A l'approche des prochaines élections législatives, qui ont pour date le 25 novembre prochain, des partis politiques ont créé l'évènement : une coalition de huit partis politiques a vu le jour hier. La naissance de la «coalition pour la démocratie» a été saluée par les médias et annoncée en grande pompe lors d'une conférence de presse. Simple calcul électoraliste ou est-ce le début d'une nouvelle ère de la politique marocaine ? A quelques semaines des échéances électorales, huit partis politiques marocains décident de s'allier. On retrouve dans cette coalition des grands de la scène politique actuelle comme le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Mouvement populaire (MP), le parti Authenticité et modernité (PAM), et d'autres moins connus tels que le Parti socialiste (PS) du Maroc, l'Union constitutionnelle (UC), le Parti travailliste (PT), le Parti de la Gauche verte (PGV), et même des islamistes : le Parti de la Renaissance et de la Vertu (PRV). «Nos huit partis se réunissent autour d'un projet démocratique, moderniste, ouvert sur le monde.», a déclaré hier Salaheddine Mezouar, à Rabat lors d'une conférence de presse. Un pare-feu contre le PJD ? Dès l'annonce officielle de la composition de cette coalition, les langues déliées parlent de calcul électoraliste visant à contrecarrer le Parti Justice et Développement (PJD), premier parti d'opposition au Maroc. Ce que Abdelkrim Benatik, président du PT n'a pas tardé à infirmer. «Nous ne sommes contre personne et cette coalition n'a pas été créée pour contrer quiconque», explique-t-il. Même son de cloche chez Mezouar, cité par Libération : «Cette Coalition pour la démocratie est une alliance contre personne. Il s'agit d'une coalition qui a pour ambition d'accompagner les mutations du Maroc et de la région et de répondre aux défis posés par la nouvelle Constitution.». En effet, cette tripolarisation du paysage politique vient à point nommé pour l'homogénéiser, limiter la confrontation entre la Koutla, la Coalition pour la démocratie et l'électron libre qu'est le PJD, et donner de la visibilité à des partis dont les électeurs ignorent jusqu'à l'existence. «Coalition du palais» ? Bon présage quant à l'harmonie du premier gouvernement sous la nouvelle constitution… en théorie. En effet, l'alliance de libéraux, conservateurs et gauchistes n'est pas une mince affaire. Arriveront-ils à gouverner ensemble, et atteindre les objectifs électoraux et postélectoraux qu'ils se sont donnés ? La coalition ambitionne en tout cas de «rationnaliser» et «réhabiliter» l'action partisane et jouer un rôle dans l'application de cette nouvelle Constitution «qui donne le pouvoir aux partis politiques». Qui sera le premier chef du gouvernement ? Tout semble indiquer que Mezouar est privilégié pour le poste. Maintenant le défi de cette coalition serait de ne pas faire de cette «coalition pour la démocratie» une «coalition du palais», car le risque de dominance par le PAM est là, même si El Himma reste en retrait par rapport à tout cela…pour l'instant.