Entre octobre 2009 et avril 2010, les conditions appliquées pour un crédit de 20 000 DH sur 24 mois ont évolué favorablement. Le tassement de la croissance de la distribution des crédits pousse les sociétés de financement à baisser leur taux malgré la hausse du coût de refinancement et l'envolée des impayés. Les sociétés de crédit à la consommation ne cèdent pas aux contraintes qui pèsent sur leur activité depuis fin 2008. Le resserrement des liquidités bancaires, qui s'est traduit par l'augmentation du coût de refinancement du secteur et l'envolée du coût du risque, suite au provisionnement massif des créances en souffrance, n'ont pas eu d'impact significatif sur les conditions commerciales appliquées aux emprunteurs. Les offres de crédit ont au contraire connu une amélioration notoire chez la majorité de ces établissements. Selon une enquête que La Vie éco a menée auprès des agences des sociétés de crédit de la place au cours du mois d'avril, le coût global d'un prêt de 20 000 DH sur 24 mois (intérêts, frais de dossier et assurance) a connu une baisse allant jusqu'à 660 DH par rapport à la même mesure que nous avions effectuée en octobre 2009. La mensualité de ce prêt peut descendre quant à elle jusqu'à 948 DH, traite incluant TVA, frais de dossier et d'assurance (voir tableau). Et certaines sociétés en sont même à proposer des taux d'intérêt très bas pour attirer les nouveaux clients. Acred, par exemple, offre un taux de 8,3% hors taxe aux nouveaux arrivants, alors que les taux standards peuvent atteindre 14,26%, le maximum autorisé par Bank Al-Maghrib pour l'année en cours. Qu'est-ce qui explique cette amélioration des conditions de crédit alors que le secteur connaît une hausse généralisée de ses charges de production (coût de l'argent et coût du risque essentiellement) ? Selon un responsable dans une société de crédit de la place, «les offres de prêts de plus en plus favorables s'expliquent par la volonté des opérateurs du secteur de redynamiser leur activité et de préserver leurs parts de marché». Les promotions visent les fonctionnaires et les retraités En effet, l'année 2009 a pour le moins été difficile pour le secteur du crédit à la consommation. L'encours de ses créances a enregistré pour la première fois depuis des années une progression à un seul chiffre. Il a atteint fin décembre 39,4 milliards de DH, soit à peine 9,2% de hausse en un an, contre 17,7% à fin 2008, 14% à fin 2007 et 13,1% à fin 2006. Ce tassement de la croissance montre clairement le retournement du cycle de crédit, consécutivement au contexte de crise et de ralentissement économique que connait le pays depuis fin 2008. Les sociétés de financement espèrent renverser cette situation à travers plus d'efforts commerciaux, et ce, même si leurs marges s'en trouvent dégradées. Le coût de refinancement du secteur a connu une hausse substantielle en 2009 en raison d'un marché interbancaire structurellement déficitaire qui tire les taux d'intérêt vers le haut. Même les établissements qui se sont orientés vers les Bons de sociétés de financement (BSF) ont dû supporter un coût plus élevé qu'il y a quelques années. Par exemple, le taux est actuellement de 4,40% pour une émission de BSF sur 3 ans alors qu'il était de 3,57% il y a deux ans. En plus de ce renchérissement, l'envolée des impayés ampute une bonne partie de la rentabilité de ces établissements. Les provisions pour créances en souffrance de Salafin ont par exemple augmenté de 127% en 2009 pour consommer près de 20% de son produit net bancaire (PNB), et ceux de Sofac représentent carrément 40% de son PNB, ce qui a conduit la société à réaliser un résultat net déficitaire en 2009. Cette situation a d'ailleurs poussé les sociétés de financement à limiter leurs offres promotionnelles à certaines catégories de clients jugées moins risquées. Il s'agit notamment des fonctionnaires et des retraités dont les revenus sont sûrs et réguliers. Wafasalaf leur propose par exemple une mensualité de 953 DH pour le prêt de 20 000 DH sur 24 mois, alors que la traite standard est de 961 DH.