Vainqueur de la présidentielle sénégalaise face à Abdoulaye Wade, Macky Sall fut le "poulain politique" du président sortant avant que les deux hommes ne rompent brutalement. Macky Sall, le candidat du parti de l'Alliance pour la République (APR) qui a réussi une victoire éclatante au deuxième tour la présidentielle au Sénégal, d'après des chiffres provisoires, est sans conteste l'homme de la nouvelle alternance sénégalaise. Un homme à la carrière politique exceptionnelle qui a pu, dans le calme et par la voie des urnes, sauver l'exception de la démocratie sénégalaise qui a failli vaciller avec les violences postélectorales. Face à un adversaire redoutable qu'est Abdoulayé Wade, 26 ans dans l'opposition et 12 ans au pouvoir, Macky Sall, malgré sa ferme opposition à un troisième mandat du leader du PDS, a préféré la realpolitik en battant campagne méthodique le long du territoire du pays, alors que les 12 autres candidats de l'opposition confinaient leur lutte à Dakar avec des batailles de rue qui ont failli embraser le pays de la Teranga. L'élu de la coalition des 12 candidats de l'opposition offre ainsi un deuxième tour inédit face à Abdoulayé Wade, pour une alternance qui se joue, cette fois-ci, dans le camp libéral entre le mentor et son ancien protégé. Si l'alternance en 2000 avait marqué l'histoire du pays de la Teranga avec l'arrivée des libéraux qui mettent un terme à quatre décennies d'un régime socialiste, beaucoup d'observateurs situent l'enjeu de l'élection présidentielle de 2012 dans une alternance de génération entre Wade (85 ans) et son ancien premier ministre Macky Sall (50 ans). Macky Sall est un géologue-géophysicien qui a bien sondé le milieu politique sénégalais à travers de nombreux hauts postes qu'il avait occupés et qui compte parfaire son parcours à la magistrature suprême de son pays dans une fulgurante et rapide ascension dans une carrière politique d'à peine 12 ans. Sall, dont la carrière politique avait culminé au poste de premier ministre (2004) et président de l'assemblée nationale (2007) est issu d'une formation scientifique de pointe. Il est ingénieur géologue, géophysicien formé à l'Institut des sciences de la terre (IST) de Dakar, puis à l'Ecole nationale supérieure du pétrole et des moteurs (ENSPM-Paris). En peu de temps, l'ancien homme de confiance de Wade a accédé à de nombreux postes de responsabilité. Il a été directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN) (2000-2001) avant de devenir conseiller spécial du président Wade, chargé de l'Energie et des Mines. Il a ensuite occupé le poste de ministre des mines et de l'énergie (2001-2003), de ministre de l'intérieur (2003-2004) avant d'être désigné premier ministre par le président Abdoulayé Wade (2004). Il occupe ce poste jusqu'à avril 2007, date à laquelle il est élu président de l'Assemblée nationale à l'issu de législatives boycottées par l'opposition. Suite à des brouilles avec des membres influents du Parti Démocratique sénégalais (PDS au pouvoir), il fut évincé de son poste de numéro deux du parti et de la présidence de l'assemblée nationale. En 2008, il crée son parti politique +Alliance pour la République+ (APR) qui, lors des élections locales du 22 mars 2009, a réalisé d'importants scores dans le cadre d'une alliance avec la coalition de l'opposition Bennoo Siggil Senegaal. Au premier tour de la présidentielle qui s'est déroulé le 25 février dernier, il arrive deuxième (26.6%des voix contre 34.8 pour Wade) grâce à une campagne méthodique et de proximité sur l'ensemble du pays, alors que l'opposition a pesé de tout son poids dans la capitale et les grandes villes du pays. Au second tour, il est l'élu des 12 malheureux candidats de l'opposition du premier tour dans le cadre d'une alliance baptisée Bennoo Bokk Yaakaar. Une coalition qui transcende les divergences gauche-droite pour l'objectif commun de barrer la route à un troisième mandat de Wade, jugé anticonstitutionnel