Télémédecine, Unités médicales mobiles connectées, Dossier médical partagé... Le Maroc avance à grands pas vers la transformation digitale de la santé, dans le sillage de la réforme du secteur impulsée par le Souverain. Le Gitex Global de Dubaï a braqué les projecteurs sur cette expérience qui fait des émules. Suivez La Vie éco sur Telegram L'expérience du Maroc en matière de transformation digitale du secteur de la santé a été au cœur d'une conférence organisée par le ministère de la Santé durant le Gitex Global 2024, le plus grand événement technologique au monde dont le coup d'envoi a été donné lundi à Dubaï. Sous le thème «Transformation numérique dans le secteur de la santé : accroître l'efficacité et l'accessibilité des soins grâce aux nouvelles technologies», ce side-event a permis de braquer les projecteurs sur les dernières avancées réalisées par le Royaume en matière de numérisation du secteur de la santé. Un secteur qui a de plus en plus recours aux technologies les plus récentes, avec l'objectif fondamental d'offrir aux citoyens des soins de qualité et facilement accessibles. «Sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc s'est engagé dans une transformation profonde de son système de santé, plaçant l'innovation technologique au cœur de cette refonte», a d'emblée souligné le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, dans une allocution lue en son nom par Aziz Mrabti, directeur des Médicaments et de la pharmacie, devant une salle comble. L'impact direct de ces innovations sur l'amélioration de l'accès aux soins est déjà perceptible, a fait savoir le ministre, en particulier dans les zones éloignées, où la télémédecine et les Unités médicales mobiles connectées permettent aux patients de bénéficier de services spécialisés sans avoir à se déplacer. Le ministre a également indiqué que l'un des grands défis à relever réside dans l'interopérabilité des systèmes d'information, dans la mesure où un système de santé moderne et efficace repose sur la capacité à partager des données de manière sécurisée et fluide entre différents services et acteurs. C'est dans cette optique que le Maroc a développé un système d'information intégré en adoptant le Dossier médical partagé. Une innovation majeure qui renforce la continuité des soins, tout en adoptant les meilleures pratiques internationales en matière de cybersécurité. L'IA au service de la santé connectée Au-delà des systèmes d'information, l'intelligence artificielle ouvre au secteur de la santé des perspectives nouvelles. Cette technologie a un impact révolutionnaire sur la manière dont les soins sont prodigués. Comme souligné par Mehdi Ghissassi, chef de produit chez AI71, société pionnière en IA lancée par l'Advanced Technology Research Council d'Abu Dhabi et VentureOne, «l'IA peut relever des défis critiques en matière de soins de santé en réduisant les dépenses inutiles, en atténuant les pénuries de professionnels et en améliorant les capacités des médecins». Dans cette optique, au Maroc, des projets pilotes utilisant ce processus sont déjà en cours dans des secteurs comme la radiologie, l'oncologie et la gestion des urgences, et ce, dans le cadre de partenariats public-privé, a-t-on rappelé. Et ces projets sont désormais amenés à se multiplier. Parmi les partenariats les plus fructueux, on retrouve celui qui lie Aba Technolgy et le ministère de la Santé et de la protection sociale, qui a donné lieu à des solutions «concrètes» dans le domaine des healthtech. Selon Mohamed Benouda, président d'Aba Technology, dont l'intervention à cet événement s'est focalisée sur la médecine du futur, le Maroc est en train de réaliser une transformation profonde en matière de santé. L'entreprise spécialisée dans les nouvelles technologies, qui s'est dotée d'une filiale dédiée à la santé connectée nommée «Mediot», a d'ailleurs développé une panoplie d'équipements médicaux connectés, qui permettent de collecter les informations des patients et de les traiter, via une plateforme dédiée. Cette plateforme offre un suivi personnalisé, des diagnostics précoces, une gestion proactive des maladies chroniques, une intégration du dossier patient et une optimisation des soins de santé. Certaines de ces solutions font des émules à l'étranger et s'exportent déjà, en particulier en Arabie saoudite et même en Polynésie. Des pays comme la Guinée, le Gabon ou encore Djibouti sont également intéressés. Selon Benouda, la médecine du futur se base sur trois axes principaux : la médecine dite des 7P (prédictive, préventive, planétaire, prouvée, personnalisée, etc.), la medtech (solutions à base d'IoT, d'IA, de cloud computing...), et la biotechnologie (nanothérapie, etc.). «Ces trois éléments permettront d'augmenter l'espérance de vie et surtout de réduire le gap de santé dans le monde entier», a-t-il expliqué. Cybersécurité et formation, principaux défis à relever Mais pour une réussite optimale de cette médecine du futur, deux défis importants devront être relevés. D'abord, la cybersécurité. «La donnée de santé est particulièrement lucrative pour les hackers», a indiqué Anas Moutii, professeur de cybersécurité à l'UM6P. D'où l'importance de respecter les bonnes pratiques en matière de cyberdéfense, pour préserver «l'intégrité, la confidentialité et l'accessibilité», de ces données. L'autre défi est la formation des ressources humaines du secteur médical aux nouvelles technologies. Comme l'a souligné Oussam ElHassan, membre du Dubai Health Authority, «il faut bien sûr investir dans les infrastructures IT et les technologies, mais il ne faut pas oublier d'investir dans les compétences».