Le taux de chômage s'est établi à 8,2% à fin juin contre 8% à la même période de 2009. Le BTP et les services sont les plus gros créateurs d'emplois. L'industrie a créé 28 000 emplois, confirmant ainsi la reprise économique. Le chômage a baissé de près de deux points entre le premier et le deuxième trimestre de cette année, en revenant de 10 à 8,2 % respectivement. A ce niveau, l'on peut dire que la situation du marché du travail est relativement bonne, mais il faut compter avec l'effet de saisonnalité, puisque le taux de chômage est appelé à augmenter au cours des trimestres suivants. D'ailleurs, même par rapport à fin juin 2009, c'est-à-dire en éliminant l'effet saisonnalité, le taux a légèrement augmenté (+ 0,2 point). Le nombre de chômeurs est ainsi passé de 911 000 à 949 000 entre les deux périodes, soit 38 000 actifs occupés sans emploi (+ 4,2 %). Comme toujours, ce sont les jeunes qui sont les plus affectés par le chômage ; particulièrement la tranche des 15-24 ans dont le taux de chômage est passé de 15,7 à 16,3%. Et parmi ces jeunes, ceux qui habitent en milieu urbain sont évidemment les plus touchés puisque le taux d'inactivité les concernant est très élevé : 31% contre 30,7% en juin 2009. Et même la tranche des 24-34 ans n'est pas épargnée par le chômage quoiqu'à un degré moindre : 11,4 contre 11,1% l'année dernière, avec un taux de 17,1% en milieu urbain. Malgré tout, et comme le montrent les statistiques du Haut commissariat au plan (HCP), les deuxièmes trimestres (voir graphe) sont généralement ceux où l'emploi augmente. Ainsi, 140 000 postes de travail nets ont en effet été créés au deuxième trimestre de 2010, dont 92 000 en milieu urbain et 48 000 en milieu rural. C'est moins que ce qui a été créé au deuxième trimestre de 2009 (232 000 postes), mais c'est 2,1 fois plus par rapport aux trois premiers mois de cette année (68 000 emplois). A cette période de l'année, la hausse du niveau des créations d'emplois s'explique généralement par les travaux liés à la campagne agricole. Et quand celle-ci est exceptionnelle comme en 2009 (102 millions de quintaux de céréales), on comprend que le secteur emploie le plus grand nombre possible : l'année dernière, en effet, sur les 232 000 emplois créés, 196 000 l'ont été dans l'agriculture, forêt et pêche, soit une proportion de 84,5%. Le reste a été le fait des secteurs du BTP et des services. L'agriculture a perdu 83 000 postes de travail En 2010, la configuration sectorielle des créations d'emplois a changé, et ce changement a concerné curieusement le secteur qui fournit traditionnellement le plus d'emplois à cette période de l'année, c'est-à-dire l'agriculture: le secteur primaire, en effet, n'a été à l'origine d'aucune création d'emplois, il en a même perdu 83 000 ! Pourtant, on ne peut pas parler de mauvaise récolte puisque les prévisions de départ (60 millions de quintaux de céréales) ont été dépassées (75 millions de quintaux). En fait, ce sont d'abord le BTP et les services qui ont offert le plus grand nombre d'emplois : 109 000 et 92 000 postes respectivement. Le troisième secteur qui a contribué à la création d'emplois, c'est, on ne l'attendait peut-être pas, l'industrie avec 28 000 postes. L'année dernière à la même époque, l'industrie, encore prise dans la tourmente de la crise, n'avait créé aucun emploi; elle en avait même perdu. Cette configuration de l'emploi semble corroborer l'évolution de la conjoncture économique, marquée par une reprise de l'activité économique (+ 3,4% de croissance au 2e trimestre), notamment l'activité hors agriculture (+ 5%). Au cours du premier semestre de 2009, la situation fut tout à fait l'inverse de ce qui prévaut aujourd'hui : la croissance non agricole ayant été nulle, c'est le secteur primaire qui généra l'essentiel des emplois créés. L'amélioration, depuis le début de l'année, de la demande étrangère adressée à l'économie marocaine, n'est sans doute pas étrangère aux créations d'emplois constatées notamment dans l'industrie. Le sous-emploi en hausse Et, néanmoins, la très légère augmentation du taux de chômage, voire son maintien au niveau où il était au deuxième trimestre 2009 semble être le résultat d'une hausse du sous-emploi. Ce phénomène a en effet gagné 1,6 point entre les deux trimestres, en passant de 9,6 à 11,2 % : 1 200 000 personnes à fin juin 2010, contre 1 017 000 personnes à la même période de 2009. Le sous-emploi, on le voit, est plus important que le chômage ; la baisse continue de celui-ci faisant augmenter celui-là. Mais il y a une logique au développement du sous-emploi ; il suffit de regarder les grands secteurs pourvoyeurs d'emplois pour le constater : BTP, services et, quand l'année est bonne, agriculture. Tout le monde sait que si le BTP et l'agriculture sont des secteurs qui, en effet, emploient beaucoup, ils sont aussi (par nature ?) ceux où le salariat est peu développé, où la saisonnalité est forte et, finalement, où la précarité touche un nombre plus élevé de travailleurs. Mais on pourrait parfaitement considérer que ces secteurs-là ont, en quelque sorte, les défauts de leurs qualités : ils offrent des salaires pas élevés et des emplois plutôt précaires, mais la main-d'œuvre, qualifiée ou pas, trouve à s'employer même pour des durées déterminées. A contrario, dans l'industrie, où les emplois sont «normés», les droits des uns et des autres plus ou moins bien respectés, les recrutements, pour ces mêmes raisons probablement, restent très faibles, en tout cas loin d'égaler, ce qui s'observe dans les autres secteurs. Pourtant, c'est dans l'industrie -et les services aussi -que se créent de «vrais» emplois, c'est-à-dire des emplois relativement bien rémunérés et bénéficiant des systèmes de couverture sociales…