L'Alliance pour la démocratie est née, elle rassemble huit partis : RNI, PAM, MP, UC, PT, PS, PRV et PGV. La coalition n'a pas d'objectif électoral. Ses composantes gardent leur identité et leur liberté d'action. Mercredi 5 octobre, Salaheddine Mezouar crée la surprise en annonçant, à Rabat, la mise en place d'un pôle moderniste et démocratique composé de huit partis politiques : le RNI, le PAM, le MP, l'UC, le Parti travailliste (PT), le Parti socialiste (PS), celui de la Renaissance et de la vertu (PRV), et le Parti de la gauche verte (PGV). Qu'est-ce qui peut bien réunir toutes ces formations ? A première vue on serait tenté de penser aux prochaines élections. Sauf que cette coalition de huit formations, dont quatre petits partis de tendances divergentes, ne répond à aucune logique électorale. «Notre objectif est d'élaborer un projet de société démocratique et moderniste», corrige M. Mezouar, président du RNI, coupant court à tout désir d'interprétation étriquée de cette initiative. C'est donc pour concrétiser ce projet que cette «Alliance pour la démocratie» qui couvre tout l'éventail des sensibilités politiques, de l'extrême gauche à l'extrême droite, a vu le jour. Car outre les quatre libéraux, cette coalition regroupe un parti à référentiel islamiste, le PRV, qui plus est né, en 2005, d'une scission au sein du PJD ; deux formations de gauche issues de l'USFP, le PS et le PT, aux ramifications syndicales puisque leurs leaders ont, tous les deux, été des dirigeants de la CDT ; et enfin le jeune Parti de la gauche verte initié par d'anciens militants de la gauche radicale. Il va sans dire que l'objectif de cette alliance n'est pas de présenter un programme électoral unifié, encore moins des listes communes de candidats et, former par la suite, un groupe parlementaire commun. L'USFP est toujours le bienvenu Il n'a pas non plus pour objectif de briguer la primature et monter une majorité gouvernementale. Les huit travailleront, certes, sur un projet de société commun mais la question d'un programme électoral commun n'a pas encore été abordée. Quant au futur gouvernement, «c'est encore tôt pour aborder cette question, en plus notre projet va au-delà des élections et du gouvernement», précise Salaheddine Mezouar. «Nous sommes un jeune parti de création récente, et si nous arrivons à décrocher quelques sièges, je pense que notre place naturelle sera dans l'opposition. Sauf si d'autres considérations viennent changer cette réalité», confirme Mohamed Fares, SG du PGV. Une alliance pourquoi et contre qui, donc ? «Notre alliance n'est dirigée contre personne. La question n'est pas contre qui, mais pourquoi nous sommes ici», annoncent unanimes les chefs des huit formations. Abdelkarim Benatiq, chef du Parti travailliste, explique en termes plus terre à terre, que «l'objectif de l'alliance est de défendre le projet moderniste et démocratique du Maroc, défendre les droits de la femme, économiques, sociaux et surtout politiques et civils. Nous sommes ici pour contrer une polémique autour de l'amazigh qui pourrait faire sombrer le pays. Bref nous sommes ici pour contrer le courant conservateur qui risque de faire régresser le pays…» Des valeurs, explique-t-il, portés depuis longtemps par la gauche. Mais, selon lui, «nous n'avons pas suffisamment de poids, notre présence dans la société est faible, pour porter à nous seuls le projet démocratique et moderniste, nous nous sommes donc appuyés sur des partis avec qui nous partageons des valeurs communes, la défense des droits de la femme, la promotion d'un islam ouvert et centriste et la richesse et la diversité de l'identité marocaine». Ce qui laisse entendre que l'alliance n'est pas un groupe fermé. Chose que confirme M. Mezouar, en précisant que «le bloc reste ouvert à toute autre formation désirant l'intégrer». Un clin d'œil peut-être à l'USFP? «L'USFP a été approchée en ce sens, confie le président du RNI. Mais, les discussions n'ont pas encore abouti». L'USFP, ajoute-t-il, est «porteur du même projet démocratique et moderniste. C'est un allié naturel».