L'émergence de nouveaux risques qui s'ajoutent aux anciens, à l'instar des changements climatiques et de la cybersécurité, impose aux assurances de s'adapter à ce monde, en évolution continue. C'est autour du thème lié aux incertitudes que s'est tenue la 10e édition du RDV de l'assurance. Suivez La Vie éco sur Telegram Le secteur des assurances fait face à de fortes incertitudes. Au fil des années, de nouveaux risques ont émergé et d'autres se sont accentués. Ce qui met à rude épreuve les modèles classiques de fonctionnement des compagnies d'assurance. «Quelle assurance dans un monde d'incertitudes ?» C'est justement le thème de la 10e édition du Rendez-vous de Casablanca de l'assurance, qui a rassemblé pour sa première journée, près de 1.000 participants et 45 pays. Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Economie et des finances, a souligné que l'incertitude se démarque par son aspect multidimensionnel, à la fois économique, climatique, digital et politique. «Le Maroc fait face à de multiples crises exogènes comme la pandémie du Covid-19 et les conflits géopolitiques. Il est aussi confronté à d'autres propres à lui, à l'instar des six dernières années de sécheresse et le tremblement de terre d'Al Haouz», explique la ministre. Et malgré la résilience du pays, démontrée sur tous les niveaux, et sa détermination à mener des réformes de taille, un rôle plus proactif et une approche plus innovante doivent être engagés. À ce titre, la ministre cite plusieurs leviers prioritaires, à savoir repousser les mécanismes d'inclusion pour répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables. «Le ministère des Finances, avec la participation des parties prenantes, est en train de préparer une feuille de route qui vise à poursuivre les efforts engagés dans le cadre de la préparation de la stratégie nationale de l'inclusion financière», a annoncé la ministre. Une opportunité pour les assureurs de proposer des mécanismes d'assurance innovants. Parmi les leviers à actionner également, le renforcement des investissements responsables à fort impact socioéconomique et des PPP pour couvrir les risques extrêmes que le secteur ne peut, à lui seul, prendre en charge. Sur ce volet, une commission interministérielle sera créée pour mener des réflexions concernant la mise en place d'une approche adaptée et d'outils assurantiels contre la sécheresse. Mohamed Hassan Bensalah, président de la Fédération marocaine de l'assurance (FMA), a ajouté que la réduction des incertitudes et la maîtrise des risques restent les principaux enjeux des assureurs de ce siècle. Au-delà des risques climatiques, de cybersécurité, géostratégiques et catastrophiques, Bensalah cite, sur la base d'un rapport du World Economic Forum, l'ampleur du risque de désinformation, qui devance même celui lié aux changements climatiques. Plusieurs défis se manifestent alors qui représentent des sources d'opportunités que «nous pouvons saisir avec le partage de nos expériences et une mutualisation des risques, sans oublier les PPP et le soutien des assurances», estime Bensalah. Selon lui, le défi majeur au niveau domestique est l'élargissement du taux de couverture, surtout que le taux de pénétration de 4% laisse une grande marge de progression. De même, des chantiers devraient aboutir rapidement. Allusion faite à la dématérialisation de l'attestation de l'assurance automobile, la refonte du livre IV du Code des assurances et l'ouverture sur d'autres canaux de distribution. Pour sa part, Abderrahim Chaffai, président de l'ACAPS, signale : «Nous devons être bien conscients que les risques d'ordre financier ne doivent pas reléguer au second plan les risques climatiques». L'assurance doit en effet s'investir davantage dans la lutte contre le réchauffement climatique et accompagner la transition énergétique de nos économies. Ainsi, l'ACAPS veille, d'une part, à mieux comprendre les effets du changement climatique sur le secteur et, d'autre part, à mettre en place des règles prudentielles adéquates en vue d'atteindre les objectifs escomptés en matière de stabilité et de résilience du marché de l'assurance. Dans cette optique, «nous avons travaillé sur une instruction relative à la gouvernance et à la gestion des risques financiers liés au changement climatique et à l'environnement pour répondre aux enjeux et impacts de ces risques sur l'activité d'assurance». De même, un projet d'instruction visant à fixer les principes devant être considérés par les entreprises d'assurance pour la gestion des risques cyber a été initié dans le but d'établir un système efficace de cybersécurité garantissant la sécurité opérationnelle des assureurs et protégeant les données des assurés et des tiers. L'objectif commun entre les acteurs est de se montrer visionnaire et proactif vis-à-vis de la prolifération des risques dans un monde d'incertitudes. Enfin, comme le pays des Emirats arabes unis est l'invité d'honneur de cette édition, la FMA et l'EIA (Emirates Insurance Association) ont conclu une convention technique qui porte sur le partage d'expériences, ainsi que d'autres actions qui ont pour vocation d'améliorer l'industrie de l'assurance dans les deux pays.