Walid Regragui : «On espère donner une belle image du Maroc et gagner le titre»    Le temps qu'il fera ce mercredi 29 janvier 2025    Les Etats-Unis s'apprêtent à expulser 495 migrants marocains vers le royaume    Les élèves de l'Académie royale militaire belge suivent un entraînement en milieu désertique au Maroc    L'incitation à la haine... L'Association des droits de l'homme kabyle poursuit Saïd Ben Sidira    La sécurité au cœur d'un entretien téléphonique entre Nasser Bourita et le secrétaire d'Etat américain    Rockslide disrupts traffic between El Jebha and Al Hoceima    U.S. State Secretary commits to strengthening peace partnership in first call with Morocco's FM    Les familles de Cheb Hasni et Akil empêchent l'organisation d'un concert au Maroc    Oriental Fashion Show : Le caftan marocain brille à la Fashion Week de Paris    De Casablanca à Paris et vice versa, Salma Sentissi va «Oser Être !»    L'endométriose : quand l'imagerie médicale éclaire les douleurs invisibles    Port Tanger Med : Une quadragénaire arrêtée avec 42 kilos de haschisch dans son véhicule    Accidents de la circulation: 15 morts et 2.549 blessés en périmètre urbain durant la semaine dernière    Etats-Unis : Purge des employés impliqués dans les enquêtes contre Trump    Conseil de l'Europe : le Maroc obtient de nouvelles prérogatives à l'Assemblée parlementaire    FRMF/ACA: Officialisation de l'ouverture du siège de l'Association des Clubs Africains au Maroc    Dynamisation du Théâtre marocain : Réelle ambition ou rêve hors de portée ? [INTEGRAL]    Gims bat un record d'audience au Complexe Mohammed V à Casablanca    Le groupe Nass Al-Ghiwane enflamme la scène à Strasbourg    Le Maroc abritera le premier bureau thématique d'ONU Tourisme en Afrique    La 1ère CAN féminine de futsal au Maroc du 22 au 30 avril 2025    Hakim Ziyech cherche à se relancer aux Emirats    Les recettes fiscales au Maroc dépassent les 300 milliards de dirhams en 2024, enregistrant une hausse de 14,3 %    Finance verte : La BMCI conforte son leadership, avec un nouvel accord avec la BERD    SRM Casablanca-Settat: un démarrage maîtrisé et des perspectives prometteuses    Power-to-X : la GIZ évalue le potentiel du Maroc    Intelligence artificielle : l'application chinoise DeepSeek détrône ChatGPT sur l'App Store    Dar Es-Salaam : Leïla Benali met en avant les réalisations du Maroc en matière d'accès à l'électricité et l'accord signé avec la Mauritanie    Casablanca : arrestation d'un multirécidiviste recherché pour meurtre et trafic de drogue    Protection des données personnelles : le débat est ouvert, quid des solutions    Ben Coleman désigné envoyé commercial du Royaume-Uni pour le Maroc et l'Afrique de l'ouest    Conflit en RDC: le Maroc appelle au respect de la souveraineté des Etats    À Dakar, Latifa Akharbach plaide pour une plus grande responsabilisation des plates-formes numériques    L'Algérie convoque l'ambassadeur de France, condamne de supposés «traitements dégradants» de ses ressortissants à Paris, pure invention des médias du régime    Le Maroc et les Maldives explorent les moyens de renforcer leur coopération bilatérale    Info en images. Le gouvernement œuvre à valoriser les produits de l'artisanat pour la promotion de l'identité nationale    IA: A Wall Street, les géants de la tech vacillent face à la percée de la start-up chinoise DeepSeek    Foot : La CAN Maroc-2025 sera « la meilleure dans l'histoire » de la compétition    Sébastien Chenu donné favori pour présider le groupe d'amitié France-Maroc    Lancement le 26 février du premier vol commercial d'Ariane 6    Inde-Chine: « Accord de principe » pour la reprise des vols directs après cinq ans d'arrêt    Le département d'Etat US salue le leadership du Roi en faveur de la paix    Arabie Saoudite : Fin de la collaboration entre Neymar et Al-Hilal    CAN 2025. Les adversaires du Maroc    Achraf Hakimi prolonge avec le PSG    Les prévisions du mardi 28 janvier    RedOne dédie une nouvelle chanson à l'équipe nationale marocaine intitulée "Maghribi Maghribi"    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Plongée dans l'univers «ultra» des Winners du Wydad
Publié dans La Vie éco le 17 - 11 - 2011

En plus du match qui oppose en deux temps le WAC à l'Espérance de Tunis (EST), un autre, plus virulent, met aux prises les ultras des deux équipes, les Winners aux L'emkachkhines tunisois.
