant alimenté la suroffre, lié au fait que les propriétaires appréhendent positivement la prochaine entrée en vigueur de la nouvelle loi régissant les rapports entre bailleurs et locataires. En effet, ce nouveau texte validé en Conseil de gouvernement en août dernier rééquilibre les forces entre les parties et a encouragé des propriétaires à mettre en location leurs biens, selon les professionnels. La loi porte la caution à deux mois de loyer contre un mois actuellement et renforce les garanties d'éviction de l'occupant qui rechigne à verser ses loyers, entre autres nouveautés. Tout cela étant, les locations de biens inférieures à 5 000 DH sont prémunies de ces turbulences, à savoir que les loyers se stabilisent et la demande reste dynamique. La demande pour ces catégories est même telle, selon les professionnels, que les logements sociaux à Casablanca se louent à 3 000 DH alors que la mensualité pour ces unités pour un financement sur 25 ans revient à 1 500 DH.