Tremblements de terre, dystopie et révolte sociale : le cinéaste et romancier, Hicham Lasri, revient avec « Punk Fitna », une œuvre littéraire puissante et radicale. Suivez La Vie éco sur Telegram Punk Fitna, son dernier roman, est une fable apocalyptique qui propulse ses lecteurs dans un univers sombre, au croisement des genres, entre science-fiction, critique sociale et satire postmoderne. Ce nouveau texte se déroule dans l'Interzone, une relecture fictive de la célèbre zone internationale de Tanger, jadis espace de clandestinité, de libertés dérangeantes et de résistance. La vision de Lasri est à la fois ancrée dans cette mémoire chaotique et transcendée par une sensibilité punk. Le titre, Punk Fitna, associe deux concepts subversifs : punk, ce mouvement rebelle qui refuse le statu quo, et fitna, un mot arabe évoquant la division, le trouble. Ensemble, ils créent une métaphore dense sur l'effondrement des sociétés modernes et l'instabilité morale et politique. Dès les premières pages, le ton est donné. Nora, l'héroïne du récit, une jeune femme piégée par une étrange offre d'emploi, est jetée dans un monde où l'oppression rôde à chaque coin de rue. Le lecteur, comme elle, découvre au fur et à mesure les fissures d'une société prête à imploser, où les secousses qui traversent l'histoire – symbolisées par des tremblements de terre – sont autant de métaphores d'un ordre social qui vacille sous le poids de ses propres contradictions. Une esthétique cinématographique et une langue découpée au scalpel Fidèle à son approche transgressive, Hicham Lasri adopte un style qui mélange l'urgence narrative avec une inventivité linguistique audacieuse. Son écriture évoque tour à tour le cinéma de Cronenberg pour son exploration viscérale du corps, ou encore l'esthétique cyberpunk pour son regard acéré sur la technologie et la dégradation du tissu social. Chaque scène, construite avec une précision chirurgicale, s'enchaîne comme un montage cinématographique : rapide, haletant, brutal. Le roman ne se contente pas de critiquer, il met en scène un monde dystopique où les métamorphoses corporelles deviennent une analogie de la décomposition de la société. Nora incarne cette tension entre un système oppressif qui broie les individus et l'espoir fragile d'un avenir possible, incarné par sa quête de liberté dans un environnement où tout semble s'effondrer. L'écho des révoltes contemporaines Avec Punk Fitna, Lasri prolonge sa réflexion sur l'exclusion sociale et l'urbanité, des thèmes déjà omniprésents dans ses précédentes œuvres cinématographiques et littéraires. Il capte les pulsations du présent à travers un prisme éclaté, où l'humain est confronté à ses propres dérives technologiques et politiques. Un monde où les secousses ne sont plus seulement des phénomènes naturels, mais des symptômes d'une humanité qui vacille sous l'effet des crises multiples. Mohamed Bakrim, dans son analyse du roman, compare le style de Lasri à une véritable « mise en scène du corps face à la dérégulation du monde ». Une écriture au scalpel, qui dissèque les métamorphoses du corps humain comme miroir d'une société en déliquescence, où l'individu peine à trouver sa place dans un univers rongé par les crises économiques, sociales et politiques. Avec Punk Fitna, Hicham Lasri offre bien plus qu'un roman : il livre une révolte littéraire, un manifeste contre les oppressions contemporaines, où chaque tremblement résonne comme un cri de résistance. En mêlant dystopie, critique sociale et esthétique punk, il confirme une fois de plus son statut d'auteur engagé et visionnaire. *« Punk Fitna » sera disponible en librairies dès le 10 novembre.