La guerre bat son plein sur les sites et la blogs du Net. La finale de la Champion's league opposera les ultras de deux grandes équipes maghrébines. Des ultras qui se proclament les plus importants de la région. Le premier acte de cette guerre entre ces deux géants du football africain a eu lieu à Casablanca, au Complexe sportif Mohammed V, lors de la rencontre opposant le WAC à l'EST lors des matches de poules le 14 août dernier. Les Winners ont alors déployé un dessin géant (tifo) agrémenté d'un message clair : «Lâchez tout espoir, à nous le Continent noir». Deux semaines plus tard à Tunis, les ultras de l'Espérance répliquent avec tifos et chants, «et des messages offensant non seulement le WAC, mais tout le Maroc», se souvient Abdelhamid, chef d'entreprise résidant à Aïn Sebaâ, qui était du voyage lors du match retour. Les deux matches de poules n'ont pas départagé les deux formations : deux partout à Casablanca et un nul blanc à Tunis. Les deux équipes sont sorties première et deuxième de leur poule, ont gagné leurs demi-finales et se retrouvent trois mois plus tard en finale.
«Winners : together, forever»
Qui sont ces ultras du WAC ? Sur leur site, le winners2005.com, on peut lire que «les Winners sont les enfants et petits enfants des tout premiers supporters du Wydad des années 40-50, supporters qui avaient à combattre l'occupant français. Aimer le Wydad à l'époque était déjà une contrainte passible des pires oppressions de la part des autorités de l'époque. Malgré cela des millions de Wydadis ont continué à aimer et à chérir leur équipe préférée avec la gloire qui s'en est suivie. C'est donc le sang de ces résistants de l'époque qui circule dans les veines des supporters d'aujourd'hui, un sang de gloire et de victoire». Durant l'été 2005, le nom des Winners a été retenu, «un nom qui dénote parfaitement cet esprit laissé par les anciens, que ce soit sur le terrain ou bien dans le virage. Afin de marquer cette appartenance aux grands mythes de la résistance qui ont fait le XXe siècle, le logo choisi fut la tête du Fedayyin Palestinien, une cause toujours défendue par le Wydad et les Wydadis». Depuis, les Winners, à côté d'autres ultras du Raja et des FAR notamment, se sont imposés par la qualité du spectacle sur les gradins, lors des confrontations du WAC, à Casablanca comme ailleurs. «Etre ultra, c'est une mentalité, une manière de vivre, de parler et de penser, ainsi que des principes à défendre. C'est aussi un mode de vie. Un ultra, c'est avant tout un supporter qui fait partie d'un groupe qui suit son équipe là où elle va et l'encourage pendant les 90 minutes du match». C'est ainsi que Hicham, cadre supérieur et membre du noyau dur des Winners à Casablanca, et bien d'autres ultras du Wydad, se définissent en tant que Winners. Ils répètent tous qu'ils sont totalement indépendants du comité du club et qu'ils représentent de fait un lobby. La majorité des membres des Winners sont des étudiants, mais on y trouve également des fonctionnaires, des cadres et même des chefs d'entreprise. A Casablanca, ils sont organisés en cellules. «On compte autant de cellules que de quartiers à Casablanca. Ces cellules sont l'interface entre les membres des Winners et le noyau dur du groupe», insiste Soufiane, un ultra de Hay Hassani. Un responsable est élu par les membres des cellules. Quant au noyau dur, il est formé par les membres des Winners les plus respectés et les plus présents dans le virage (voir encadré). Dans le reste du pays, les Winners comptent sur leurs sections, une bonne dizaine, en plus d'une section Old Continent pour l'Europe. Pour prétendre constituer une section, il faut 15 adhérents et être présent au minimum huit matchs sur les 30 rencontres de la Botola. En tout et pour tout, les Winners sont 1 800 adhérents dans tout le Maroc. Ils reçoivent tous des Wins Cards qui leur permettent de se procurer en exclusivité les produits dérivés Winners ou encore d'avoir accès à un double DVD offert gratuitement par le groupe à ses abonnés. Financièrement, les Winners se basent totalement sur les adhésions, soit 120 DH par an, ainsi que sur la vente des produits dérivés (écharpes, pulls, casquettes, bombers…). «On n'accepte jamais de dons. C'est ce qui fait notre force. Personne ne peut exercer de pression sur nous», insiste Hicham. D'ailleurs, être ultra suppose appliquer des règles non écrites que Sébastien Louis, un spécialiste des mouvements ultras de par le monde, résume en six points : l'autofinancement (par la vente de gadgets et les adhésions), l'indépendance (vis-à-vis du club notamment), la solidarité entre membres du groupe, la présence à domicile comme à l'extérieur, la loyauté en cas de conflits avec d'autres supporters (pas d'utilisation d'armes ni d'attaque contre des non-ultras) et enfin le respect envers les ultras ayant de l'ancienneté. Chez les Winners, il semble que ces points soient respectés. «Il y a un aspect humain prépondérant chez les Winners. Il y a du social dans le groupe dans le cas où quelqu'un tombe malade, a un problème d'argent ou si un ultra est arrêté… Ces aspects ne sont pas financés par la caisse du groupe», note Hicham.
