Confronter un « Bloc Sud » à un « Bloc Nord » suscite le débat. Pour les panélistes d'une session, tenue ce vendredi 13 décembre, dans le cadre de l'édition 2024 de l'Atlantic Dialogues, organisée par Policy Center for the New South (PCNS), une telle « appréciation » devrait être « nuancée ». Compte-rendu. Suivez La Vie éco sur Telegram La richesse des débats, dans le cadre de la 13e édition des Atlanic Dialogues, ne fait que se confirmer de session en session. Au point que l'on ne sent pas le temps passer. Ce vendredi 13 décembre, la matinée a été sous le signe du multilatéralisme dans un monde que l'on dit vivant sous le poids du bilatéralisme Etats-Unis–Chine. Le plateau est pour le moins relevé. Et l'assistance ne s'est pas trompée en répondant présent. Ainsi en est-il de l'ambassadeur représentant permanent auprès de l'ONU, Omar Hilale, qui face à la montée en puissance du concept «Global South» avance la nuance lorsqu'il évoque l'existence de plusieurs «Suds», mais dont les composantes peuvent toujours se présenter en «rangs cohérents» quand il est question de défendre des intérêts communs dans les instances internationales. Récusant même le terme «Global South», l'écrivain et futurologue Jacques Attali estime, pour sa part, que ce concept serait «dépassé». Et ce, dans le sens où il renvoie à des «temps révolus» remontant à la Guerre froide et marqués par une littérature dont l'un des soubassements était, entre autres, la naissance du mouvement des Non-alignés. Or, quand bien même on pourrait nuancer cette position aussi tranchée, il n'en demeure pas moins que les évolutions historiques, voire géostratégiques, que connait une «planète fragmentée», font que les termes devraient être revus pour mieux saisir les enjeux et y répondre. Où la vraie distinction qui vaut aux yeux de l'auteur d'«Une brève histoire de l'avenir» sera entre des pays autoritaires et d'autres démocratiques. Mais, sans pour autant que cela se réduise à «copier le modèle d'un monde occidental qui a tendance à s'imposer, alors qu'il a démontré ses limites». En effet, pour Attali, malgré les interrogations qui surgissent, «l'idéal démocratique devra gagner». L'ancienne ministre des Affaires étrangères d'Espagne, Ana Palacio, versera pratiquement dans le même sens lorsqu'elle évoque «la nécessité d'éviter de parler d'un antagonisme Nord-Sud» comme deux blocs monolithiques. Pour elle, on peut parler davantage de «Nords» et de «Suds». Toujours est-il que Palacio, en transatlantique, estime néanmoins que le monde doit se réinventer et que les différentes institutions doivent être refondées de «fond en comble pour pouvoir prétendre à un monde meilleur et harmonieux». Et dans cette perspective, une attention particulière doit être consacrée au continent africain, pour qu'il puisse avoir voix au chapitre. Chemin faisant, la diplomate ne manque pas de relever «l'importance du rôle du Maroc dans ce sens, particulièrement à travers les initiatives du Royaume, dont celle de l'Atlantique tendant, entre autres objectifs, de «désenclaver les pays du Sahel en leur donnant un accès à la mer. Dans cette dynamique, il s'agit certes de dimension économique, mais pas que. En parallèle, d'aucuns estiment que dans une telle approche, le culturel a aussi un rôle à jouer pour justement rapprocher les peuples à travers ce que les Etats ont en commun, comme le dit le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaid. Comme quoi, autant les sujets jusque-là abordés se distinguent les uns des autres, autant ils se complètent.