La confection est en stagnation, alors que la bonneterie affiche une légère croissance. Les exportations sont tirées par les multinationales et une valeur gonflée par le renchérissement des matières premières. Les industriels souffrent des difficultés de financement et de l'allongement des délais de paiement. C'est quasiment la stagnation. L'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (Amith) vient de présenter au ministre du commerce et de l'industrie, Abdelkader Amara, des conclusions inquiétantes sur la conjoncture internationale et nationale du secteur textile. Réalisée en mars dernier sur un panel de 94 entreprises exportatrices, cette étude laisse apparaître un surplace des exportations marocaines à la fin du premier trimestre 2012. Celles-ci n'ont augmenté que de 1,6%, à 8 milliards de DH. La répartition par filière révèle que les performances de la confection et de la bonneterie, les deux grandes branches du secteur, n'ont que très légèrement évolué. En effet, les exportations de vêtements confectionnés sont restées stables, à 4,86 milliards de DH. Pour la bonneterie, elles se situent à 1,8 milliard de DH contre 1,7 milliard une année plus tôt. L'enquête de l'Amith a en plus permis de dégager deux constats importants. Premièrement, les exportations marocaines de textile sont essentiellement tirées par les filiales des multinationales implantées au Maroc qui ont enregistré une importante progression de leur activité, de 30 à 40%, depuis le mois de janvier 2012. Alors que pour les entreprises nationales l'évolution n'atteint que rarement, selon un opérateur du secteur, 10%. Et d'ajouter que «ce constat est compréhensible dans la mesure où les filiales des groupes étrangers sont dans des situations plus confortables que les unités marocaines qui ont du mal à maintenir leur niveau de commandes». Pas de visibilité pour les mois à venir Deuxièmement, l'étude révèle que le chiffre d'affaires des exportations est artificiellement gonflé par le renchérissement des matières premières. Explication : globalement, les sous-traitants ont réalisé des chiffres d'affaires équivalents à ceux de la même période de l'année dernière. Mais lorsque l'on déduit le coût des matières premières que les façonniers n'ont pas achetées, puisqu'elles sont envoyées par les donneurs d'ordre, on constate que leurs chiffres d'affaires ont plutôt enregistré une baisse estimée à 10%. L'étude conclut ainsi à une faiblesse de la valeur ajoutée des façonniers. Au-delà du comportement des exportations, l'enquête de l'Amith a également porté sur l'environnement global des entreprises. Ainsi, les 94 unités sondées, représentant 45% des exportations textiles marocaines, pointent du doigt deux contraintes majeures : l'accès au financement et les délais de paiement. Sur le premier, les opérateurs affirment que «les banques adoptent de plus en plus un traitement discriminatoire vis-à-vis de l'industrie textile en raison de la crise», explique un industriel. Et toujours en raison de la crise, les clients étrangers ainsi que les fournisseurs demandent aux sous-traitants marocains de faire des concessions au niveau des délais de paiement. Au lieu de 30 jours, les clients souhaitent porter le délai à 70 voire 90 jours. Un allongement qui ne manque pas de gêner la trésorerie des entreprises, déjà très serrée. En dépit de ces contraintes conjoncturelles, les industriels du textile croient, selon les conclusions de l'étude, en la nécessité de renforcer leur promotion commerciale en vue de conquérir de nouveaux débouchés et de décrocher de nouveaux contrats. Ils reconnaissent que pour l'instant ils n'ont pas de visibilité sur les mois à venir. Même si les entreprises sorties de l'intersaison, période calme, ont actuellement du travail, les carnets de commandes, avouent certains exportateurs, ne sont pas pleins. La petite évolution enregistrée à fin mars cache, dit-on à l'Amith, la conjoncture difficile du secteur qui doit renforcer son positionnement. Raison pour laquelle les pouvoirs publics et l'Association marocaine des industries textiles et de l'habillement ont décidé la création d'un comité de suivi dont la mission sera d'identifier les mesures visant l'amélioration de la compétitivité des entreprises du secteur. L'Amith a d'ailleurs, lors de cette réunion avec le ministre du commerce et de l'industrie, présenté les grandes lignes de sa Vision 2023. Une stratégie sur laquelle l'association planche actuellement et qui ambitionne de définir, à la lumière de l'évolution des zones de productions textiles et des tendances des marchés, la place et le rôle du textile marocain à l'horizon 2023.