Au lendemain de la signature du contrat-programme 2023-2037 entre le gouvernement et Royal Air Maroc, Hamid Addou, PDG de la compagnie, a donné rendez-vous à la presse, pour livrer plus de détails sur cet ambitieux plan de développement. Compte-rendu. «C'est un jour historique pour RAM et pour le Maroc. C'est un moment très fort de l'histoire de cette compagnie aérienne créée depuis 65 ans déjà»: c'est en ces termes que Hamid Addou a commenté la signature du contrat-programme entre le gouvernement et la compagnie national, signé mardi 11 juillet. Une signature qui intervient dans un contexte de reprise touristique porteur pour le secteur aérien, et qui doit permettre à la compagnie marocaine d'entrer dans une nouvelle ère d'expansion. Ce contrat prévoit, pour rappel, un renforcement de la participation de l'Etat au capital de la compagnie nationale Royal Air Maroc, dans le cadre de l'accompagnement par le gouvernement du projet d'investissement de grande envergure de la compagnie. En vertu de ce contrat-programme, RAM va quadrupler sa flotte aérienne qui passera de 50 appareils actuellement à 200 appareils au cours des 15 prochaines années. «Ce contrat-programme vise à accompagner toutes les orientations stratégiques royales ainsi que toutes les stratégies sectorielles, et en premier lieu le tourisme dans le but d'y apporter une dynamique nouvelle, a déclaré Hamid Addou. A l'issue de ce plan en 2037, et selon les projections présentées aux journalistes, la compagnie devrait transporter plus de 31 millions de passagers (7,5 millions en 2019), desservir 143 destinations (99 en 2019), et réaliser un chiffre d'affaires de 94 milliards de dirhams (16,5 MMDH en 2109). Pour ce qui est de la contribution de l'Etat au financement de cet ambitieux plan de développement, Addou a répondu qu'il n'y avait pas d'enveloppe globale à proprement parler. Les besoins en augmentation de capital nécessaire pour l'acquisition des avions seront évalués chaque année, en fonction de la conjoncture, par un comité de suivi, nommé par le chef du gouvernement. Pour cette année par exemple, a-t-il expliqué, les réalisations de la compagnie sont meilleures que prévues, et par conséquent l'apport en capital de l'Etat pour couvrir le besoin est faible. Et d'ajouter : «l'achat d'avions se fait en partie par de la dette et en partie par un apport un cash de l'entreprise. C'est cet apport en cash qui doit être couvert. Ce contrat-programme nous permet de travailler sereinement, parce que l'on sait que chaque année il y aura cet accompagnement». 7 Boeing livrés dès 2024 Le renforcement de la flotte de la compagnie a par ailleurs déjà commencé. Hamid Addou, a en effet révélé que la compagnie a lancé les consultations pour 10 nouveaux avions qui viendront renforcer la flotte à court-terme. «Sur ces 10 avions, sept sont déjà sécurisés, à savoir cinq Boeing 737 et deux Dreamliners», a-t-il annoncé, ajoutant que l'un de ses appareils (un 737-800) a déjà été livré. «Les autres machines arriveront à partir de mars 2024», a-t-il précisé. Ces appareils serviront à connecter certaines destinations prévues dans le plan de développement de la compagnie, comme Tripoli, Pékin (2024), encore le Cap Vert et même Los Angeles (2025). A noter que sur les 7 avions qui seront livrés, deux sont des acquisitions, les autres étant des locations longue durée. «On va commencer avec plus de leasing, et continuer avec les avions en acquisition, au fur et à mesure de leur disponibilité chez les constructeurs», a-t-il fait savoir. Pour couvrir le reste de la flotte additionnel, RAM prépare un appel d'offres pour tous types d'avions, et selon un calendrier précis jusqu'à 2037. «Il y a un certain de nombre de marques qui vont y répondre, comme Boeing et Airbus bien sûr, mais aussi d'autres comme Embraer ou ATR. A eux de nous proposer la meilleure offre». Connexion à toutes les capitales africaines Concernant le développement du réseau, il va considérablement se densifier, avec plus d'une centaine de nouvelles destinations internationales, dont 73 en Europe, 13 en Amériques, et 10 en Asie. Parmi les lignes qui ouvriront en priorité, en retrouve Pékin (en 2024), Los Angeles (en 2025) ou encore Sao Paulo, Rio de Janeiro, Munich, Zurich, et Naples (dans une première phase qui a jusqu'en 2027). En Afrique, 12 nouvelles destinations seront ouvertes (dont Tripoli, Ndjamena, Abuja, Nairobi, Johannesburg, et le Cap Vert avant 2027) qui viendront s'ajouter aux 38 déjà opérationnels. «Cela va nous permettre de couvrir l'ensemble des capitales du continent», s'est félicité Hamid Addou. Une deuxième phase d'expansion (2027-2037) se focalisera les Amériques (Toronto, San Francisco, Chicago, Boston, Toronto, Mexico, Buenos Aires, ou encore Lima), et sur les pays Asiatiques (New Delhi, Kuala Lumpur, Shangaï, Tokyo, et Seoul). De nouvelles liaisons concerneront aussi les villes d'Europe du Nord et de l'Est (Varsovie, Budapest, Dublin, Lille, Copenhague, Berlin, Düsseldorf, Oslo, Hambourg, Stuttgart, Prague, Vienne, Stockholm, Birmingham, Bucarest). «Avec cela, nous auront un réseau suffisamment dynamique qui accompagne le développement du tourisme», a souligné Addou. Le réseau domestique n'est pas en reste. Ainsi, au-delà du réseau radial sur le hub de Casablanca, un projet de réseau intérieur transversal est développé pour les 12 régions du Royaume, «afin de permettre à nos concitoyens de s'interconnecter sans passer par Casablanca». Il prévoit notamment de nouvelles lignes transversales connectant Fès, Nador, Oujda, Guelmim, Laayoune, Dakhla. Au final, ce plan permettra à la RAM de changer de dimension au profit du pays, de son économie et de son rayonnement, passant du statut de compagnie traditionnelle, dotée d'un hub régional moyen-courrier Nord-Sud, à celui de transporteur global, en exploitant un hub transcontinental Nord-Sud et Est-Ouest.