La ville ocre connaît à nouveau une croissance à deux chiffres des nuitées. Fès affiche des progressions où les arrivées de touristes étrangers ont crû de 35%. La durée de séjour moyenne s'est réduite à Agadir tandis que Tanger est pénalisée par la crise en Espagne. Nous en faisions état dans un confidentiel publié dans notre précédente édition (www.lavieeco.com), le premier trimestre 2010 s'achève sur une note d'optimisme chez les opérateurs du tourisme, et ce, malgré les effets de la crise internationale qui continue d'affecter, d'une manière ou d'une autre, les destinations nationales. Néanmoins, et c'est devenu un refrain, quand les statistiques officielles révèlent une reprise des arrivées et des nuitées, les hôteliers, sans les contester, mettent l'accent sur l'évolution du chiffre d'affaires qui, au meilleur des cas, se stabilise quand il ne baisse pas. En effet, les prix sont sur une tendance baissière, mais le Maroc n'est pas allé jusqu'au bradage que l'on connaît dans certains pays concurrents. C'est le cas notamment à Marrakech qui termine le premier trimestre avec 367 613 arrivées, en augmentation de 6,20% par rapport à la même période de 2009. Les nuitées s'élèvent à 1 120 000, soit une hausse de 12,03%. Mais cette croissance à deux chiffres des nuitées n'est pas suffisante pour faire passer le taux d'occupation dans la ville au-dessus de la barre des 50% (47% pour ce 1er trimestre 2010) et encore moins pour atteindre le niveau des années fastes où ce taux dépassait les 60%. Selon Kamal Bensouda, président de l'Observatoire du tourisme, il faudrait une croissance des nuitées de l'ordre de 25% durant trois ans pour revenir à ce niveau, eu égard aux nouvelles ouvertures, effectives ou à venir. Il faut savoir qu'à l'heure actuelle Marrakech représente 38% de la capacité hôtelière du pays. La Mamounia affiche complet durant tous les week-ends jusqu'en juin Ceci étant, cette forte reprise des nuitées à Marrakech, après une année 2009 très difficile, devrait se poursuivre, selon les observateurs, en avril et mai et même juin grâce aux manifestations qui s'y dérouleront, notamment Caftan, le Grand prix automobile et le Festival musical de Lalla Takarkoust. L'exemple type pour montrer que Marrakech continue d'attirer les touristes, La Mamounia affiche complet tous les week-ends jusqu'au mois de juin. En tout cas, on nous affirme auprès du Conseil régional du tourisme (CRT) de la ville qu'en plus du plan d'action prévu pour redresser la situation, de nombreuses opérations seront entreprises pour maintenir le cap. Toutes proportions gardées, des signes de reprise sont aussi observés à Fès, même si les données sont différentes. Les résultats du premier trimestre sont jugés très bons par le président du CRT, Driss Faceh, qui affirme que les arrivées de touristes étrangers ont progressé de 35% durant cette période par rapport à la période équivalente de 2009. En revanche, les touristes nationaux ont tout l'air d'avoir boudé la capitale spirituelle durant ce trimestre puisque, confirme Driss Faceh, le nombre de leurs nuitées ont baissé de 40% durant cette période. Mais le président du CRT relativise cette baisse, soulignant qu'elle découle du fait que le premier trimestre 2009 avait connu un assez long séjour royal dont avaient bien profité certains établissements hôteliers de la ville, particulièrement les 5 et 4 étoiles ainsi que les riads. Dans les autres villes, la situation est plutôt mitigée. Il en est ainsi pour Agadir qui continue à voir ses nuitées baisser, même si on assiste comme partout à une reprise des arrivées. Même les hôtels sur le front de mer d'habitude épargnés ne font pas le plein en raison du recul des marchés allemands et français, selon des professionnels. Les marchés nouveaux, notamment des pays de l'Europe de l'Est vers lesquels il y a eu grand effort de promotion, n'arrivent pas à compenser les pertes observées au niveau des marchés traditionnels. Enfin, Tanger joue de malchance cette année avec la crise en Espagne, son principal fournisseur et le mauvais temps qui a considérablement réduit les fréquences des navettes dans le détroit. D'une manière générale, la plupart des professionnels parlent de petite reprise, mais sans grande visibilité. En effet, même au niveau international, on n'attend pas vraiment une amélioration de la situation avant septembre prochain. Ce qui constitue une source d'appréhension pour le tourisme national où les jeux sont faits bien avant, c'est-à-dire lors de la saison d'été. Or, cette année, il est sûr qu'il n'y aura probablement pas d'affluence dans les stations balnéaires, les Marocains, c'est connu, aiment bien passer Ramadan (à partir de la deuxième semaine du mois d'août) chez eux.