En 1998, un couple d'ingénieurs agronomes se lance dans l'aventure des produits du terroir en utilisant les moyens modernes du marketing. Dix ans après, Apia vient d'ouvrir un point de vente sur le boulevard d'Anfa à Casablanca après Ouazzane, Rabat et Maline en Belgique. Huile d'olive, miel, huile d'argan, confituresÂ..., une chaîne de production et de distribution maîtrisée. On peut être une coopérative et réussir une percée digne de celles que connaissent les PME les mieux organisées. Partie de presque rien, la coopérative agricole Apia a fait du chemin depuis sa création en 1998 par Abdelilah Daoudi, ingénieur agronome et apiculteur, et sa femme, aujourd'hui professeure à l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II à Rabat et spécialiste de la génétique de l'abeille. D'abord spécialisée dans l'apiculture et la valorisation du miel, la coopérative s'est intelligemment diversifiée jusqu'à développer toute une gamme de produits issus du terroir marocain. Ainsi vend-elle aujourd'hui une vingtaine de variétés de miel, toutes produites au Maroc, de l'huile d'olive et des olives conditionnées, des plantes aromatiques et médicinales, l'incontournable l'huile d'argan et des confitures. Tout cela est écoulé au sein de ses propres points de vente. Réunissant 5 apiculteurs et 2 arboriculteurs, Apia est aujourd'hui devenue une petite entreprise florissante. Pour preuve, l'ouverture prochaine d'un magasin sur le boulevard on ne peut plus convoité d'Anfa, à Casablanca. «L'investissement est élevé, mais le marché se trouve à Casablanca. Il s'agit donc de répondre à notre clientèle», explique M. Daoudi, président de la coopérative. Après l'ouverture du premier point de vente adossé à l'unité de production d'Ouazzane en 2002, celui de Rabat en 2005, puis Maline (Belgique) en 2009, voilà qu'APIA voit grand. Une production ajustée aux besoins Le succès a été construit progressivement, dans le sillage de l'augmentation de la demande sur les produits du terroir. Au fil des contacts établis avec les agriculteurs, la gamme de produits s'est élargie jusqu'à devenir ce qu'elle est aujourd'hui. La coopérative avait tenté une percée via la grande distribution, «mais la concurrence est trop rude, notamment face à du miel importé étiqueté marocain», nous confie M. Daoudi. Difficile alors de distribuer les produits dans les grandes et moyennes surfaces. La solution : la vente directe. Grâce à un financement bancaire, le premier point de vente sera installé en 2002 à Ouazzane, mitoyen à l'unité de production d'huile d'olive ouverte deux ans plus tôt. Puis viendra la boutique de Rabat. Après un début difficile, l'affaire est aujourd'hui viable, notamment grâce au bouche à oreille. Marocains et expatriés s'approvisionnent régulièrement dans la boutique rbatia, rue Oukaïmeden. «Nous vendons ce que nous produisons nous-mêmes, ce qui nous permet de contrôler la qualité de l'ensemble de la filière. De fait, nous ne pourrions satisfaire les besoins d'une grande surface. Nous produisons en fonction des besoins de nos points de vente et grâce à l'absence d'intermédiaire, nous sommes en mesure de proposer nos produits à des prix très étudiés», poursuit M. Daoudi. Une centaine de tonne d'huile d'olive, jusqu'à 30 tonnes de miel, 4 000 litres d'huile d'argan et divers autres produits sont commercialisés chaque année, dégageant un chiffre d'affaires de l'ordre de 3,5 MDH. 8 MDH investis depuis le départ Depuis ses débuts, la coopérative a investi 8 MDH sans compter les 2,2 MDH consacrés à la construction d'une station de traitement des rejets liquides pour l'huilerie d'Ouazzane et pour laquelle la coopération espagnole et l'Agence du bassin hydraulique du Loukkos a financé 60%. Plusieurs projets sont sur les rails. Il est ainsi prévu de créer d'ici fin 2011 une nouvelle usine à Aït-Melloul, dans la région d'Agadir, où sera produite l'huile d'argan et ses dérivés, jusqu'à maintenant extraite dans un petit atelier. Un point de vente y sera également intégré. Un autre sera ouvert courant 2011 à Kénitra afin d'y vendre le miel produit par la station apicole opérationnelle depuis 2006. C'est également dans cette ville que la future unité de production des plantes aromatiques et médicinales verra le jour. Le catalogue des produits va continuer à s'épaissir. A cet égard, la coopérative a travaillé avec la Faculté de pharmacie de Rabat pour mettre au point des produits dérivés de l'argan. Elle a également fait appel à un laboratoire belge pour lancer une gamme de cosmétiques. C'est dans la même optique de développement de l'activité que la coopérative discute avec le ministère de l'agriculture de l'éventuelle mise en place d'une agrégation. «Des agriculteurs seront intégrés dans notre coopérative, mais nous ignorons encore combien, quand, et comment cela se fera», précise M. Daoudi. Apia va aussi lancer un projet de labellisation «produits du terroir». «Nous allons commencer courant 2011 avec un programme d'accompagnement de l'Etat», confie M. Daoudi. Une telle distinction lui permettrait certainement d'étendre ses débouchés à l'étranger. La conception d'un site internet pour les ventes en ligne à cette clientèle est ainsi envisagée. Bref, l'avenir s'annonce prometteur.