Pour le moment, seulement 9 des 33 plans du schéma directeur d'aménagement urbain de la métropole sont prêts Les promoteurs craignent que les projets immobiliers ne soient en porte-à-faux avec le nouveau plan L'Agence urbaine promet de gérer la transition. Présenté aux professionnels le 4 février dernier, le schéma directeur d'aménagement urbain (SDAU) du Grand Casablanca comptera, à terme, quelque 33 plans. Pour l'instant, neuf ont été bouclés par l'Agence urbaine, qui prévoit d'en achever encore près d'une dizaine avant la fin de cette année. Le tout ne sera cependant complètement terminé qu'à l'horizon 2009. D'ici là, les promoteurs immobiliers craignent de devoir apprendre à jongler car, tant que l'ensemble des documents ne sera pas validé, certains des règlements actuels continueront de prévaloir. «Si un projet est situé dans une zone qui sera modifiée dans le cadre du nouveau plan d'aménagement, qu'adviendra-t-il ?», s'interroge Saïd Sekkat, secrétaire général de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). «Pour dépasser cette contradiction, il faudra obtenir une dérogation auprès des autorités compétentes… Une dérogation sur la base de plans qui ne sont encore ni officiels ni disponibles» , poursuit-il. Cette démarche administrative supplémentaire, note M. Sekkat, risque d'alourdir encore le processus d'autorisation de construire. «Il faut déjà compter entre six et douze mois, quand il n'y a pas de problèmes majeurs», souligne-t-il. Pour M. Sekkat, ce détail «illustre les conséquences collatérales des retards accumulés dans le renouvellement des plans d'aménagement». Les autorisations antérieures seront prises en compte Du côté de l'Agence urbaine, on fait son mea culpa. «C'est vrai, il y a un retard important dans la réactualisation des documents. C'est pour cette raison que le recours à la dérogation prend une allure aussi importante», admet le gouverneur, Allal Sakrouhi. Mais celui-ci promet que l'agence fera preuve de flexibilité et, surtout, de cohérence dans le système de planification. «D'ailleurs, toutes les autorisations antérieures seront incluses dans le plan d'aménagement», précise-t-il. Attention toutefois, les projets qui pourraient faire l'objet d'une dérogation doivent répondre à des conditions précises. En premier lieu, il doit s'agir d'un véritable projet d'investissement. Pour Casablanca, cela veut dire au moins 100 MDH. Ensuite, «le projet doit produire un impact social quantifiable : lutte contre le logement insalubre, création d'emplois, etc.», explique le gouverneur. L'amélioration de la desserte des services publics, par exemple par la construction d'un hôpital, et l'apport d'une valeur ajoutée au plan urbanistique, comme l'aménagement d'un espace vert, font également partie des critères exigés. Pour ce qui est du délai d'obtention de la dérogation, M. Sakrouhi affirme qu'il peut être très court comme… très long. «Une appréciation préliminaire est d'abord effectuée par l'agence et la commune» , indique-t-il. Un comité se réunit ensuite autour du wali. «Ce comité est formé de la direction du Centre régional d'investissement, du président de la commune, du gouverneur de la province et du directeur de l'Agence urbaine». Si nécessaire, le responsable ministériel concerné par le secteur dans lequel s'inscrit le projet peut aussi être de la partie. «A l'issue de cette rencontre, le jugement doit être unanime», précise M. Sakrouhi. Toutefois, si le comité émet quelques réserves ou interrogations sur certains aspects du projet, c'est un accord de principe conditionnel qui sera octroyé au promoteur. «C'est alors à l'opérateur de préciser les éléments problématiques avant d'obtenir définitivement la dérogation», conclut le gouverneur de l'agence. Le plan de développement stratégique du SDAU prévoit entre 20 000 et 21 000 ha d'espaces nouveaux à urbaniser. Selon Azzedine Hafif, cadre à l'Agence urbaine, les zones qui risquent de poser problème sont celles du littoral et les zones d'urbanisation nouvelle comme Nouaceur ou Zenata. «Le nombre de dérogations s'amenuisera au fur et à mesure que les documents officiels seront validés. C'est tout à fait normal, nous sommes dans une période transitoire», justifie-t-il. Reste à savoir si la journée du jeudi, la seule que les autorités compétentes consacrent déjà chaque semaine au traitement de ce type de dossiers, suffira pour continuer de répondre à la demande.