Les échanges internationaux de l'alimentaire et la chaîne logistique du froid ont été les thèmes retenus pour la IIIe édition du salon Medlog. Les pertes alimentaires sont estimées à 25% dans les pays en développement, contre 10% dans les pays développés. 25% de la production agricole au Maroc est destinée à l'exportation. La troisième édition de la Conférence méditerranéenne de la logistique (Medlog) qui se déroule à Tanger les 15 et 16 avril, s'achèvera ce vendredi par une visite du port de Tanger Méditerranée. Opérationnel depuis juillet 2007, ce complexe qui offre une plateforme portuaire, industrielle et logistique pointue fait partie des infrastructures du Royaume qui auront un rôle capital à jouer sur les échanges alimentaires mondiaux les prochaines années. Pour preuve, la mobilisation ibérique pour agrandir et moderniser le port d'Algesiras par crainte de perdre une partie du trafic transitant par le détroit de Gibraltar, porte stratégique vers le marché méditerranéen. Le Medlog de cette année a été placé sous le signe des perspectives des échanges internationaux de l'alimentaire et l'enjeu que pose la maîtrise de la chaîne logistique du froid. Cette rencontre qui a réuni une vingtaine de pays de la Méditerranée a également connu la présence d'un invité d'honneur qu'est le Brésil. Distinguer la logistique primaire de la logistique superflue «Avec la Chine, le Brésil connaît depuis ces dix dernières années une hausse des exportations dans le domaine agroalimentaire. Entre 1997 et 2006, le pourcentage des exportations des deux pays a respectivement évolué de 4,7 à 6,6% et de 5,1 à 7,5%. Parallèlement à cette tendance, le volume des exportations alimentaires dans les bassins historiques des exportations, que sont l'Europe et les Etats-Unis, a connu un fléchissement», indique Michel Fender, membre du comité scientifique du Medlog, expert en logistique internationale et consultant au sein du cabinet Newton Vaurel Consulting. Avec la mondialisation, les flux alimentaires entre pays obligent les nations à se positionner d'un point de vue stratégique et organisationnel à la fois. «Des zones géographiques spécifiques de production qui exportent, des pays en auto-suffisance et d'autres non-suffisants, des produits, et autant de flux qui en découlent», schématise M. Fender. De là, des relations d'interdépendance entre nations se créent sur ces bases alimentaires, et la logistique, tout naturellement, s'intéresse à l'ensemble des flux de produits. De façon générale, la valeur au kilo d'un produit alimentaire est relativement faible et ce problème de transport sur des longues distances figure justement parmi l'une des préoccupations majeures des acteurs de la logistique. La logistique permet donc de rééquilibrer, au travers des exportations/importations des pays, les excédents et l'insuffisance de production des uns et des autres. En outre, «il est nécessaire de distinguer la logistique primaire de celle que j'appellerai superflue», indique Michel Fender. La première revêt un caractère nécessaire et vital alors que celle nommée superflue s'apparente ni plus ni moins…à un caprice de riches. «Un étalage de fraises chiliennes dans une surface alimentaire en France en plein hiver est une aberration par exemple», cite M. Fender. La logistique dans l'alimentaire revêt des intérêts majeurs et Medlog figure comme un rendez-vous incontournable entre les professionnels de cette filière clé de l'économie des pays. Rappelons par exemple que la logistique au Maroc, tous secteurs confondus, absorbe 20% du PIB dans le Royaume. C'est dire si la maîtrise des coûts est cruciale et ce fut encore plus le cas au cours des dernières années. «Beaucoup ont tendance à oublier la crise mondiale de l'alimentaire en 2007 et 2008 et qui a eu comme conséquence la hausse des prix des produits basiques», rappelle Michel Titecat, le directeur de stratégie et veille à l'Agence spéciale Tanger Méditerranée (TMSA), la partenaire officielle de Medlog. Il est donc naturel et vital de lutter contre les pertes dues à une logistique défaillante. Un exemple parlant : on enregistre 25% de pertes alimentaires dans les pays en développement contre à peine 10% dans les pays développés à l'heure actuelle. Sur ce chapitre, la maîtrise de la chaîne du froid au moyen de techniques logistiques développées est capitale. Le marché reste dominé par les réseaux logistiques informels Au Maroc, 25% de la production agricole est exportée. Cela représente 10% du commerce international du Royaume. Malgré cela, notre pays a encore du chemin à faire. «À titre de comparaison, nous sommes trois à quatre fois moins commerçants dans nos échanges avec l'Europe que la Turquie», observe M. Titecat, tout en faisant remarquer qu'à l'heure actuelle «le Maroc fait de gros efforts, avec le port de Tanger Med notamment et ses politiques agricoles, son contrat-programme logistique aussi». Naturellement, une bonne maîtrise de la logistique alimentaire passe d'abord par une bonne organisation en interne. Selon Mustapha El Khayat, président de l'Association marocaine pour la logistique (AMLOG), «pour la compétitivité et la modernisation de la chaîne alimentaire marocaine, une vision logistique globale s'impose. Une stratégie de Supply Chain (chaîne d'approvisionnement) adaptée à l'environnement concurrentiel de cette chaîne est à construire. Plusieurs projets sont en cours : une autoroute de la mer pour les fruits et légumes, des plateformes logistiques spécialisées pour les produits agroalimentaires, la catégorisation des intervenants par la douane, etc. Tous sont soutenus par des institutions internationales telles la Banque mondiale et l'Union européenne, et pensés par des experts du secteur, en collaboration avec les opérateurs et les institutions marocaines». Il reste que l'idée d'intégrer la chaîne dans toutes ses composantes nécessite une collaboration étroite entre tous les intervenants de la chaîne du froid de l'amont, jusqu'à la distribution finale. Dans ce cadre, des efforts d'organisation sont urgents et nécessaires, des investissements en chaînes du froid sont indispensables notamment en infrastructures et en équipements et formation initiale et continue. Une culture nouvelle de transparence et de travail collaboratif est indispensable pour mettre en œuvre cette stratégie de Supply Chain de la filière fruits et légumes du Maroc. Les flux physiques des produits périssables nécessiteront un système d'information fiable et collaboratif. Car si les produits agroalimentaires marocains destinés à l'exportation sont soumis à des normes sanitaires sans lesquelles il serait impossible d'accéder aux marchés étrangers, le marché national reste largement dominé par les réseaux informels de logistique face à laquelle les entreprises agroalimentaires ont du mal à résister en raison des prix compétitifs qu'ils offrent. Seule l'instauration d'une réglementation coercitive par l'Etat peut venir à bout du dumping pratiqué par les offreurs en logistique de l'informel. A lire aussi : MEDLOG : Une offre et une demande logistique à deux vitesses. MEDLOG – La logistique des chaînes du froid au Maroc : atouts et défaillances.