L'activité est tirée à la hausse par les graines de semences, les épices et l'huile d'olive. La conserve végétale est en mauvaise posture. L'artichaut est pratiquement abandonné par les industriels. Prix élevés et production insuffisante expliquent le manque de compétitivité des produits marocains. Les exportations de produits végétaux sont bien orientées. D'après les dernières statistiques de l'Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE) publiées à la mi-novembre, elles ont enregistré une hausse de 23% par rapport à la campagne 2009-2010. De juillet, date de démarrage de la campagne, à novembre, le Maroc a exporté 92 669 tonnes de produits végétaux contre 75 309 tonnes pour la campagne 2009-2010. Cette hausse est due à la performance de divers produits comme les graines et semences dont les exportations ont augmenté de 132%, à 14 224 tonnes, les épices qui ont progressé de 27%, à 15 361 tonnes, ou encore l'huile d'olive qui a enregistré une hausse de 102%, à 4 321 tonnes. En revanche, pour la conserve végétale, la conjoncture a été plutôt morose, et ce, depuis le démarrage de la campagne. Sauf pour l'olive dont les ventes portent sur 22 535 tonnes contre 20 103 pour la précédente campagne, soit une amélioration de 12%. Pour le reste, les professionnels sont plutôt dubitatifs sur un éventuel retournement de tendance car, durant ces dix dernières campagnes, les conserves végétales ont perdu du terrain sur les marchés traditionnels du Maroc, notamment les marchés européens. La perte de compétitivité est essentiellement due au prix et à la faiblesse de la production de fruits et légumes. Les conserves de légumes (artichaut, champignons, tomates et haricots) ont accusé une baisse de 27%, à 1 333 tonnes. Le Maroc se concentre sur le haricot vert bio Pour le haricot vert, les professionnels affirment que la compétitivité est très insuffisante et la tendance ne risque pas, ajoutent-ils, de changer. Le Maroc qui était, pourtant, bien positionné, il y a quelques années, sur les marchés européens ne fait plus le poids face au Kenya dont les prix de vente sont plus bas. Pour faire face à cette concurrence, les industriels se sont focalisés sur le haricot fin, extra fin et biologique dont la production est, selon les estimations disponibles mais non confirmées, de l'ordre de 10 000 tonnes. Quant à l'artichaut, dont les exportations sont de 3 tonnes contre 40 tonnes en 2009-2010, on peut dire que les industriels l'ont quasiment abandonné face à la concurrence dont le prix est 20% moins cher que le prix du Maroc. Cependant, pour certains exportateurs souhaitant diversifier leurs marchés, l'artichaut et la tomate seraient des niches intéressantes pour aller à la conquête du marché américain. Le cornichon est moins éprouvé, mais le volume tombe de 6 826 à 6 620 tonnes, soit 5% de moins. Cette tendance baissière s'est confirmée au fil des dix dernières campagnes en raison, une fois de plus, de la faible compétitivité des cornichons marocains sur les marchés européens. Selon les industriels, le Maroc est fortement concurrencé par l'Inde et la Turquie dont le prix de vente est 30 à 50% moins élevé que le prix marocain. Un différentiel qui s'explique, comme pour les autres légumes, par la faiblesse du rendement à l'hectare. Au Maroc, ce rendement est de 6 tonnes par hectare alors que chez les concurrents, la production varie entre 25 et 30 tonnes à l'hectare. Pour les producteurs, le marché de bouche est plus intéressant que l'industrie Pour les conserves de fruits surgelés et congelés, les exportations ont reculé de 10%. Le volume exporté est ainsi passé de 12 715 à 11 426 tonnes pour la campagne en cours. Toutefois, les professionnels restent confiants car la tendance du marché international est aujourd'hui en faveur des abricots, les fraises et les figues surgelés. Un créneau sur lequel le Maroc conserve encore des chances de se positionner même si les campagnes d'exportation restent tributaires de l'approvisionnement en matières premières. Les exportations de jus de fruits,essentiellement d'agrumes, sont aussi en recul de 23%. Et c'est une fois encore l'insuffisance de la matière première qui explique cette performance. Le prix sur le marché de bouche (pour la consommation) est plus intéressant pour les agriculteurs qui n'hésitent pas de ce fait à écouler leurs marchandises aux commerçants au détriment des industriels. Selon les industriels, pour un retour de la compétitivité des mesures doivent être prioritairement prises notamment l'investissement dans la recherche-développement afin d'améliorer le rendement à l'hectare ou encore la réorganisation des exploitations agricoles qui sont aujourd'hui trop petites et ne permettent donc pas d'augmenter la production. Ceci permettra au Maroc, devenu aujourd'hui un fournisseur d'appoints seulement pour les grands distributeurs, de retrouver sa place de premier fournisseur des pays européens et d'aller même à la conquête de débouchés nouveaux.