Le secteur des industries agroalimentaires présente un grand potentiel de croissance, mais la structure et la stratégie des entreprises obstruent son développement. Le projet de plate-forme pour la relance du secteur est appelé à résoudre ce problème. Le secteur des IAA connaît beaucoup de difficultés surtout en termes de dépendance vis-à-vis de lamont agricole dont le déficit a été aggravé par la sécheresse. Il contribue à hauteur de 21% à linvestissement industriel et participe faiblement aux exportations (20%), à lexception de la branche transformation de fruits et légumes très orientée vers le marché extérieur. Daprès la dernière enquête du ministère du Commerce et de lindustrie de 2001, les industries agroalimentaires (IAA), hors conserves de poisson, constituent le premier secteur dactivité industrielle avec 30% de la valeur ajoutée et 12% de lemploi permanent, puisquon a recours à la main-duvre saisonnière. La valeur ajoutée générée par cette industrie (hors conserves de poisson) est estimée en 2001 à 16,87 Mds de DH, pour une production de 49,4 Mds de DH. Il y a lieu de noter que lagriculture représente 53% de la valeur des consommations intermédiaires de lensemble de la branche des industries agroalimentaires. On peut dire que cette dernière est très dépendante de lamont agricole à cause de la variabilité climatique et de son incidence sur la production des matières premières. Cela se manifeste clairement lors des crises dapprovisionnement générées par les dernières sécheresses où plusieurs usines de conserves ont été acculées à la faillite ou sérieusement mises en difficulté. Malgré son poids dans lindustrie marocaine, le secteur des IAA reste sous-développé et risque de ce fait de ne pas atteindre un vrai potentiel de croissance. Son poids dans léconomie nationale nest que de 4,4% contre 15% en moyenne pour le secteur agricole primaire. Industrie de transformation de fruits et légumes Lindustrie de transformation de fruits et légumes est caractérisée par une structure dualiste, avec un petit noyau dentreprises de grande taille et une multitude de PME. Les exportations de cette branche en 2002/2003 se sont élevées à 2,8 Mds de DH. Lindustrie des fruits et légumes utilise de manière intensive le facteur travail, en particulier dans la conservation des fruits et légumes. Sa part dans lemploi permanent est de 7%, alors quelle ne réalise que 3% du chiffre daffaires du secteur des IAA. De ce fait, la part des salaires dans la valeur ajoutée de la branche est plus importante que dans le reste de lindustrie qui emploie 4.500 personnes. Lemploi saisonnier représente 66% de lemploi permanent, soit environ 2.950 emplois. Par ailleurs, la balance commerciale de lindustrie des fruits et légumes est largement excédentaire au profit du Maroc : 1,3 Md de DH dexportation contre 100 millions de DH dimportations. Les principaux produits agricoles transformés et exportés sont les conserves dolives, dabricots, dharicots verts, de cornichons, de câpres, les produits surgelés (fraises et haricots verts), les produits issus des tomates et des oranges ainsi que les épices, les huiles essentielles et les champignons. Plusieurs produits ont quasiment disparu de la gamme exportée, notamment les concentrés de tomate, les vins et les huiles dolive du fait, notamment, des subventions à la production européenne introduites par la politique agricole commune. Il faut signaler que le Maroc occupe le deuxième rang mondial pour les exportations de conserves dolives et le premier pour celles des câpres. Il est également le premier fournisseur de lEurope en conserves dabricots et le deuxième dharicots verts transformés. Les filières exportatrices de produits transformés sont confrontées à deux problèmes internes majeurs. Le premier est celui de la restructuration de la petite et moyenne industrie de la conserve non intégrée à laval. Cette restructuration permettrait daccroître sensiblement la valeur ajoutée produite localement, qui reste faible, et accroîtrait la pression concurrentielle sur les quelques entreprises qui dominent chacune les filières daujourdhui. Le second est celui des circuits dapprovisionnement, dont le caractère informel décourage les nouveaux investisseurs et réduit la pression concurrentielle sur les entreprises déjà installées. Structure et stratégie dentreprise Lintensité de la rivalité entre entreprises locales ainsi que les pratiques managériales locales influent beaucoup sur la capacité dune entreprise à acquérir un avantage concurrentiel dans une industrie donnée. Pour chaque segment dactivité de la branche conserves végétales, le nombre dentreprises ayant atteint un niveau technique et organisationnel permettant daffronter durablement la concurrence internationale apparaît limité. La majorité de ces entreprises est orientée essentiellement vers lexportation et ne bénéficie que dune autonomie limitée. Sajoute à cela une absence préjudiciable de politique marketing. Projet de plate-forme La plate-forme pour la relance du secteur des conserves végétales est basée sur un ensemble de dispositions concernant en premier lieu les industriels, leurs associations et les pouvoirs publics, mais aussi les autres acteurs, notamment les agriculteurs et leur organisation. Les premiers axes concernent principalement lamélioration de lenvironnement général des entreprises du secteur afin dattirer les investisseurs privés capables de relancer le secteur. Pour cela, la plate-forme sappuie sur 4 aspects qui sont : la modernisation de lamont agricole, lorganisation de la concurrence sur le marché intérieur, la promotion de la gestion de la qualité et le renforcement de la compétitivité industrielle. Concernant les industriels, la plate-forme formule un ensemble de recommandations portant notamment sur la mise aux normes des équipements et ladoption des techniques de management moderne en matière de ressources humaines, marketing et recherche-développement. Laboutissement de cette plate-forme passe par sa prise en charge et son appropriation par les organisations professionnelles.