Le comité des dérogations ne s'est pas réuni depuis des mois et plusieurs projets restent en suspens. Une circulaire du ministère de l'intérieur impose aux autorités locales de limiter les dérogations au minimum en attendant les plans d'aménagement de la métropole. «L'urbanisme est totalement bloqué à Casablanca». Les appréciations sont diverses, mais le constat est unanime : le système des dérogations adopté par les autorités de la ville fonctionne au compte-gouttes et plusieurs projets investissements s'en trouvent bloqués. Le tout, en attendant la publication des plans d'aménagement qui tardent à voir le jour. Promoteurs immobiliers, industriels et propriétaires fonciers souffrent depuis plusieurs mois de la rareté des dérogations accordées par le comité éponyme constitué de la direction du Centre régional d'investissement (CRI), du président de la commune intéressée, du gouverneur de la province et du directeur de l'Agence urbaine. De fait, explique une source bien informée, ledit comité ne s'est pas réuni depuis la veille des vacances d'août et les très rares dérogations attribuées actuellement ne sont que des décisions antérieures qui viennent de trouver application. Pour corser le tout, une source à l'Agence urbaine de la métropole confie que les autorités locales ont reçu il y a quelques semaines une circulaire adressée par le ministère de l'intérieur à la wilaya et à l'Agence urbaine «imposant au comité de réduire le nombre des dérogations au strict minimum». Bien que lésés par la réduction des dérogations qui bloque leurs projets, les promoteurs immobiliers sont étonnamment raisonnables : «Le système des dérogations qui a été instauré en 2003 est censé être une exception et non la règle. On ne peut tout simplement pas continuer à régir l'urbanisme de la métropole à coup de dérogations. Il devient impératif de publier les plans d'aménagement pour relancer un marché immobilier aussi bien résidentiel que commercial ou industriel, qui souffre de plus en plus du manque de foncier», précise Said Sekkat, secrétaire général de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Rappelons que le système des dérogations pour le Grand Casablanca avait été adopté en 2003 lorsque Driss Jettou, alors Premier ministre, avait donné les pouvoirs au wali d'accorder des dérogations aux promoteurs immobiliers pour construire sur des zones non couvertes par des documents d'urbanisme, il s'agissait alors de répondre à des impératifs économiques dans l'attente de la sortie du schéma directeur de la métropole qui avait pris du retard. Mais depuis la présentation de ce schéma-directeur au Roi en 2008, des 33 plans d'aménagement devant traduire ledit schéma en spécifications urbaines par quartier aucun n'a vu le jour. Une dizaine de plans d'aménagement dans le pipe La réduction des dérogations ces dernières semaines a d'ailleurs poussé la FNPI à organiser une rencontre avec le tout nouveau gouverneur de l'Agence urbaine de la métropole Mohamed El Aouzai qui a remplacé Allal Sakrouhi appelé à la tête de la direction des collectivités locales. «Nous avons effectivement rencontré M.Aouzai vers la mi-mars pour discuter des dates de publication des plans d'aménagement, mais le nouveau gouverneur n'a pas été très précis concernant ces documents. Par conséquent, nous ne sommes plus sûrs si ces derniers seront publiés cette année ou pas», explique un membre de la FNPI. Du côté de l'Agence urbaine, l'heure n'est pas à la polémique : «Le nouveau gouverneur-directeur de l'Agence urbaine a été nommé le 1er mars. Cela donc fait tout juste un mois qu'il a pris ses fonctions et il a besoin de temps pour bien étudier les dossiers en suspens dont la publication des 33 plans d'aménagement de la métropole», explique-t-on auprès de l'Agence urbaine. Rappelons que l'ancien gouverneur affirmait, en janvier dernier, dans nos colonnes (Cf. www.lavieeco.com ) que ses équipes faisaient «le maximum pour pouvoir présenter à la promulgation les 33 plans d'aménagement avant la fin 2010». Et c'est le plan de Hay Hassani qui semble être le plus avancé puisqu'il avait déjà passé l'épreuve du comité technique local en début d'année. Trois autres plans (ceux d'Anfa, Maârif et Sidi Belyout) ont été présentés, le 12 janvier, au conseil de la ville. Et ce n'est pas tout, puisque les plans d'aménagement de Ben M'sik, Sbata, Sidi Othmane, Moulay Rachid, Sidi Moumen, Aïn Sebaâ, Zenata, Mohammédia, Chellalat et Ben Yakhlef sont également en préparation. Une fois les options d'aménagement pour ces plans présentées et leur conception terminée, ils passeront, à leur tour, devant le conseil de la ville, avant d'être à nouveau validés par le comité technique local. Constituant l'une des dernières longues et multiples étapes de validation des plans d'aménagement, ce comité réunit toutes les administrations concernées par les documents de l'urbanisme tels que le ministère de la santé, l'Education nationale, la Jeunesse et sport, la Protection civile et la Sûreté nationale. Mais le black-out total qui couvre les 20 plans d'aménagement restants inquiète beaucoup les promoteurs qui n'attendent pas leur publication avant l'année prochaine. «Ce qui compromet sérieusement le marché immobilier de la capitale économique pour toute l'année 2010», regrette un promoteur de Casablanca.