La formation des équipes et les travaux cartographiques pour mettre à jour les données géographiques ont déjà démarré. 46 000 recenseurs et 15 000 contrôleurs seront sur le terrain. Les moyens matériels sont également colossaux. La publication des premiers résultats est programmée pour janvier 2015. Le recensement général de la population et de l'habitat (RGPH), le sixième du genre depuis l'Indépendance du Maroc, aura lieu dans 27 mois, soit en septembre 2014. Mais les préparatifs ont commencé depuis quelque temps déjà, car il s'agit d'une opération de grande envergure, à la fois par les objectifs poursuivis et les moyens, humains et matériels, mobilisés. 15 000 contrôleurs (dont une partie sont des enseignants) et 46 000 recenseurs seront sur le terrain. Sur les objectifs, qui répondent tout à la fois à des priorités nationales en matière d'informations statistiques et aux recommandations des Nations Unies, le Haut commissariat au plan (HCP), qui pilote cette opération en collaboration avec le ministère de l'intérieur, en a précisé trois : recenser la population légale habitant sur le territoire national, déterminer ses caractéristiques démographiques (âge, sexe, situation matrimoniale, fécondité, mortalité, etc.) et socioéconomiques (activité, chômage, niveau d'instruction…), et, enfin, établir l'inventaire du parc logement ainsi que les conditions d'habitat des ménages (type d'habitat, année de construction, statut d'occupation, équipement domestique, etc.). Le recensement de la population et de l'habitat, stricto sensu, n'est en réalité que la dernière étape d'un processus long qui a démarré en 2008. Car, avant d'envoyer les agents recenseurs établir le décompte de la population, il fallait au préalable identifier, de façon exhaustive et détaillée, les zones géographiques à couvrir. C'est ce que le HCP appelle «les travaux préparatoires de cartographie». Il s'agit principalement d'actualiser la cartographie statistique établie lors du recensement de 2004 car, depuis, des changements sont intervenus dans le découpage administratif au niveau des communes et des provinces. Cette opération, comme l'expliquent Abdelilah Zerrou et Abdellah Sougrati, respectivement chef de la division du recensement de la population et de l'état civil et chef de la division de la cartographie et du système d'information géographique, comporte trois phases. La première, qui s'est étalée de 2008 à 2010, a consisté, en gros, à équiper les directions régionales du HCP en matériel informatique et en logiciels, et la mise en place, au sein de ces directions, du système d'information géographique (SIG). 18 mois de travaux cartographiques La deuxième phase, réalisée entre juillet et décembre 2011, a consisté en la mise en place de la cartographie du recensement, en intégrant dans la base de données géographiques, les changements apportés par le nouveau découpage des communes et des provinces. La troisième phase, enfin, qui va de janvier 2012 à fin 2013, est consacrée à la formation du personnel et surtout aux travaux cartographiques sur le terrain. Ces travaux, insistent les deux responsables au HCP, sont absolument cruciaux : ils constituent l'outil indispensable pour la réussite du RGPH. C'est au cours de cette phase, qui court sur 18 mois (entre juin 2012 et fin décembre 2013), que les équipes de cartographes sillonneront le territoire dans ses moindres coins et recoins pour porter sur des fonds cartographiques les limites territoriales de chaque commune et de chaque district, collecter les informations concernant les ménages, les logements et les locaux à usage professionnel, numériser toutes ces données et, enfin, constituer au profit des agents recenseurs qui interviendront en dernière étape (en septembre 2014) des dossiers cartographiques à même de leur faciliter le recensement. Pour prendre la mesure de l'immensité de la tâche, celle de la réalisation des travaux cartographiques, il faut savoir qu'elle mobilise, pendant dix-huit mois, 40 responsables centraux et régionaux, 60 superviseurs provinciaux, 16 responsables du système d'information géographique, 180 contrôleurs, 300 agents cartographes, 60 opérateurs SIG et 240 véhicules et chauffeurs. 42 000 districts à couvrir en une vingtaine de jours C'est que ce beau monde doit produire des dossiers cartographiques sur toutes les zones où aura lieu le recensement. Et ces zones comptent quelque 42 000 districts de recensement, 15 000 secteurs de contrôle et 1 200 zones de supervision. Evidemment, le HCP, qui doit entre-temps continuer son travail «normal», c'est-à-dire la production de statistiques (sur le marché du travail, la conjoncture, les comptes nationaux…) ne peut, tout seul, mobiliser l'ensemble de ces moyens. C'est pourquoi, confie Abdelilah Zerrou, les moyens du HCP et du ministère de l'intérieur seront largement complétés par le recours au privé : location de 160 véhicules sur les 240 prévus, et recrutement, à titre temporaire, de 180 agents cartographes sur les 300 et 130 chauffeurs sur 240 prévus. Rappelons-le, ces moyens, déjà colossaux, seront mobilisés pour les travaux de cartographie. On n'en est donc pas encore à la phase de collecte des données du RGPH proprement dit. Car, lorsque arrivera ce moment, en septembre 2014, il faudra encore plus de moyens (voir encadré). Pendant 20 jours, en effet, les agents recenseurs sillonneront les 42 000 districts pour relever minutieusement toutes les données observées dans les ménages (selon les dernières estimations, le Maroc compterait quelque 6 millions de ménages). Précisons toutefois que le recensement ne concerne pas que les ménages ordinaires ou classiques ; il touche aussi les populations sans domicile fixe, les populations nomades et la population de passage dans les hôtels et assimilés. Une fois l'opération de collecte achevée, les informations recueillies seront exploitées à la direction de la statistique du HCP, selon une méthode nouvelle, introduite depuis le dernier recensement de 2004, à savoir la Lecture automatique des données (LAD). Grâce à cette technique, les premiers résultats du recensement devraient être connus dès janvier 2015. A coup sûr, ces résultats, au regard des moyens mis en œuvre et de la nouvelle technique de traitement des données, seront d'un niveau de fiabilité élevé. Et au-delà du décompte de la population légale résidant sur le territoire national, ce recensement produira également des statistiques précieuses qui serviront, entre autres, à mieux orienter les politiques publiques.