«Si le Wydad est la nation, nous sommes son armée»
A quelques jours du match tant attendu contre l'Espérance de Tunis, les mordus des rouge et blanc s'activent. Les membres de toutes les cellules de Casablanca sont au four et au moulin. Objectif : impressionner les millions de téléspectateurs du Maroc et d'ailleurs, par la qualité du spectacle promis par les Winners. Tout laisse à croire qu'ils vont sortir le grand jeu et confectionner un tifo qui va faire le tour du stade. Mais, le secret est total sur la nature du tifo ainsi que sur le message qui va être déployé. Pour arriver à faire ce tifo, il faut commencer par l'achat du matériel (plastique, peinture, rouleaux…). La deuxième étape, c'est le découpage du plastique. A J -2, des membres du groupe procèdent au traçage du tifo à l'intérieur du stade. Ultime étape, le posage du tifo qui se fait en général le jour même du match. Il faut placer les voiles, tester si le placement est correct, puis finalement installer le message du tifo. «C'est un travail laborieux qui est réalisé par les membres des Winners. Les tâches sont dispatchées sur toutes les cellules de Casablanca. Parfois, pour des tifos de tonnerre, ce travail prend des semaines. Et ce pour un plaisir qui ne dure pas plus de deux minutes, le temps d'exhiber le tifo avant le coup d'envoi de la rencontre. Le tifo, c'est la fierté des ultras, mais aussi de tous les supporters du Wydad», explique Hicham. Sur le terrain, ce sont les Winners qui dirigent le bal. «Les Winners, c'est le premier joueur du Wydad et la locomotive des autres spectateurs. C'est grâce aux Winners que le Wydad est revenu à la marque contre les Egyptiens Al Ahly et l'EST à Casablanca. Si le Wydad est la nation, nous sommes son armée», affirme, avec fierté, Abdelhamid. Au stade, les Winners forment un bloc compact et ses membres restent debout durant tout le match. Ils chantent et applaudissent leurs équipes. Le groupe est dirigé par le «capo» (chef en italien). C'est lui qui donne le rythme. «Le capo, c'est notre chef d'orchestre. Le nôtre se tient debout, plus haut que tous les spectateurs, sur une sorte de citadelle. C'est lui qui dirige les chants. Etre capo, c'est un métier dangereux, surtout vis-à-vis des équipes adverses. Car les chants ont parfois comme objectif d'humilier les ultras adverses. Mais tout cela, on le fait pour l'amour de l'équipe», explique un ami du capo wydadi. Avant d'ajouter : «Nous avons été les premiers au Maroc à faire un tifo qui a couvert tout le virage, puis un autre qui a couvert la totalité du complexe Mohammed V et enfin à lever deux tifos durant le même match. Nous sommes tout simplement inégalables».
Etre ultra, c'est également flirter avec le délit. Il y a tout d'abord cette pratique, pourtant interdite par la loi, à savoir le craquage des fumigènes et des torches lors des matches. Des «fumis» que les fans du Wydad et d'autres équipes parviennent à faire entrer au terrain malgré le contrôle policier. Puis, il y a ces fameux cortèges (voir encadré) qui peuvent dégénérer à tout moment en bagarres. Si, sur le forum des ultras du Wydad comme dans la page Facebook des Winners, on retrouve toutes sortes d'annonces comme des offres de voyages organisés pour les matches du WAC, des dates de réunion d'adhésion au profit des cellules, on peut également tomber sur des messages très particuliers concernant les cortèges. «Quand on débarque dans une ville adverse, on l'annonce dans le site. C'est pour que la provocation soit au maximum. On annonce l'heure et le lieu de notre arrivée afin que l'adversaire sache qu'on sera là», explique Hicham. Durant cette marche des ultras, il faut tout faire pour protéger le cortège et surtout la bâche du groupe, synonyme de l'honneur des Winners. «Il faut bien entendu se préparer au pire», avoue Soufiane.
A ce jour, aucune équipe adverse n'a pu organiser un cortège à Casablanca. «Il s'agit de la dignité de la ville qu'il faut défendre. C'est une mentalité urbaine valable chez les ultras du monde entier. Le mouvement ultra a dépassé tous les autres mouvements urbains tel que le hip hop ou encore le tectonique», conclut Hicham. Difficile à contredire au vu des dizaines de milliers d'aficionados du WAC comme du Raja qui prennent d'assaut le terrain chaque semaine…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.