Les discussions sont en cours et le contrat de vente pourrait être signé début 2013. La société est valorisée à plus de 2.5 milliards de DH. Les Saoudiens veulent monter à 50% du capital dans un avenir proche. On en parle de plus en plus dans le secteur de la grande distribution. Ynna Holding (groupe Chaabi) est en passe d'ouvrir le capital de sa filiale Aswak Assalam. De source bien informée, le groupe saoudien Ben Dawood, un poids lourd de la distribution dans le Royaume d'Arabie Saoudite, est un prétendant très sérieux au rachat de 30% du capital. Les discussions, menées successivement au Maroc et en Arabie Saoudite, seraient très avancées mais elles achopperaient sur le mode de valorisation de la société. Situation peu inquiétante parce que tout à fait classique dans ce genre d'opérations. Selon un financier très bien introduit dans la grande distribution, l'un des fleurons du groupe marocain est estimé à plus de 2,5 milliards de DH, murs, équipements et stocks de marchandises compris. Le groupe Ben Dawood sera donc obligé de mettre le paquet pour prendre pied au Maroc. Malgré les problèmes de valorisation, les deux parties sont bien décidées à accorder leurs violons. Pour préparer le contrat, elles ont même engagé les discussions, entre autres, sur le pacte d'actionnaires, le mode de gouvernance de la société, le système de résolution d'éventuels conflits, les clauses de non-concurrence et le business plan à moyen terme. L'objectif ébruité est d'ouvrir au moins un magasin par an dans les cinq ans suivant l'entrée dans le capital du groupe Ben Dawood. Autre preuve de la ferme volonté de ce dernier de créer un ancrage durable au Maroc, il a émis l'idée de porter sa participation à 50% dans un proche avenir. S'il n'y a aucun différend majeur entre les deux groupes, l'opération de rachat des 30% du capital d'Aswak Assalam devrait être conclue à l'orée de 2013. Aswak Assalam détient environ 8% du marché Pour le moment, on est sûr que le nom de la société sera maintenu, comme en ont convenu les deux parties, du reste assez proches dans leur vision de la distribution dans les pays musulmans. Par exemple, l'alcool est proscrit des rayons et, à l'instar de ce qui se fait en Arabie Saoudite, les produits halal auront la part belle dans les magasins de l'enseigne marocaine. Hormis ces affinités, le groupe Ben Dawood, qui se finance exclusivement en dehors du système bancaire classique (ce qui, en principe, devrait bouleverser la politique d'endettement du distributeur marocain), trouve sur place un partenaire bien installé. Fondé il y a 14 ans (en 1998), Aswak Assalam compte une douzaine de magasins dans dix villes marocaines (Rabat, Casablanca, Kénitra, Agadir qui en compte 2, Témara, Marrakech avec également 2 points de vente, Oujda, Mohammédia, Essaouira et Tanger). Le tout totalise une surface de vente de 47 000 m2, soit un peu plus de 3 900 m2 par magasin, et 5 000 places de parking. Ynna Holding a investi près de 1,7 milliard de DH dans ces différents projets. D'autres magasins sont en construction à Casablanca (ancien marché de gros), Rabat et Tanger. Des implantations sont aussi prévues à Salé, Nador, Fès, Khouribga et Tamansourt (Marrakech). On présume que ces projets seront intégrés au plan de développement une fois que le tour de table sera élargi. Avec l'arrivée du mastodonte de la grande distribution saoudien (voir encadré), Aswak Assalam devrait être en mesure de jouer, à plus ou moyen long terme, dans la cour des grands. Avec une part de marché autour de 8%, elle est encore en retrait part rapport aux deux gros opérateurs du secteur que sont SNI, propriétaire des enseignes Marjane et Acima en plus d'Electroplanet qui vend de l'électroménager, et l'ambitieux Retail Holding, filiale de Best financière, qui aligne Carrefour (hypermarché), Carrefour market/Label Vie (supermarché) et Carrefour Maxi, ex-Metro (cash & carry) acheté il y a quelques mois. Mais à l'intérieur des grandes villes, il lui faudra se méfier de BIM Stores, hard discounter turc qui fait preuve d'une très grande agressivité commerciale. A ce jour, Marjane, première chaîne d'hypermarchés au Maroc créée en 1990, compte 29 adresses dans les grandes villes et plus de 6 000 salariés. En moyenne, elle reçoit quelque 100 000 clients par jour sur une surface de vente totale de 190 000 m2. En 2011, le chiffre d'affaires s'était élevé à 12 milliards de DH. A ses côtés, Acima, supermarché de proximité, dispose d'un réseau de 30 magasins, tous situés dans des endroits stratégiques à l'intérieur des grandes et moyennes villes. Ils ont réalisé un chiffre d'affaires de 2 milliards de DH. Quatre groupes rassemblant sept enseignes se partagent le marché Retail holding affiche, pour sa part, 43 sites, dont deux Carrefour, 8 Carrefour Maxi et 33 Carrefour market-Label'vie, ainsi qu'une surface de vente de 71 500 m2. Le groupe s'est réorganisé ainsi après le rachat de Métro. En 2011, Carrefour Market-Label'vie, auparavant appelée Label Vie, société cotée à la bourse de Casablanca, avait dégagé un chiffre d'affaires de 5,4 milliards de DH, en hausse de 10,5% par rapport à l'année précédente. Quant à BIM, elle est encore confinée sur l'axe Casablanca-Mohammédia-Rabat. Elle totalise 80 magasins et s'apprête à lancer une grande offensive dans le sud de la capitale économique grâce à l'ouverture d'un deuxième entrepôt. Les villes ciblées sont El Jadida, Marrakech et Settat. Elle est en train de faire une jolie percée. Malgré la présence de ces différents groupes qui ont tous acquis une base solide, il reste encore de la place à prendre dans le secteur de la grande distribution au Maroc. En effet, à travers le plan Rawaj Vision 2020 doté d'un budget de 900 MDH, les pouvoirs publics ambitionnent de développer et moderniser le commerce intérieur et la grande distribution. L'objectif est de porter la part de celle-ci à 30% du chiffre d'affaires global du commerce intérieur et de faire passer la contribution de ce secteur au PIB de 11% à 15%. Pour atteindre ces objectifs, l'apport de grandes enseignes étrangères ne sera pas de trop. Le partenariat dans le domaine avait été inauguré -bien avant le plan Rawaj- par l'association, rompue depuis, entre l'ex- Ona et Auchan dans Acima. Retail Holding (groupe Best Financière) s'adosse, quant à lui, à Carrefour. Aujourd'hui, c'est au tour des Saoudiens, qui cherchent à internationaliser leur marque, d'apporter leur écot.